Chapitre 14 - HARRY

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Les circonstances de l'instant ne sont pas les meilleures pour partager ce baiser avec Louis. Mais existe-t-il un bon moment ?

Ses doigts dessinent des cercles sur ma nuque. C'est doux, ça m'apaise. L'angoisse qui étreint mon corps tout entier depuis vingt-quatre heures s'évapore un peu. Je laisse glisser mes lèvres sur la peau chaude de son cou, mon visage toujours enfoui contre son épaule. Je resserre légèrement l'étreinte autour de sa taille avant de faire remonter mes lèvres sur la ligne de sa mâchoire et retrouver sa bouche. Son baiser est plus timide, mais la caresse de sa langue contre la mienne tout aussi agréable.

Je détache nos mains liées avant de m'écarter de son corps. Je suis épuisé. Physiquement et moralement. Mon flanc me fait souffrir et les anti-douleurs ne semblent plus faire effet. Je ne peux plus rester debout. J'ai besoin de m'allonger, sur mon lit, espérant trouver une position pas trop inconfortable pour passer la nuit.

"Tu restes encore un peu ?", je demande à Louis.

Ses pommettes sont rosies par notre baiser, ses lèvres semblent m'appeler encore. Je lui souris légèrement.

"Je suis revenu avec un sac. Je vais dormir sur ton canapé. Si tu as besoin de quoi que ce soit pendant la nuit, tu n'auras qu'à m'appeler."

Louis ne me laisse pas répondre et sort de la salle de bain. Il tire le store de la fenêtre de ma chambre et allume la lampe à la tête de mon lit. Mon ordinateur est encore posé dessus depuis cet après-midi.

Je m'approche de mon lit et retape les oreillers. Je m'allonge en grimaçant, attrape ma bouteille d'eau et avale deux comprimés d'antalgique.

"Je serai en bas d'accord ?

- Louis ! Attends."

Sur le pas de la porte, il se tourne vers moi. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Je lis dans son regard son trouble.

"S'il te plaît, reste encore un peu."

Il passe sa main dans ses cheveux et vient me rejoindre sur le lit, à une bonne distance de moi. Regrette-t-il notre baiser ? Je retiens ma question et ignore la douleur lancinante dans mon flanc. Je glisse ma main entre nous et viens m'emparer de la sienne. J'ai juste besoin de tendresse, de compagnie ce soir.

Le plus doucement possible, Louis se tourne vers moi, en appui sur son coude et lève son regard vers le mien.

"Comment tu te sens ?

- C'est douloureux. Mais ça va passer. Ça pourrait être pire.

- Je voulais dire... moralement, Harry ?"

J'hésite à répondre. La soirée d'hier résonne en moi. Chaque fois que je ferme les yeux, je revois ces garçons, acerbes, dédaigneux, insultants.

"Harry, il ne faut pas que tu gardes tout ça au fond de toi.

- Je sais, je réponds en passant ma main sur mon visage et soufflant fort, pour me donner du courage. J'ai tellement de mal à croire que ça me soit arrivé. C'était surréaliste. Je veux dire, je n'ai pas compris. Je marchais le long du port, ils ont commencé à m'interpeller quand j'ai reçu ton message. J'ai rangé mon téléphone et accéléré le pas, sauf qu'ils ont continué à me suivre. Je ne sais pas pourquoi Louis. J'étais seul. Je ne me suis affiché avec personne ici qui aurait pu mettre mal à l'aise quelqu'un. Je ne comprends pas. L'un d'eux disait qu'il connaissait les types comme moi, et qu'on essayait de pervertir tout le monde. PERVERTIR. Les coups sont douloureux mais les mots..."

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