Nous sommes seuls. Depuis le départ, nous vivons ensemble, en harmonie avec la nature. Je ne me souviens pas de mes plus jeunes années, mes premiers vrais souvenir commencent à partir de mes dix ans je crois. Pas de parents, ni de figure tutélaire, non, juste des arbres, une cabane en bois, une rivière et le silence. Il n'y a rien et il n'y a rien eu avant nous.
— Jonas !
Éden criait depuis la cabane.
— Oui ?
— On va avoir besoin du bois très vite pour le dîner.
— D'accord ça arrive.Je m'essuyais le front avec ma main droite en buvant un peu d'eau. De fait c'était moi qui devais m'occuper du bois, j'étais le plus fort de la fraternité. Mes mains saisirent la hache qui était restée au sol et je terminais de faire tomber le châtaignier en face de moi. La brume enveloppait la forêt, la nuit allait être humide. Une fois découpé, je mis les bûches dans un sac en osier et je retournais à la cabane. Elle était grande, faites en pin et en noyer, que j'avais découpé. Nous vivions confortablement à l'intérieur.
— J'ai failli attendre, dit Éden qui m'attendait devant la porte, les bras croisés.
Je rentrais dans la cuisine déposer les bûches dans le four.
— Les autres sont rentrés ? Dis-je
Abel et Adam sont en train de dépecer un cerf derrière.
— Hum, d'accord... Tu a besoin d'un coup de main pour le dîner ?
Elle me lança un panier remplit de pomme de terre.
— Lave et épluche.Je me mis à la tâche sans beaucoup d'entrain. Éden, elle, faisait une sauce aux champignons.
— Tu sais, me dit Éden, j'ai trouvé une très jolie pierre rouge tout à l'heure dans la forêt.
— Ah bon ? Fais voir.
Elle eut un sourire.
— Non.
— Pourquoi ?
— Avec tes grosses mains tu va me la briser. Dit-elle en riant.Mes mains n'étaient pas si grosses. Enfin dans la moyenne sûrement. Pas plus grosse que celles d'Abel. Enfin à peine plus...
Au moment ou j'eus fini d'éplucher les pommes de terre Abel et Adam entrèrent dans la cuisine, deux sceaux de viande fraîche à la main.
— Jonas, le bois ? Dit Abel
— Dans le four.
— Parfait, il eut l'air étonné, tu fais la cuisine toi maintenant ?
— Tu sais très bien qu'à Éden on ne refuse rien. Dis-je en souriant.Je sortis m'installer sur la terrasse de la cabane avec Abel et Adam en attendant le dîner. L'air était doux, le soleil se couchait paisiblement. J'ai d'ailleurs toujours trouvé que les rayons du soleil qui se couchent, frappent le visage avec une douceur maternelle. Nous n'avions pas de mère, pas de mère connue, en tout cas de part nos ressemblances physiques nous étions plus ou moins sûr d'être de la même famille.
Abel me regardait.
— À quoi tu penses ? Dit-il
— À rien.Adam buvait un verre de lait. Il ne parlait pas. Il nous entendait, c'était l'essentiel.
Mes deux autres sœurs étaient tout juste revenues de la cueillette. Nous les vîmes arriver avec des paniers en osier remplis de pommes. Dès qu'elles furent entrées, Éden vint nous chercher pour passer à table.Le repas était très animé, mes sœurs chantaient, mes frère mangeaient avec voracité. Tous étaient joyeux. Pas moi. Je voulais voir la pierre dont ma sœur m'avait parlé. Sans aucune raison logique, juste par curiosité.
Le repas fini, j'allais dans ma chambre dormir. Mais ce fut un échec, la pierre que je n'avais pas vu m'obsédait. Je sortis de ma chambre pour demander à ma sœur de me la montrer.
— Eden ? Chuchotais-je en frappant.
Pas de réponse.
— Eden ?
J'ouvris la porte. Elle était au sol. Morte.