Anaëlle

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Fanny se redressa tant qu'elle le put, et lança :

- Je veux des réponses.

Elle fixa le garçon avec un regard noir, le mettant au défi de ne pas lui répondre.

Celui ci paraissait dans un autre monde. Il l'observait avec des yeux vides Fanny ne s'en formalisa pas, trop en colère pour s'en apercevoir.

- Tu ne te souviens de rien, Anaëlle ?

Elle explosa :

- Me souvenir de quoi ? Du fait que je me sois réveillée sans réponses ? Que je sois attachée ? Que je ne te connaît ni toi, ni moi, ni personne d'autre ! cria-t-elle.

Il paraissait désemparé.

- Anaëlle, calm...

- Je m'appelle Fanny, pas Anaëlle !

- Tu t'appelles Anaëlle. 

C'était dit d'un ton sans réplique. Son attitude avait radicalement changée. Ses yeux gris étaient orageux. L'ambiance était devenue électrique.

Fanny se raidit. Reo, lui, des flammes froides dans les yeux, la fixait.

Il semblait attendre une réponse. Pas n'importe laquelle. Il voulait la voir se soumettre, lui dire que, oui, elle s'appelait Anaëlle et qu'elle s'était trompée.

Fanny ne répondit pas. En ne l'approuvant pas, c'était comme si elle le défiai.

Elle réfléchit quelques secondes. Il l'avait appelée Anaëlle. Il devait déjà la connaître. Le problème, c'est qu'il refusait de répondre à ses questions, pourtant légitimes. Cela la rendait furieuse. Il fallait qu'elle sache.

Sans qu'elle ne comprenne pourquoi, il s'approcha. Fanny se tendit encore plus. Il pouvait lui faire du mal. L'aura qui l'entourait était trop présente pour pouvoir l'ignorer. Pourtant, sans un mot de plus, il libéra Fanny de ses chaînes. Elle grimaça quand la croûte encore sanguinolente s'arracha.

Il ne lui jeta même pas un coup d'œil. Un éclair surgit dans l'esprit de Fanny. Reo avait mal interprété son silence. Il pensait qu'elle l'approuvait.

Elle savoura un instant sa victoire. En plus de pouvoir lui extorquer quelques réponses, elle était maintenant libre.

En voyant qu'elle restait silencieuse, Reo se tourna avec un air surpris. Ses épaules raides se relâchèrent une fraction de seconde.

- Anaëlle, ça ne va pas ?

  Bêtement, Fanny s'agaça aussitôt :

- Fanny, pas Anaëlle. Fanny.

Elle le vit se glacer. Fanny eut à peine le temps de réaliser son erreur que Reo lui saisit les poignets, la regarda droit dans les yeux et dit sèchement :

- Tu t'appelles Anaëlle.

Fanny gémit de douleur. Elle essaya de se libérer, mais Reo resserra son étreinte. Sa plaie au poignet se remit à saigner. Des gouttes de sang perlèrent sur les draps immaculés. Il répéta encore une fois :

- Tu t'appelles Anaëlle.

Bien plus tard qu'elle ne l'aurait dû, elle regarda ses yeux. Et prit peur.

Il y avait dans ses yeux une espèce de vide. Ce regard était vide, mais si vide qu'il en perdait toute humanité. C'en était effrayant.

Comme si en la regardant, il voyait une autre personne.

Le Dernier AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant