À contre sens

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Je n'avais plus que deux misérables bout de tissu sur le corps et le vent recommençais à me faire mal mais d'une manière différente. Encore plus forte qu'avant. Cette fois, j'avais une double peine: le vent et la peur d'avoir perdu Lòmion et de ne plus jamais pouvoir le revoir. Il fallait que je désobéisse à Silavie, je commença à passer ma main pour traverser la porte, une fois à l'intérieur je pourrais me cacher, comme lors de notre rencontre, dans la salle de bain et même dans le cagibi et elle ne me verra pas, je me ferai toute petite et quand le moment sera venu, quand j'aurai enfin fait mes preuves elle me laissera rester avec eux et...

Aïe !

Mon corps me brûlait de l'autre côté de la porte. Un maléfice, Silavie était allée jusqu'à mettre un maléfice pour ne pas que je rentre ! Elle avait si peu confiance dans les étrangers, si peur de se faire découvrir ou voler son piano.

Lòmion ne me laisserait pas. Il viendrait me chercher, il convaincra son amie et tout se passera très vite, je pourrais venir, elle verra que je ne suis pas une espionne. La brise me piquait la peau, c'était encore supportable si cela n'empirait pas alors j'ai attendu. J'ai attendu que Lòmion sorte pour venir me chercher ou qu'il vienne avec moi me faire découvrir le monde. N'importe quoi mais je le voulais, lui, à mes côtés.

Mais personne ne vint. Personne n'ouvrit la porte et je ne pouvais pas me cacher ou rentrer à nouveau dans le manoir.

Je regardais autour de moi. Je n'avais pas le choix, dans ce grand espace ou il n'y avait aucune maison à vu d'oeil je devais me trouver un abri pour me protéger du vent s'il venait à se lever. Je n'avais aucun plan sur le long terme seulement une idée en tête: retrouver mon Lòmion.

Je retournais au lac après au moins dix minutes sans avoir bougé, en réfléchissant à un plan sans avoir trouvé. Je me sentais étrangement seule, misérable et à nouveau sans aucun sens. Sur le ponton du lac ou j'étais, j'admirais les nuages, les belles couleurs que le ciel dessinait: il était orange. J'adore cette couleur.

Je décidais que je ne m'éloignerai pas d'ici. J'allais trouver un arbre géant pour me cacher dans ses racines. Le sommeil me revint à nouveau. Je me mis dans un grand creux au pied de l'arbre et m'endormis. Quand je me réveillais, l'hiver était à nouveau là. Je regardais mon corps: égratigné de partout. Et cela continuait. Saleté de vent. Saleté d'hiver qui revenait me faire souffrir. Je n'avais déjà plus la force de courir. Je ne pensais que à Lòmion alors que j'étais couché à même le sol. La douleur était devenu insupportable, mais je restais là, je n'avais plus rien à faire. Lòmion m'avait abandonné.

Dans cette douloureuse pensé je m'endormis à nouveau, le corps remplis de sang, sans presque plus aucune parcelle de ma peau blanche qui recommençais doucement à devenir translucide.

Je m'étais détaché de mon corps mais pour arriver dans un autre monde: celui des rêves. À la fois une autre et pourtant la même, la douleur me faisait délirer.

J'étais seule, assis par terre et tout autour de moi était noir. Soudain, le rideau obscur s'ouvrit sur une bande de gamins armés qui me courait après. Je me levais brusquement et commença à courir dans le sens inverse pour leur échapper. Le rideau noir s'ouvrit sans que j'eus besoin de faire quoi que ce soit et j'arrivais dans une grande cour qui était fermé par des murs extrêmement hauts et qui s'arrêtait uniquement pour laisser place à un grand portail complètement vert à travers duquel on ne pouvait rien voir. Ma peau était encore visible et les gamins me courait encore après. Une vieille dame arriva en courant.

«Oh tu es enfin là ! Viens içi ! » Sa tête devint énorme, ses lunettes aussi mais son corps resta tout petit. Elle avait un maillet dans les mains et le tenait fortement en me le montrant.

«Tu vas voir ce que tu vas voir !»

Je me remis à courir et changeais à nouveau d'environnement; j'arrivais dans un petit village ou toutes les maisons étaient petites et de couleur crème. J'entra dans l'une d'elle. Toute la pièce était ouverte avec à la fois les toilettes, le lit et la cuisine dans une même pièce et de la paille par terre. Une jeune femme vint à moi avec un bout de pain dans la main.

«Tiens, tu dois avoir faim. Raconte moi ton histoire.»

Plus, plus rien.

Les papillons ne volent pas en hiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant