26. Le silence est d'or

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- Pardon ?

La question m'échappe malgré moi, ruinant mes efforts de camouflage.

- Je suis venue pour te faire sortir d'ici !

Je sens que la propriétaire de la voix fait tout son possible pour rester calme. La peur est de plus en plus présente dans son timbre bien trop aigu.

- Vite ! Recule vers le mur, le plus loin possible de la porte.

Entendant que je ne bouge pas, la voix me presse à nouveau.

- Vite ! M'implore-t-elle.

Je n'ai pas le temps de réfléchir. Dois-je faire confiance à cette personne ?

J'entends un bruit sourd au-dessus de ma tête, coupant court à mes réflexions.

De l'autre côté de la grille, la voix pousse un gémissement plaintif. Une peur sourde, d'origine inconnue me tord la poitrine. Je ne sais pas ce qu'il y a là-haut mais je n'ai pas du tout envie qu'il descende !

Sans réfléchir une seconde de plus, je me déplace vers l'endroit le plus éloigné de la porte de la cellule.
J'entends un souffle de soulagement dépasser des lèvres de ma potentielle sauveuse.

- O...ok. Maintenant met tes mains devant ton visage.

Je ne comprends pas cette instruction mais j'obéis quand même.
Je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre...

Quand je pousse un cri de surprise, je comprends que son action dépassait tout ce dont à quoi je m'attendais.

- C'est ouvert, me chuchote la voix, où je sens percer, à travers la peur, un soupçon de fierté.

C'est complètement trempée et grelottante que je sors de ma prison.

- Désolé pour l'eau, s'excuse la voix, c'est un dégât collatéral...

Je grimace en guise de réponse et me tourne vers ma cellule. Les barreaux ont tous disparus, à part ceux d'en haut, qui sont recouverts par une étrange couche de glace. Un des barreaux pend lamentablement, il sera bientôt parterre.

- Suis-moi.

Je me retourne et suis une coupe au carré couleur ébène frisottante.
Je m'élance dans les couloirs de la prison avec ma mystérieuse sauveuse. En passant devant chaque cellules, je plisse les yeux en espérant voir dans le noir des prisons, une silhouette familière. Mais aucune trace de Dalila ou Noah. Les cellules semblent toutes vides et en très mauvais état.

Elles n'ont pas dû servir depuis un moment...

L'odeur de moisissure flottant dans l'air doit être présente depuis des années.

Nous tournons à gauche et je me concentre à nouveau sur mon chemin. La peur que j'ai ressentie dans ma cellule me compresse toujours la poitrine. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive, c'est très déstabilisant.

Après plusieurs minutes de course, nous débouchons finalement sur un escalier exigu et poussiéreux qui mène sans aucun doute au rez-de-chaussée du château.
L'immortelle passe devant moi et commence à monter les marches de l'escalier.

- Attends ! ma voix résonne dans la cage d'escalier avant de s'éloigner dans les couloirs de la prison.

Ma sauveuse se retourne vers moi. Je n'arrive toujours pas à distinguer les traits de son visage. Cet endroit est si sombre...

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Sa voix est plus pressante que dans la prison. Je sais très bien que nous sommes à découvert dans l'escalier mais il faut que je sois sûre :

Gardienne ImmortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant