Elus des Dieux [INACHEVÉ]

Bernadette

La petite souris grise s'impatientait. Elle tournait en rond, incapable de se libérer. Elle commençait à se sentir à l'étroit dans le bocal dans lequel elle avait été enfermée. Et impossible de se retransformer. Il n'y avait pas assez de place. Alors elle s'allongea en plein milieu de sa prison de verre, examinant avec un regard sombre la pièce autour d'elle. C'était le bureau de Balthazar, elle le voyait faire des allers-retours depuis plusieurs minutes. Et à chaque fois, il lui lançait un petit sourire mesquin pour la narguer. Bernadette soupira, ce qui fit un drôle de petit son sous sa forme de rongeur. Cela faisait déjà plusieurs minutes qu'elle n'avait pas vu son frère entrer. Elle l'avait à peine entendu lorsque sa voix grave et démoniaque était sortie des mégaphones. À vrai dire, elle n'entendait pas grand chose dans son petit bocal. Et c'était très frustrant. Pourquoi personne n'était encore venu l'aider ? Il devait y avoir un problème. Quelqu'un des Impériaux devait certainement s'inquiéter de ne pas revoir leur dirigeante revenir, alors pourquoi personne ne venait. Elle grommela quelque chose, ce qui ne fit que des petits couinements étouffés. Elle ferma les yeux, attrapant sa queue avec ses petites pattes griffues. Si même Donovan ne venait pas la chercher, c'est qu'il devait vraiment y avoir un problème. Son pauvre petit garçon était certainement en danger et...
Bernadette sursauta. Le bocal venait de s'ouvrir brusquement et une grosse main venait d'attraper la petite souris grise par la queue. La tête à l'envers, elle gesticulait dans tous les sens pour essayer de s'échapper de cette paluche grotesque qui la retenait. C'était celle de Balthazar, et cela n'avait rien d'étonnant.

«Inutile de te débattre Bernadette. C'est la fin.»

Le rongeur cessa de bouger, regardant son ravisseur avec des petits yeux noirs pleins de rage. La fin ? Elle ne comprenait pas.

«Vois-tu, j'ai pris le pouvoir. Et aujourd'hui, j'ai décidé d'éliminer mes deux rivaux principaux. Comme tu es assez vive d'esprit, je suppose que tu as compris que je parle de Bruce et toi, n'est-ce pas ? Oh, c'est vrai, tu ne peux pas me répondre.»

Un rire machiavélique échappa les lèvres sèches de son frère. L'éliminer ? Hors de question. Elle ne pouvait pas le laisser faire ça, cela mettrait tout les Dieux en danger. Si Balthazar prenait le pouvoir, alors ce serait la dictature. Alors d'un geste rapide, la petite souris remua et mordit la main qui la retenait prisonnière. Sans comprendre ce qui lui arrivait, elle fut lâchée et tomba sur le sol dur. Elle n'attendit pas une seconde de plus pour partir en courant, s'échappant par la porte que son idiot de frère avait laissé ouverte. Une fois dehors, elle put enfin se retransformer, retrouvant finalement sa forme humaine. Elle s'étira, prise de vilains rhumatismes. Mais elle ne pouvait pas prendre son temps. Elle n'en n'eut pas l'occasion. Un champ de force la projeta plusieurs mètres plus loin et elle tomba face contre terre. Malheureusement pour elle, la vieille dame avait épuisé ses forces et la majorité de ses pouvoirs en restant métamorphosée en souris pendant plusieurs heures d'affilée. Elle poussa sur ses bras pour essayer de se relever, mais un violent coup derrière le crâne la fit lâcher prise et tout devint soudainement noir.

«Au bûcher !!
-Non, la guillotine !!
-Écrasez leur le crâne !!»

Les nombreux cris autour d'elle réveillèrent Bernadette après un long moment de noir. Que s'était-il passé ? Et qu'est-ce qu'elle faisait ligotée sur l'estrade des discours ? Et pourquoi il y avait-il une foule immense et braillante devant elle ? Oh, elle n'allait pas tarder de le découvrir... Les mots de Balthazar lui revinrent à l'esprit. Un rapide coup d'œil aux alentours et elle apercevait leur autre frère, ligoté quelques mètres plus loin. La vieille dame essaya de se défaire de ses liens, d'abord par la force, puis par la magie, mais rien n'y faisait. Son diabolique de frère avait tout prévu. Il se tenait là, juste devant elle, la moustache parfaitement taillée et le regard fier.