Chapitre I : Fyle

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Fyle se réveille. Un cauchemar, c'était un simple cauchemar. Pourtant, cette fille qu'il avait vue dans son rêve... ces bruits dehors... Cela parraissait tellement réel... Il posa sa paume droite sur son front, ayant un mal de tête. Cette pression... Il ne l'avait jamais connue. Il se leva de son lit, fatigué. Il s'appuya sur le mur de sa chambre, martelé par une pensée. Une pensée de vengeance. Comme s'il était mort... Il se tata doucement, heureux de constater qu'en réalité il était en un seul morceau. Il regarda l'heure : deux heures trente, affichait l'horloge. Il mit de quoi sortir, une petite paire de pantoufles ainsi que sa robe de chambre - accoutrement qui paraissait trop vieux du haut de ses dix-sept ans - remarquaient ses parents. Il sortit de son appartement et grimpa les escaliers deux à deux. La pensée le contrôlait. Elle lui disait d'aller au toit. Au bout du premier palier, il tomba à genoux. Il luttait. Luttait sans le vouloir. Il ne comprenait lui-même pas ce qui se passait. Soudain, il entendit des bruits de pas. Mais il ne réussit pas à distinguer le visage de la personne qui passa à toute vitesse à côté de lui. Quelques secondes après le passage surprise de la personne, son corps fut libéré de l'emprise de quelque chose qu'il ne connaissait pas. Il se releva, leva sa main et se donna une grande claque, triste de constater que ce n'était pas un rêve. Était-il devenu fou ? Non. Il pensait clairement. Fyle reprit éberlué sa marche vers son appartement et alla se coucher.

La fille courait toujours. Elle n'espérait qu'une seule chose : qu'il ne l'avait pas vu. Elle fut même stressée de voir que les esprits étaient déjà libérés et qu'ils avaient déjà commencé à la poursuivre. La réalité c'était qu'elle avait peur. Peur de se faire voler ses pensées, ses droits, sa liberté. La liberté de tuer en faisait peut-être parti.

Elle courut dans le hall, se rua sur la porte d'entrée, l'enfonçant avec l'épaule. Il fallait encore courir, sortir de cette ville. Elle sentait son pouls battre comme jamais.

Elle les sentait se rapprocher. Elle savait qu'elle n'allait pas assez vite. "Allez! Cours!" Se pressa-t-elle. Il fallait qu'elle gagne du temps. Un tout petit peu, juste de quoi ériger des barrières solides contre ces esprits. Il ne fallait pas qu'elle tourne. Eux pouvaient couper à travers les bâtiments. Pas elle. Épuisée, elle sortit son long canon , se mit à genoux en plein milieu d'un carrefour et le posa sur ses genoux. Ce fut le seul moment où l'on put voir le visage du tueur de la soirée. L'arme s'illumina, dessina des rayons allant dans les quatre directions du carrefour. La fille avait un teint légèrement pale, quoiqu'un peu coloré à cause du froid, les cheveux tirant sur le violet sombre et les yeux d'un bleu presque nuit. Elle devait avoir peut-être quinze, seize ans au premier coup d'œil. Elle ferma les yeux, et commença à prononcer une phrase dans un langage inconnu : la langue des spectres. Le canon, brillant toujours d'un magnifique turquoise, dévoila le reste de l'arme : un grand corps usé, ayant une marque rouge derrière la gâchette. La fille rouvrit les yeux, se coucha derrière sa nouvelle arme et souffla avant de mettre son œil derrière la lunette. "Je suis prête : mes barrières sont érigées, mon arme est chargée : je n'ai plus rien à craindre" se rassura-t-elle.

Elle pressa la détente. Ce qui sortit ne fut pas une balle, mais un petit filet bleuté qui vint transpercer un spectre dans le ventre. La petite fumée s'envola. Sa lunette comme son arme étaient spéciaux. Une arme capable de voir et de trancher l'invisible, l'immatériel. Elle sourit, elle s'écroula de fatigue sur le sol : "il en reste quatre, bonne chance, Umi" murmura-t-elle. Ce que personne ne pouvait voir se produisit : les quatre spectres pénétrèrent l'esprit de la jeune fille.

Son réveil sonna : Fyle sortit du lit en sursautant. Une petite panne de courant, comme d'habitude. Il avait demandé à ce que ça s'améliore, son immeuble est vieux et trop désequipé : Le réveil avait donc donné l'alarme de minuit. Pensant qu'il n'allait pas pouvoir se rendormir, il se prépara un café et se mit au balcon avant de son immeuble : il remarqua qu'une traînée de fumée, éclairée par plusieurs lampadaires, traçait parallèlement les trottoirs de toute la rue. Un véhicule qui aurait dérapé ? Non, la traînée serait circulaire : or elle est droite. Quelque chose ayant brûlé, donc. Mais quoi ? Fyle ne se soucia pas de la fumée ; quoique lorsqu'après quelques minutes son opacité restât toujours la même, il commença à être intrigué.

Il faisait froid dehors, il sortit donc chaudement habillé avec un casque et un manteau chaud et poussa la poignée de sa porte d'entrée. Il descendit les escaliers, et au palier, il vérifia que la fumée était toujours présente : effectivement, la fumée n'avait toujours pas perdu ne serait-ce qu'un peu de son intensité. Il continua de descendre jusqu'au hall. Il fut étonné de voir que la porte était enfoncée... Quoique, cela pouvait montrer d'où la personne qu'il avait vue dans l'escalier s'était échappée. Sans doute une sortie brutale et dépêchée. Il sortit en poussant la porte, qui n'avait d'ailleurs plus de résistance, et regarda des deux côtés de la rue. La fumée était effectivement épaisse, mais pas très large. Tellement épaisse que Fyle n'arrivait pas à distinguer l'autre bout de la rue. Il détourna son regard sur la gauche : il n'y avait rien, sinon un feu rouge qui tremblait, comme soufflé par quelque chose de très violent. Il avança un peu, et vit que la fumée s'arrêtait instantanément en un point, sans dégradé. Il regarda au coin de la rue mais n'aperçut rien, alors il marcha dans l'autre sens, repassant devant son immeuble. Il s'arrêta net lorsqu'il vit une personne tombée au sol, avec à ses côtés, un fusil de précision. "Alors les coups de feu...". Il ouvrit grand les yeux, choqué. Il leva le regard et comprit : cette personne avait fait quelque chose. Quoi ? Il ne le savait pas, mais en tout cas, elle était sûrement la cause de cette fumée étrange : en effet, cette dernière partait de cette personne à moitié morte et allait dans les quatre directions du carrefour. Il chercha des potentiels morts, et il y en avait cinq : cinq gardes a terre, tous tués sur le coup. Il prit le fusil de précision, le cala sur le rebord du bâtiment d'en face, et revint sur le carrefour pour retourner la personne étalée. Il comprit.

Project : Shadow of light [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant