Etudes/Technologie

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Perlie_salee j'espère qu'Axel a bien répondu <3

Axel attendait sur un banc, son sac d'école bleu posé sur ses genoux, et une glace caramel beurre salé dans une main. Le soleil de l'après midi lui caressait les joues, et il était plutôt nerveux face à ce changement. C'était autre chose la nuit, quand la pénombre masquait les visages  et diminuait les peurs.
Il porta la glace à sa bouche, et, savourant l'explosion de goûts sur ses papilles, regarda Elia arriver, les cheveux en bataille.

Elle était plus jolie en plein jour. Le soleil rendait ses cheveux lumineux, et ses yeux ne tombaient pas de fatigue. Avec sa grâce habituelle, Elia s'affala sur le banc.

-Salut ! Tu as peint, aujourd'hui ?

-Toujours pas. Et puis, il y'avait école !

-Arrête de chercher des excuses ! Tu peindras bientôt, j'en suis sûre.

Axel haussa les épaules tandis qu'Elia inspirait profondément.

-J'adore l'odeur de l'été. Ça me rend heureuse, déclara t'elle en souriant.

Un petit silence suivit, durant lequel il ne sut pas quoi répondre.

-Pourquoi tu voulais qu'on se voit en journée ? fit-il à la place de renchérir.

-Oh oui. Aujourd'hui, nos professeurs nous ont parlé de nos études.

-Ah ?

-Et les études c'est le futur, tu vois. Et le futur, ça me fait peur, alors j'ai paniqué. Comme tu dois t'en douter, je ne sais absolument pas quoi faire quand j'aurai fini l'école. Il me reste un an pour décider, mais j'ai l'impression que je n'y arriverai jamais. Tout le monde sait plus ou moins ou il en est. Et moi, comme toujours, je suis perdue. J'aime à peu près tout, je ne suis pas vraiment forte en un domaine particulier, et je ne me vos faire aucun métier ! Ca en devient vraiment lassant. J'ai déjà été à des conférences, des salons d'informations, mais je ne sais pas ce que j'ai envie de faire. Du tout ! C'est l'horreur, et des que j'y pense un peu trop longtemps, ma gorge se serre, je panique, j'ai peur de faire un mauvais choix. De gâcher des années. Bref. J'ai l'impression que c'est pas aussi difficile pour les autres. Chaque jour, des filles viennent me voir en disant "Je sais ce que je vais faire ! ". Et moi je leur répond "Trop bien, super !" , alors qu'à l'intérieur de moi, je la jalouse. Vu comme ça, je dois paraître pour une grosse connasse, c'est clair. Mais je fais pas exprès !Et ça me stresse, sans que je puisse rien y faire. C'est l'horreur !

Elle soupira longuement, l'angoisse semblant lui serrer la gorge.

-Tu sais Elia, je pense que tu te casses trop la tête. Des études, il y'en a des centaines. Des métiers, des millions. Tu peux pas tous les connaître pour choisir celui qui te correspond le mieux. C'est impossible.

-Je veux pas me louper!

-Tu peux essayer de faire des tests, de t'analyser. Demande à tes proches en quoi ils te versaient bien, et demande toi en quoi TU te verrais bien. Demande toi en quoi tu es douée. Demande toi ce que tu détestes, ça fait deja des études en moins. Et puis même! Des tas d'étudiants changent d'études après leur première année. C'est pas un drame, et c'est très courant.

-Tu comprends pas ! Tu comprend pas, s'énerva t'elle. J'ai PEUR de faire un mauvais choix ! Ca me pétrifie.

-Elia, j'essaye de t'aider comme je peux. J'ai jamais eu cette peur de l'avenir, des études, des choix, alors évidemment que mes conseils te semblent fades ! Mais je fais de mon mieux, donc prend ce que je donne.

-Je...d'accord.

-Aussi, essaye de faire des stages dans des hôpitaux, entreprises, ateliers. Ca peut peut être d'éclairer, et te mettre dans le contexte du métier, je sais pas, poursuivit Axel, légèrement irrité.

-D'accord. Merci. Désolée de m'être énervée.

Il ne lui répondit pas, les sourcils froncés.

-Tu veux pas parler d'autre chose? C'est gênant.

-De quoi veux-tu que je parle ? demanda t'il, curieux.

-Je sais pas, je te déballe mes peurs, alors tu peux peut-être me dévoiler une des tiennes?

-J'en ai pas vraiment.

Axel ne trouvait pas souvent des idées quand on lui imposait une réflexion.

-Aucune peur? Arrête ! Même un truc débile, comme l'apocalypse, ou une invasion de zombie.

Axel réfléchît, les yeux accrochés au ciel.

-La technologie, ça me fait peur, lâcha t'il soudainement.

Elia le regarda, intriguée.

-Mais c'est pas viscéral. Ca me dérange pas plus que ça. De temps en temps, je me rends compte qu'on est plongé dedans, qu'on vit des vies virtuelles, qu'on profite pas assez de la vie. Je vois tout le temps des groupes de potes ou cinq personnes sur sept sont sur leur portable. Moi ça me fait peur. Bientôt, les gens se verront plus. Se parleront plus.  Les relations vont juste s'éteindre. C'est affreux, parce que l'humain est fait pour vivre en communauté, personne ne peut survivre seul. On en deviendrait fou. Et ce serait tellement dommage, car on a pleins de points positifs. La musique, le dessin, la peinture, la poésie. Tout cela ne serait plus partagé par oral mais via de stupides écrans. Ca enlèverait de la magie. Alors c'est vrai que c'est super, les jeux video. Je dis pas le contraire, j'y joue moi aussi. Mais la vie,la vraie, c'est mieux.

-Axel, tu t'exprimes vraiment bien par oral. C'est captivant ce que tu dis.

Axel croqua dans son cornet, ne sachant quoi répondre.

-Je suis d'accord avec toi, en plus. Mais je me dis que tant que nous, on vit, alors on doit pas s'en occuper.

-J'ai pas envie que le monde devienne un endroit gouverné par les écrans. Même si j'en souffre pas.

-On en est pas encore là, t'inquiète.Dis, je peux la fin de ton cornet? J'adore le bout.

Axel le lui tendit. Ses pensées tourbillonnaient dans sa boîte crânienne à une allure grandissante.

-Tu crois qu'on finira comme dans Matrix?

-Quoi, dominés par les machines ? Mais non ! rigola Elia. 

-Moi je pense que c'est possible.

-Moi j'ai encore foi en l'Humanité, tu sais. On va réussir à ne pas courir à notre perte. On va y'arriver.

-Tu veux aller sur la colline? Et écouter de la musique jusqu'à en oublier qui on est?

Elia le regarda, surprise.

-Allons-y, finit-elle par répondre.

Et une nouvelle soirée se déroula, toute en douceur et tranquillité. Tout ce qu'il fallait à deux adolescent un peu paumé dans la vie, en somme.

"Axel, demain, j'amène ma guitare. Comme ça, on effacera  nos inquiétudes par des notes de musique. Ca te va ?  " fut la dernière phrase qu'Axel entendit avant de s'endormir comme une masse.

Pas même le temps de penser au fait qu'il bavait dans son sommeil que son cerveau avait déjà signé la fin de sa journée.

Bonjour la honte !

Psychologue nocturneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant