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Les élèves s'ennuyaient à mort. Le professeur avait le nez plongé sur son ordinateur, ne prêtant aucune attention à la classe. Les séries d'exercices qu'il avait distribuées ne séduisaient pas tout le monde.

Brusquement, la porte s'ouvrit.

Tout les regards se dirigérent vers la nouvelle arrivante. Le professeur leva nonchalament les yeux vers elle et l'invita à entrer.

Au début, ils furent frappés par sa beauté simple et naturelle. Sa chevelure opulente encadrait son visage marqué de grands yeux noisette soulignant sa peau laiteuse. Elle s'installa et commença à sortir ses affaires en ignorant l'attention qui lui était accordée. Puis, les murmures s'enchaînnérent. C'était donc elle, la petite nouvelle venue tout droit des USA. Le directeur s'était déja chargé de les prévenir de son arrivée et de leur demander d'être gentils avec elle.

Il ne fallait surtout pas s'inquiêter pour ça, songea Freya alors qu'une douce amertume s'installait en elle, les gens ont tendance à adopter une sympathie naturelle envers les personnes au physique avantageux. Freya ferma les yeux alors que de minuscules vagues de sommeil commençaient à se propager dans son corps épuisé. Elle avait constamment envie de dormir mais elle devenait insomniaque la nuit. À croire qu'elle avait un probléme.

Elle lâcha son stylo, sa tête se faisait lourde et pesante, seuls des murmures indéchiffrables perturbaient sa pseudo-sieste.

Driiiiiiiing

L'atroce sonnerie du Lycée la fit bondir comme un kangourou se baladant dans une belle plage australienne. Elle essuya rapidemment le mince filet de bave qui coulait sur son menton et se leva de sa chaise le corps endoloris. Elle devait avoir l'air trés attrayante en ce moment-là car un garçon réprima un sourire quand elle fut dans son champs de vision. Trés flatteur.

Elle profita du fait que la classe entiére était dévouée à la petite américaine afin de s'extriper sans avoir à se soucier de sa tête. Elle eu le bon réflexe de choisir la derniére table en cours de Chimie et termina sa sieste berçée de voix grave et stridentes.

Le chemin du retour fut à la fois fatiguant et rafraîchissant. Fatiguant pour ses pauvres jambes en coton, rafraîchissant pour son systéme respiratoire qui avait passé des heures à s'enivrer d'odeurs toxiques de produits chimique mêlées à de la sueur. Sans mentionner la chaleur suffocante des salles de cours.

Certains de ses camarades avaient déja eu leur permis, d'autre possédaient même leur propre voiture. Mais Freya devait être reconnaîssante, elle était déjà nourrie, logée et scolarisée. Elle n'allait pas se mettre à supplier ses parents adoptifs de lui servir de chauffeur ou de lui confier leurs voitures dernier cri.

Ne pas avoir de vrai parents biologiques avait ses avantages. Personne ne lui criait de faire ses devoirs, ni de se coucher tôt. Ce qui ne la dérangeait pas, au contraire. Elle avait déjà assez de démons à combattre sans qu'on y rajoute des parents. Et cela ne s'agissait pas d'une hyperbole. Elle avait vraiment des démons à combattre chaque nuit. Ils l'attendaient avec patience, enfouis sous son lit, afin de la torturer. Son insomnie était de plus en plus présente, elle avait peur de la nuit, peur de l'obscurité.

Ironie du sort : au moment même où elle se remémorait sa phobie du noir, elle se sentit violemment projetée en avant. Sa tête se cogna contre le sol ferme, des klaxons bourdonnaient dans sa tête, puis vint ce dont elle avait le plus peur.

Le noir.

Le Pays ImaginaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant