Cher Corps #3

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Le tableau est intitulé Portrait de la Duchesse de la Salle, peint par Tamara de Lempicka en 1925.

Merci pour la confiance du participant•e ElishaBlue02. Ce Cher Corps sera divisé en deux parties: la première un témoignage complet de cel•lui qui a participé et la seconde partie, des questions réponses tout simplement. Bonne lecture !

I. Témoignage

Curieux, un livre se nommant Cher Corps et où l'on peut parler de lui, d'autres choses, de rien et de tout.

Cela ne m'arrange pas trop, comment vais-je savoir par où commencer ?

Bon, arrêtons de tourner et allons-y.

Je n'aime pas mon corps.
Et je trouve cela stupide.
Car si c'était celui d'un.e autre, je pense que je l'aimerais.
Mais lorsque je réalise que c'est le mien.
Non.
Je bloque.
J'aime les gens potelés, la maigreur me donne la nausée.

Les côtes saillantes, les omoplates qui dépassent, les os comme des ailes de poulets dans le dos, tout cela me fait frissonner et mal, souvent je porte la main à l'endroit que je trouve trop mince, avec une grimace de douleur.

Au cours de dessin, cela me handicap, dés que l'on voit les os du modèle, je me rétracte, me roule en boule, tente de ne plus avoir mal.

Tout cela pour dire que j'aime les gentes chubby.
Mais que je n'arrive pas à aimer mon corps.
Est-ce que je suis gros.se?
Pas vraiment.
Ni maigre.
Dans l'entre deux.
Mais ce corps est trop.
Féminin.
Gras.
Grand.
Solide.
Lourd.

Je suis androgyne, autant fille que garçon, zébré.e de rose et de bleu.

Et ce corps ne convient pas.
Je prends des hormones pour tenter tant bien que mal d'amener mon corps là où se tient mon ressenti, dans la zone parfaite où se mêle les hommes et les femmes.

Mais rien n'y fait.
Mon corps ne veut pas.
Mes cuisses ne maigrissent pas, mon ventre refuse de prendre un autre aspect qu'un coussin blanchâtre, ma poitrine n'en fait qu'à sa tête, mon visage est toujours rond.

Je crois que mon corps est aussi têtu que moi.
Alors, en plus de mes hormones, je contrôle mon alimentation.

Je mange sainement, je craque, je mange sainement, je fais du sport, je mange sainement, je craque, je mange sainement, je mange sainement, j'ai l'impression d'avoir encore grossis, je craque, je mange sainement, je mange sainement, je fais du sport, je craque.

Et j'essaye d'accepter mon corps. Habillé.e, ça va.
Nu.e, rien ne va plus.
En photo c'est le pire.
Le visage, ça va, j'ai trouvé un ou deux angles flatteurs.
Mais le corps.
Non.
Beurk.
Il a l'air gros, large, épais, laid.
Alors je ne prend en photo que mon visage.
Souvent, je m'en veux.

De ne pas réussir à me trouver joli.e alors que je trouve celleux avec la même silhouette que moi magnifique.

Parfois je me dis que lorsque le chirurgien aura emporté ma poitrine cela ira mieux, mais l'argent me manque et puis le téléphone me terrifie.

Alors j'attends, je n'appelle pas, je me sens mal et je me dis que cela ne changera rien.

Alors voilà, je bataille sans cesse pour apprécier cette chose qui me sert de moyen de transport.

Souvent.
J'arrive à me trouver mignon.ne, mais uniquement lorsque je ne me vois pas.

Quand j'imagine à quoi je ressemble, alors oui, là je peux m'apprécier, mais ce n'est qu'une vision refaçonnée, loin de la réalité.

Cher corpsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant