Égérie

CHAPITRE 3

Robin venait de me passer une superbe robe verte émeraude qui allait super bien avec le joli ruban de la même couleur. Mais cette fille au regard de braise me méprisant de haut en bas avec un air mesquin venait de renverser un chocolat chaud tout brûlant sur ma trouvaille. Elle me sourit hypocritement avant de marmonner des excuses aussi vraies que ses beaux cheveux blonds. Ma bouche resta ouverte pendant quelque seconde, me demandant le pourquoi du comment. Cette fille aurait pu inspirer Jafar lui-même. Mon photographe lui, fronce les sourcils avant de se mettre à sa poursuite. Je retiens son bras tout contracté et lui conjure d'arrêter avant qu'il ne fasse une bêtise qui nous mette hors-concours.

    — Stop Robin, on s'en fiche de cette vipère c'est pas en se vengeant qu'on va arranger les choses. Ne perdons pas de temps pour elle on doit trouver une nouvelle robe illico.

Il lève les yeux au ciel et secoue la tête.

    — T'as raison. Mais c'est quand même fou, comment on peut s'en prendre à quelqu'un qu'on ne connaît même pas. Il y a un truc qui cloche. C'est vrai qu'il ne faut pas se faire trop remarquer dans ce genre de milieu ma petite Ari, elle aura voulu éliminer la concurrence c'est tout.

Je lui donne un gentil coup de coude dans les côtes en réaction à ce nouveau surnom. Face à ces portants remplis de robes, nous déglutissons, celle que j'avais trouvée était parfaite, elle allait bien avec mon teint et mes cheveux... et les autres ont toutes l'air d'être sorties de la garde-robe personnelle d'Annabelle. Chacune ayant beaucoup de dentelle ; étant soit blanche, grise ou noire. C'est un répertoire très coincé et formel. Donc nous cherchons, cherchons et cherchons pendant des dizaines de minutes quelque chose qui me fera sortir de l'ordinaire, il y a au moins plus de deux milles robes ici ce n'est pas possible ! Et j'ai mon "rendez-vous" au petit Trianon avec le coach qui va me relooker dans pas longtemps. Je ne sais pas vraiment ce qu'il va pouvoir changer chez moi, je m'attends donc à une grosse surprise. J'éponge mon front avec une de ces robes hideuses, la fin du mois d'Août est toujours étrangement chaude, avec l'arrêt des vacances scolaires on s'attend toujours à un changement du climat immédiat, comme si l'école apportait le froid et l'effroi et les vacances la chaleur et le bonheur.

Je tente de m'asseoir sur le macadam, en face d'un des portants pour prendre une petite pause désespérée, pas question que nous envoyions une photo avec la même robe que toutes les autres filles. C'est là que je comprends clairement les intentions de l'autre pouffiasse blonde qui m'a cruellement arrosé tout-à-l'heure, elle éliminait tout simplement la concurrence comme m'avait dit Robin. J'espère avec une gentillesse naïve que mon gâchis lui aura au moins servi. Mon cœur se bloque dans ma poitrine et mes poumons relâchent tout l'air d'un coup, un tissu doré. Pas de dentelle. Pas de couleurs fades. Pas de filles aux alentours.

Avec discrétion et peur, je prend la robe entre mes doigts, elle est toute douce. Je me lève alors et la regarde de haut en bas. Elle est magnifique tout simplement. C'est une sorte de copie de la robe de la princesse Belle. Elle est décorée de quelque pièces de velours et le bustier est presque entièrement recouverts de pierreries jaunes. Je ne sais pas si ce ne sont que de vulgaires paillettes, ou de l'or, des reproduction en plastique de diamants ou de vraies gemmes luxueuses. Mais en tout cas ce qui est sûr, c'est que c'est une véritable œuvre d'art qui n'a rien à faire là.

...

Le coach porte de grosses lunettes aux montures transparentes et aux verres bleus et des vêtements très étranges pour un gourou de la mode, pourtant, en plongeant mon regard dans le sien j'ai senti que je pouvais lui faire totalement confiance.

    — Alors, tu es bien Ariel Canet... vérifie-t-il sur sa feuille tandis que je hoche la tête, tu es légèrement en retard, j'espère au moins que tu as trouvé une jolie robe ! Je suis Dan.