Je marchais à moitié accroupie lorsque le petit chihuahua de la voisine me percuta de plein fouet, me faisant tomber dans un banc de neige.
Je maudis ce petit chien aux yeux globuleux en me relevant lentement lorsque la souffleuse à neige passa sur la rue et décida de déverser tout son contenu sur moi, m'enfouissant ainsi sous une tonne de flocons.
J'essayai de nager jusqu'à la surface mais sans grand succès, nager dans la neige ce n'est pas vraiment possible.
Après quelques secondes de tassage de poudreuse qui me parut comme une heure je parvins finalement à m'extirper de la montagne blanche.
Soulagée, je me remis en marche en tentant d'épousseter du mieux que je pouvais mes jeans. Je me maudis de ne pas avoir mis deux paires de pantalons pour être mieux protégée du froid.
Après une dizaine de minutes de patinage sans patins sur les trottoirs de Montréal, j'arrivai au métro détrempée et n'ayant envie que de retourner dormir dans mon lit.
Je tentai d'ouvrir les portes tournantes mais ma force légendaire ne suffisait pas, il me fallut une bonne trentaine de secondes d'effort physique beaucoup trop intense pour moi pour réussir à ouvrir cette foutue porte.
J'entendis le bruit du métro qui arrivait et je me mis à courir le plus vite que je pouvais dans les escaliers roulants.
Comme par miracle, je parvins à ne pas tomber et je continuai ma course folle vers les tourniquets. Je sortis ma carte opus de mon sac à dos dont tout le contenu se déversa sur le sol mouillé.
Je ramassai mes cahiers humides et je passai les tourniquets, ma carte opus à la main, mes livres de l'autres et le sac en équilibre entre les deux.
Je vis alors que les portes du train commençaient à se refermer et je piquai un sprint pour ne pas le manquer.
Alors que je franchissais les portes je trébuchai encore une fois et je n'avais même plus envie de me relever, trop honteuse de ma merveilleuse chute.
-MARIE-GERMAINE! ÇA VA?
Je tournai la tête et je vis Robert-Bernard, un gars de ma classe ayant une passion étrange pour les étagères. Il en parlait toujours, les étagères de bois, celle de métal, celles de plastique, ect.
Je n'avais aucune envie lui parler mais j'avais plus au moins le choix.
-Oui ça va...
Je me relevai péniblement, tentant de ramasser mes livres sans les déchirer.
-Je te l'ai pas raconté à toi hein, Marie-Germaine?
-De quoi tu parle?
-L'autre jour, j'ai gagné un concours de construction d'étagère!
-Hummm... Bravo?
-Merci! Il y avait une autre personne qui participait, t'imagine, une personne complète!
-Ouais, une personne complète...
-J'ai fabriqué une étagère en bois de cèdre avec des moulures que j'ai faites moi-même et avec... Ça a pas l'air de t'intéresser, tu veux que je te parle de la fois où le prof de science m'a donné des étagères et les a installées pour moi?
-Non ça va aller.
-Mais c'est une histoire super intéressante, il voulait pas installer mes étagères tant que je savais pas ce que je voulais mettre dessus pis il m'a dit "Là mon Bernard, il faut que tu sache ce que tu veux mettre sur tes étagères sinon ça sert à rien de les installer."Je lui ai dit que je voulais juste avoir d'autres étagères parce que je trouve ça beau et il a accepté de les installer pour moi, t'imagine, il les a installées juste pour moi!
-C'est ça une histoire intéressante?
-Oui j'en ai plein d'autres si tu veux!
-Non merci.
-Donc avant hier, je suis allé au IKEA pis il y avait une section d'étagères
-T'AS FINIS DE ME PARLER D'ÉTAGÈRES?
-Non j'ai pas fini de te raconter, elles étaient pas assez originales pour moi donc j'ai pris ma scie que j'ai toujours dans mon sac et je les ai sculptées en plein milieu du magasin! Je me suis fait escorté à l'extérieur mais j'ai réussi à sculpter une étagère au IKEA, tu te rends compte?
-Attends, t'as toujours une scie sur toi?
-Oui tu veux que je te montre?
-Non, ça va aller, je crois.
-Une fois, l'an passé, j'ai fait la même chose en cours de français, j'ai été expulsé pour une semaine.
-Ok...
Le métro arriva finalement à la station la plus proche de mon école et je sortis le plus vite possible afin de me sauver du fou aux étagères.
-MARIE-GERMAINE! ATTEND MOI!
J'accélérai le pas, feignant de ne pas l'entendre, ne souhaitant pas parler une minute de plus avec lui.
-MARIE-GERMAINE!
-QUOI?
-Tu m'as pas attendu
-Oh non comme c'est triste, pardonne moi.
-On parlait de quoi déjà?
-De rien.
-D'étagères?
-Repart pas sur ce sujet là s'il te plait.
-J'aime les étagères.
-Je m'en doutais pas du tout.
-Je sais, personne le sait, c'est ma passion secrète!
-Très secrète en effet.
-Tu es la première personne à qui je le confie.
-Comme je suis touchée.
On arriva alors à l'école et j'en profitai pour m'éloigner de lui, me fondant dans la foule.
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Pourquoi je suis cachée sous un étalage de lingerie avec Robert-Bernard
HumorMarie-Germaine, 15 ans va se retrouver sous un étalage de lingerie avec Robert-Bernard, un garçon ayant une passion particulière pour les étagères