3. L'initiation

71 8 0
                                    

Je regarde le soleil se lever, il n'est que 4h30 mais il fait déjà chaud. J'admire les jardins depuis un moment déjà. J'ai l'impression que le temps s'est arrêté depuis que je suis arrivée ici, le palais est calme, rien ne bouge.

Je soupire, je n'arrive pas à accepter ce qu'il m'arrive. J'ai rendez-vous dans 30 minutes avec Sirielle et je devrais partir bientôt si je retrouver la salle du trône sans me perdre. Regarder les jardins m'apaise. Mes yeux tombent toujours sur les statues des femmes, à part Alinore, je ne sais pas qui elles ne sont ni qui elles représentent mais elles m'intriguent. Les minces rayons du soleil font miroiter l'eau des fontaines et éveillent les insectes et les fleurs. Cet endroit semble comme hors du temps. Ce palais est en pleine jungle humide et à la chaleur étouffante tandis que les jardins gardent une atmosphère de fin d'été chez moi.

Mon regard se perd vers la cime des arbres et je plisse les yeux. Cette forêt me semble infini, peut-être que si j'arrivais à grimper plus haut que les arbres, je réussirais à avoir un aperçu de sa superficie. Même si la moiteur et l'humidité me donnent des indices : je suis quelque part dans l'hémisphère sud. L'Amazonie me vient immédiatement en tête mais il existe aussi des forêts vierges et tropicales au centre de l'Afrique.

Cela me parait évident que Sirielle et les autres Gardiennes se soient installés dans un endroit reclus et presque impossible à accéder. Une forêt immense et impénétrable me parait tout aussi inaccessible qu'un plateau à flanc de montagne.

Les tic-tacs de mon horloge me ramèrent à la réalité et je m'arrache de la fenêtre pour partir à la salle du trône. Je lisse mes nouveaux vêtements, distraite. Tard dans la soirée des servantes sont venues m'apporter une combinaison noire plutôt moulante avec des rangers. J'ai failli m'évanouir quand je l'ai vue. C'était la même combinaison que dans ma vision. Devoir la mettre à été horrible. Cette combinaison me fait peur. Elle représente un futur que je refuse de connaître et d'affronter.

Je sors de la chambre en essayant de me souvenir du chemin que j'avais emprunté la veille avec Coal mais peine perdue. Les couloirs se ressemblent tous, entre les dorures et les tapisseries je me perds vite. Quand je passe pour la troisième fois devant le même couloir je n'en peux plus. Je prends un couloir que je n'avais pas encore empruntée et j'avance tournant tantôt à droite tantôt à gauche. Quand je crois reconnaitre un escalier, je l'emprunte mais retombe sur un long couloir inconnu plongé dans la pénombre.

Pas à pas, je m'avance précautionneusement, bien consciente du changement entre les endroits que j'avais visitée auparavant dans ce château et cet endroit. La tentation de faire demi-tour me saisit mais un bourdonnement familier dans mon esprit attire mon attention. Il est différent de tous ceux que j'ai déjà vécu. Le bourdonnement se transforme en mal de crâne à mesure que je m'approche d'une pièce fermée par une porte en bois décorée richement. Je pose ma main sur la poignée et un hurlement me transperce l'esprit.

※※※

Je ferme la porte de ma chambre avec douceur et marche le long du couloir. Je jette un œil par la fenêtre et je vois des centaines de soldats et des guerriers du village. Apparemment eux aussi se joignent à la fête. J'aurais dû me douter que ce jour arriverait, après tout, elle reste une ennemie très puissante, de même qu'Isildor. Je prends une longue inspiration et replace la mèche de cheveux blonds qui me tombe devant les yeux. Je ne survivrai probablement pas à cette attaque mais je ne mourrai pas sans me battre. Elle a sous-estimé ma prudence. À l'heure actuelle, Sirielle est en sécurité loin de ce château, tout ira bien pour elle, la ligné des Gardiennes ne s'arrêtera pas. Je me détache de la fenêtre et continue d'avancer dans le couloir

Un raclement de gorge me fait tourner la tête vers mon plus fidèle domestique. Il s'approche de moi et, après une légère courbette me fait signe de le suivre. Lui aussi m'a trahi... Mais qui me reste-il ?

Gardienne ImmortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant