Je le vois. Il est là. Juste là, sous mon nez. Il va garer le vélo juste devant l'entrée du bureau et il va franchir cette foutue porte le premier.
Hors de question. Je ne le laisserai pas faire. Je suis allée trop loin pour reculer maintenant.
Il ne gagnera pas !
— OLIVIER ! hurlé-je en essayant de le rattraper.
Telle une sportive du triathlon, je jette le vélo sur le côté, ne prenant même pas la peine de le mettre bien comme il faut, où il faut, et le poursuis tandis que je le vois courir devant moi.
— Vous ne vous en tirerez pas comme ça !
— Les dés sont lancés, Philippine !
Que tu crois mon ami.
Arrivant à sa hauteur, je lui fais un lamentable croche-pied tandis que je l'aperçois basculer en avant, attrapant à son tour ma jambe, m'obligeant à m'écrouler par terre.
— Ça suffit !
— Vous, ça suffit ! Lâchez ma jambe, Olivier !
Dans le sac, dans le sac... Allez, je dois bien avoir quelque chose dans le sac. Ah ! Mon déodorant !
— Attention, ça va piquer !
Lui « pshitant » un coup dans les yeux, il me lâche sous l'effet de surprise et c'est sans demander mon reste que je me relève, me précipitant à nouveau la première vers les ascenseurs, l'abandonnant à son sort.
— Eh bien, Philippine, vous semblez... épuisée. Vous ne travaillez pourtant pas tant que ça, me signifie mon patron en me voyant arriver dans tous mes états comme si je venais de faire le triathlon à moi toute seule.
— Disons que... j'ai eu une petite déconvenue.
— Au moins, vous avez eu l'intelligence, pour une fois, d'arriver avant notre invité.
Comment vous dire, noble patron, que notre « invité » est en train de mourir probablement dans le hall d'entrée de l'immeuble ?
Soudain, je vois Olivier passer la porte d'entrée, les yeux rouges, en larmes, furieux.
— Monsieur Joyeau ! Quel bonheur que vous soyez... Seigneur ! Que s'est-il passé ? s'écrie mon patron de stupeur en voyant l'état d'Olivier sans compter son costume complètement plissé ici et là. On aurait vraiment dit qu'il sortait d'une bagarre de rue.
Cache-toi, Philippine.
Me voilà à quatre pattes sous le bureau de la première secrétaire tandis que j'aperçois les chaussures d'Olivier juste là, sous mon nez.
— Disons que j'ai eu... une petite déconvenue.
— Curieux... Une de mes employées vient de me dire exactement la même chose... D'ailleurs, où est-elle encore allée, celle-là ? Toujours à disparaître ! Ne bougez pas, je vais vous la chercher.
— Oh, mais je compte aller nulle part. Surtout... trouvez-la, ordonne-t-il bien sèchement.
Je suis dans la merde.
Je suis dans la merde.
Je suis dans la merde.
Je fais quoi ? Je sors ? Je prétends que lui et moi n'avons rien en commun et que nous ne connaissons pas ? Je pourrais très bien me faufiler par la sortie de secours quand tous les regards seront ailleurs.
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Philippine - Tome 1
HumorRâleuse et désagréable. Deux termes qui décrivent Philippine à merveille et qui ne vont pas s'arranger avec la venue d'Olivier, un nouveau voisin séduisant mais irritant. Sauf que lui non plus ne se laisse pas faire : il sait montrer les crocs et ne...