Prologue

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Fuis. Cours. Ta vie en dépend.

Voici les derniers mots qu'elle avait entendus de celui qu'elle aimait. Un grand trou se creusait peu à peu dans sa poitrine. Son cœur se vidait de toute émotion. Son esprit ne réagissait plus qu'à la douleur de temps à autre.

Lorsqu'elle tomba pour la énième fois sur le sol gelé, elle hurla de toutes ses forces. Toute sa peur, son chagrin et sa douleur se mêlaient dans ce cri de désespoir. Pourquoi la laissaient-ils en vie ? La satisfaction de la voir enfin morte devrait pourtant leur plaire. Après tout, c'était pour ça qu'il l'avait tué, lui.

Les pions s'étaient mis en place dans l'ombre. Les pièces qui leur permettraient de gagner avaient été doucement installées. Les détails qui les écraseraient encore mieux avaient été ajustés. Puis au moment fatidique, leur plan s'était déroulé sans accro.

Et elle n'avait rien vu venir comme la pauvre idiote qu'elle était. Sa confiance aveugle les avaient tous perdus. Ils s'étaient vaillamment battus, mais ils avaient juste finis submergés par le nombre. Et voilà le résultat. Lui mort, le corps mutilé par ses ennemis et elle en fuite contre des poursuivants qui la retrouverait, où qu'elle aille.

Toutes ces pensées l'insupportaient. Elle voulait se les arracher de la tête, ne plus penser, ne plus réfléchir. Tout était tellement plus simple quand on ne réfléchissait plus ! Soudain, elle sut, par une inexplicable sensation qui s'empara de son âme, comment allait se terminer cette histoire.

Sans même s'en rendre compte, une dague tranchante se trouva dans sa main. Et avant qu'elle ne puisse réaliser ce qu'elle faisait, les paumes de ses mains arboraient déjà une coupure profonde.

Lentement le sang se mit à dégouliner sur sa peau blanche en formant des rivières pourpres qui ne semblaient jamais se tarir. Des larmes salées se mêlaient à ces flots bordeaux. Elle ne réfléchissait plus du tout. La situation semblait pourtant lui convenir. Un sourire se dessinait sur ses lèvres blafardes à mesure que la vie la quittait. En fait, elle la voyait déjà.

La mort qui la bercerait et la ramènerait près de son amour et loin de ces conflits sans issues. La mort lui rendrait tout ce qu'elle avait perdu. La chaleur de son corps chaud, la douceur d'un baiser, la senteur de leurs parfums entrelacés. Les sourires qu'ils partageaient secrètement, les rires qui les secouaient le temps d'une seconde, le bruit de leurs cœurs battant à l'unisson. Ce sentiment de sécurité quand il la prenait dans ses bras, cette sensation de pouvoir aimer à en perdre haleine, tout lui manquait. Son absence lui pesait sur le cœur quand il était loin d'elle, mais être sans lui ne rimait à rien. 

Peut-être connaîtrait-elle même le Jour, qui sait ? La Nuit était parfois comme la vie, éternelle, si froide, sans aucune lueur pour l'éclairer. Oui, si elle mourrait, elle pourrait sûrement voir le Soleil et les Étoiles. Avec lui, ce serait magnifique, grandiose. Elle en était plus que certaine, la mort lui apporterait ce réconfort dont elle avait désespérément besoin.

Avec un râle qui pouvait se confondre avec un rire plein de larmes, elle se jeta sans un regret sur sa dague en laissant derrière elle cette vie qui s'était tant de fois jouée d'elle, cruelle, implacable et malfaisante.

Mais dès lors, venait de s'allumer une toute petite Étoile qui illuminait son corps.

Le Dernier AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant