Donovan

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Cette cellule n'était pas très agréable. Pas très confortable. Pas très... Enfin. Ce n'était pas sa chambre douillette, et cela était bien regrettable. Il se sentait encore un peu faible de son premier et certainement dernier combat contre les humains. Cette créature aux cheveux rose pastel l'avait vidé de toute son énergie, d'un simple regard, et il n'avait jamais rien ressenti d'aussi affreux. Comme si toute envie avait quitté son corps d'un seul coup, et qu'il s'était retrouvé allongé sur le sol sans rien pouvoir faire d'autre. Il était un peu amer à ce sujet. L'impression d'être inutile n'était pas vraiment agréable pour le jeune homme aux cheveux blancs. Lui qui avait l'habitude de se rendre utile pour son peuple, il avait pour la première et, il l'espérait, pour la dernière fois échoué. Sa grand-mère devait se faire un sang d'encre à l'heure qu'il était. Certes, la vieille Bernadette prenait de l'âge et avait les idées bien arrêtées à propos de ce qui était bien et ce qui ne l'était pas, mais elle ne perdait pas le sens de la famille. Donovan soupira profondément, pensant à son quotidien chez les Impériaux, quotidien qu'il était tristement en train de rater. Il se rattraperait. Il irait planter des fleurs avec les enfants dans l'immense et magnifique jardin du clan. Il irait nourrir les petits animaux abandonnés par les humains et recueillis par les Impériaux, dans un grand espace verdoyant exprès pour eux. Il préparerait du thé à la camomille pour Bernadette, son préféré. Depuis le temps qu'il était son bras droit, mais surtout son petit fils, il la connaissait par cœur. Son plat préféré ? La ratatouille, sans les aubergines, et avec une petite touche de safran. La couleur qu'elle déteste le plus ? Le marron, c'est la couleur des plantes fanées. Son style de musique préféré ? Curieusement, la vieille dame appréciait énormément le rock. Il l'avait surprise, une fois, à danser dans sa chambre en secouant la tête, faisant voler ses longs cheveux blancs. Ah. Mais ça, c'était un souvenir. Et Donovan préféra le chasser pour le moment, avant de tomber dans une déprime sombre et infinie. Il décida donc de se lever, après plusieurs heures passées à rester allongé sur le sol, encore trop faible pour bouger. Ses jambes flanchèrent sous son poids et il se rattrapa de justesse au mur blanc d'en face. Il en profita pour regarder à travers la toute petite ouverture qui donnait sur le couloir. Il pouvait jurer que Dune était enfermée dans une cellule adjacente, il l'avait entendue se plaindre quelques minutes plus tôt. Heureusement que leurs cellules étaient un minimum aménagées et chauffées, ou Donovan aurait dû supporter les plaintes incessantes de la jeune femme pendant des heures. Mais ce qui l'avait réellement intrigué lorsqu'il n'arrivait pas encore à bouger, fut une voix masculine très grave qui aboya quelque chose, et la voix suave de Dahlia qui résonnait bien plus dans le couloir, alors qu'elle ne criait même pas. Avait-elle été libérée ? Non. Ce serait beaucoup trop étonnant venant des humains. Des années durant, il les avait vus tout détruire sur leur passage. Sans aucune pitié. Alors... Pourquoi auraient-ils de la pitié cette fois ? Surtout pour une Marionnettiste, qui s'était également amusée à les faire souffrir de toutes les manières possibles.
Les beaux yeux en amande de Donovan scannèrent le couloir. Mais rien ne se passait. C'était calme. Beaucoup trop calme. Alors il décida de se rallonger sur le sol blanc et tiède de sa cellule, fixant le plafond tout aussi blanc. Mais ses yeux commencèrent rapidement à fatiguer. Il avait sommeil. Il sombrait doucement, et aucun bruit ne l'en empêchait. Jusqu'à des chuchotements. À moitié endormi, il croyait presque à des petites souris. Mais non. C'était bien des voix. Il ouvrit rapidement les yeux et se prépara à se défendre en cas d'attaque.

«Tu penses que c'est là ?
-Ben j'ai demandé à Ronan, il a dit qu'ils les enfermeraient ici !
-T'es la meilleure, Haruha. Profites-en, je le dirai pas deux fois.»

Des petits rires étouffés se firent entendre de l'autre côté de la porte. Donovan se leva, fronçant légèrement les sourcils. Et la porte disparut, comme ça, d'un coup, sans raison, faisant sursauter le jeune homme.

Elus des Dieux [INACHEVÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant