Chapitre V : Un jeu mortel

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"Bon alors c'est très simple, tu vas voir, c'est un jeu d'enfant, lui fit le Commandant, amical. Il te faudra juste frapper une fois à l'horizontal, une fois à la verticale, porter une estocade, et faire le petit fait-main de la Rébellion, du moins si elle n'a pas explosé avant, bien sur.

-Bien sur, reprit Fyle. On y va"

Il allait fondre sur le mannequin lorsque le Commandant l'arrêta :

"Les trois coups enchaînés rapidement, évidemment, avec une distance de cinq mètres te séparant du mannequin, un soldat débutant y arrive normalement en sept secondes.

-Sept secondes ?! Reprit Fyle, extrêmement étonné par la nouvelle.

-Tu crois qu'on est là pour rire, peut être ?

-Bien, allons-y..."

Il jeta un dernier œil derrière lui, observant Umi, terriblement gênée par l'événement précédent, qui oscillait entre regards vers lui et regards à ses pieds. Apres quoi, il se retourna en face du mannequin, et se mit en position. Un peu courbé, les deux mains sur l'épée, il regardait le mannequin comme un véritable adversaire. Il était prêt.

"Trois. Deux. Un... Quand tu veux, lui fit le Commandant."

Directement, Fyle fondit sur le mannequin, à une vitesse trop élevée pour un simple humain faisant sa première expérience à l'épée. Il détacha la main gauche de l'arme, donna toute sa force dans son premier coup, horizontal, puis la reprit avec les deux mains, la leva au dessus de lui, et abattit lourdement da lame sur la mannequin, et lorsqu'elle toucha le sol, il la releva à mit-hauteur et porta son coup d'estoc, comme si il la lançait en face de lui avec toute sa puissance. L'épée était intacte, et le coup fut magistral. Le Commandant sourit, une sourire large, prouvant qu'il était amusé. Fyle, quand à lui, recula avec un sentiment qu'il avait déjà eu. Pas du contentement, certainement pas. De la peur. Pendant deux secondes, il avait vu un champ de bataille, et la personne qu'il aurait tué avec ce coup. Il ne voulait pas recommencer. Ne plus jamais toucher à une arme. C'était la première fois, et ce sera la dernière. Il fit tomber sa lame, avant de courir vers la porte. Mais lorsqu'il l'ouvrit, Umi se dressa devant lui. Elle lui souffla à l'oreille, d'un air un peu désolé:

« Tu as promis... »

Elle se retira, les bras croisés. Fyle, de suite, perdit son expression de peur, et s'adossa contre le mur de gauche, comme d'épuisement. Le Commandant se plaça à ses côtés, et lui fit d'un air toujours amusé :

« Tu as vu quoi ?

-Un champ de bataille, répondît Fyle, apeuré. Il y avait beaucoup de morts, et... (il commença à pleurer) j'avais tué quelqu'un...

-Tu sais gamin, j'étais comme toi avant. J'avais envie de les tuer, de me venger de cette politique bancale.

-Vous aussi vos parents sont morts ?

-Pas que, reprit-il d'un air d'un coup plus sombre. Ils m'ont tout pris. Ma famille, mes biens, et tout mon entourage. J'avais une envie extrême de me venger. Mais lorsque vint le temps de vraiment me venger, j'ai reculé. Dire que j'ai failli mourir. »

Fyle retint ses larmes regarda l'épée qui se tenait par terre. Il se leva, s'avança vers l'épée et tata le pommeau. Il souleva l'épée, se retourna, tendit son bras, et pointa le bout de l'épée vers le Commandant. Cinq mètres les séparaient, et pourtant par le regard de Fyle, le Commandant se sentait menacé, voire défié. Ce qui le fit rire. D'un coup, Umi rentra dans la pièce, et lui fit :

« Fyle, tu n'as pas le temps de t'entraîner plus. En t'envoie dans le champ de bataille, tu seras dans mon unité, l'unité première. Nous ne sommes que dix, mais nous enrôlons les meilleurs d'entre tous. (Elle pouffa) Prends ça comme un honneur. Plus sérieusement, fais attention à toi, car à part moi, nous sommes sur la première ligne de front. (Elle salua le Commandant de l'épée) Merci pour cette initiation, chef.

-Avec plaisir, et peut être à tout à l'heure.

-Si je suis encore vivante, ironisa Umi d'un grand sourire. »

Elle traîna Fyle par le vêtement vers le portail par lequel ils étaient venus.

« Bon, avant d'y entrer, fit Umi. Je tiens à te prévenir... Généralement après la première bataille, nos hommes se suicident.

-Comment ça ? Lui rendit Fyle, presque choqué.

-La mort sur la conscience. Dans la Rebellion, c'est plus qu'une légende.

-C'est-à-dire ?

-Tu verras par toi même, sourit-elle. »

Elle poussa Fyle en lui donnant une grande claque dans le dos. Il trébucha et entra malgré lui dans le portail, Umi derrière, pliée de rire. Elle sortie Fleuret de derrière son dos et entra à son tour dans le cercle violet, pour une fois sérieuse.

Project : Shadow of light [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant