— C'est votre grand-père.
Cette phrase me hante comme si je ne pouvais retenir que ça. Elle se répète encore et encore. Je n'entends que ça, la voix du médecin m'annonçant en une phrase que mon monde, celui pour lequel je me suis battue, celui pour lequel je me suis sacrifiée, vient de s'écrouler. Littéralement.
Je suis restée bloquée sur ça en espérant pouvoir entendre autre chose ou retenir autre chose, mais rien.
Rien d'autre que le vide. Celui qui vous donne l'impression que le monde tourne sans vous, que vous êtes dans une sorte de bulle pendant que vous êtes là, au milieu d'un couloir désinfecté tous les quarts d'heure sans que personne ne fasse attention à vous.
Je me suis assise là. Par terre. Et j'ai attendu.
Je ne sais pas vraiment ce que j'attends, mais je sais que je n'ai pas le courage de me lever. De rentrer dans cette pièce dans laquelle, il y a encore quelques semaines, je riais aux éclats.
Je me retrouve là, seule, le regard vide, dénué de larmes. Inexpressif.
Pourquoi est-ce que je ne pleure pas ?
Je devrais. C'est ce que les gens normaux font.
Mais pas moi.
Je ne pleure pas. Pas une goutte. Pas une larme. Rien ne me vient.
Rien à part cette sensation de vide. Quelque chose en moi, à l'exemple d'un livre, a tourné la dernière page. Un livre vient de s'achever là, quelque part dans mon cœur et je me sens vide.
Il est parti et je ne lui ai pas dit au revoir. Je n'ai pas pris le temps.
Capucine avait raison, je suis une putain d'égoïste. Je n'ai pensé qu'à moi. J'ai profité de ma vie, l'oubliant l'espace d'un instant. Le mettant de côté volontairement, parce qu'une partie de moi, l'ignoble partie, le voyait comme une charge.
Mon Dieu. Je suis horrible.
Quand je réalise à quoi je pense, mon corps se lève de lui-même pour trouver les toilettes les plus proches et y vomir. Je me dégoûte. Putain.
Je suis un monstre. Ils ont raison. Ils ont tous raison à mon propos.
Alors, les premières larmes viennent. Silencieuses. Presque imperceptibles. Il n'y a que ce vide, mon chagrin et moi essuyant mon propre vomi au coin de mes lèvres.
En sortant des toilettes, comme un signe ou un miracle, Olivier se tient juste là, adossé au mur, en jogging.
Il ne dit rien, mais ses yeux portent aussi toute la tristesse du monde. Ses bras, eux, m'accueillent tandis que je m'effondre lamentablement sur lui.
Et maintenant ? Que vais-je faire ? Que vais-je devenir ? Il ne me restait que lui. Je n'avais que lui.
Comment est-ce que l'on commence une nouvelle histoire, maintenant ?
VOUS LISEZ
Philippine - Tome 1
UmorismoRâleuse et désagréable. Deux termes qui décrivent Philippine à merveille et qui ne vont pas s'arranger avec la venue d'Olivier, un nouveau voisin séduisant mais irritant. Sauf que lui non plus ne se laisse pas faire : il sait montrer les crocs et ne...