Dreams of Ehen ...

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Elles volaient au-dessus de lui, elles étaient des centaines. Des centaines de ces créatures magnifiques au chant si pur ... Si profond qu'on aurait pu le croire surgit des entrailles de la terre, enfanté au creux des premières eaux du mode. Leurs imposantes formes ondulaient lentement dans l'air, comme leurs cousines le faisait si bien au creux des mers ... Elles volaient, comme jamais on ne les avait vu voler. Elles volaient comme des songes au beau milieu d'un rêve, comme des pétales portés par la brise ... 

Elles étaient libres.

Pour la première fois depuis bien longtemps, elles volaient dans les cieux, prêtes à rejoindre le Grand Ciel. Et leur chant ne pouvait signifier qu'une chose : Le bonheur.

Trop longtemps on les avait maintenues au sol, trop longtemps elles avaient été exploitées et bridées. Aujourd'hui, elles volaient. Elles volaient ... Elles volaient ! Portées par les vents, portées par leur propre volonté, par l'appel du ciel et de son éclatant azur si lointain ! Elles étaient libres ! Malgré les zeppelins en feu, les coques des bateaux craquantes et s'effondrant en cendre, malgré les coups de feu et les hurlements guerriers, le chox des lames et les râles d'agonie ... Malgré la haine, la violence et la mort, elles étaient magnifiques. D'une beauté hors du commun. Digne d'un rêve comme on en fait qu'une fois dans nos vies.

Dreiy, allongé, le sang ruisselant de ses trop nombreuses plaies, souriait. Il souriait du spectacle qui vivait sous ses yeux. De ces corps gigantesques, emplis de vie et débordant de magie, qui s'envolaient sous ses yeux ... Libres et heureux.

Les baleines-mondes qui chantaient leur joie, sans une once de violence, de haine ou de mépris pour ces Hommes qui les avaient tuées et exploitées durant des années, étaient comme ces sirènes des contes marins, mais tellement plus extraordinaires ... 

On lui en avait si souvent parlé, Elle, qui ne faisait que parler de leurs incroyables dons, de leur yeux si sincères et intelligents ... Il avait pensé qu'elle avait exagéré tout ce temps ... Il n'avait jamais eu si tort de toute sa vie. Là, à quelques dizaines de mètres au-dessus de lui, c'était toute barrières à l'imagination qui s'effondraient, si barrières il y avait jamais eu. Le monde autour de lui brûlait, le monde autour de lui était haine et sang ... Et lui, n'avait d'yeux que pour ces créatures pareilles à des mirages. Comme si rien d'autre n'importait, n'avait jamais importé.

Une larme coûla sur sa joue.

Lentement, délicatement.

Les autres suivirent bientôt. Nombreuses, chaudes, salées ... Il souriait. Mais il ne pouvait s'empêcher de pleurer pour la beauté du rêve éveillé qu'il vivait.

Au-delà du rêve, l'un des êtres fantastiques qui peinait à s'envoler, non loin de lui, s'arrêta dans sa lente ascension. Son oeil, véritable ambre piquetée de perles lumineuses, le fixa un instant. Un instant qui dura une seconde. Une minute ? Une heure ? Une vie ? Un instant hors du temps durant lequel il sentit son corps tout entier se gorger d'une vitalité qu'il n'avait jamais ressenti, une vitalité digne du souffle de l'Océan, du murmure du Vent, de l'appel des Dunes ... Une vitalité propre à la Nature elle-même.

Ses plaies cessèrent de saigner, de lui octroyer la moindre douleur. Elles disparurent. En un instant, un instant hors du temps, il retrouva ses espoirs, sa force, sa vie. 

Il retrouva sa Liberté. Il retrouva son Amour. Ses sentiments oubliés, enfouis au plus profond de son coeur et enchaînés durant ces longues années. 

Le cétacé géant cligna son immense paupière et pris lentement le chemin de ses pairs, vers le Désert d'Ehen, vers le ciel, et vers la Vie. Glissant sur le vent comme parmi des vagues, les animaux fantastiques slalomaient entre les bâteaux des cieux, entre les zeppelins et autres appareils volant, ignorant les balles, le feu et les harpons. Ils étaient libres. De nouveau, et à jamais. Ils étaient libres, et nul effort n'aurait pu les ramener au sol pour de nouveau les enchaîner.

Dreiy, lui, se releva.

Au milieu d'une ville en feu, la surplombant du toit sur lequel il était tombé, il ne voyait pas les combats, n'entendait pas les hurlements ni les assauts. Il ne voyait que la vérité qu'il avait toujours refusé d'admettre.

Lui aussi était libre. Fondamentalement et infiniment libre.

Il n'entendait que le chant de celles qui le lui avait rappelé. Et ne sentait que la douce fleur de sel qui émanait des embrunts portés par le vent. Sa lame retrouva son fourreau, son foulard, rouge comme le sang, se noua autour de son cou, sa lanière de cuir vint attacher ses cheveux comme elle l'avait toujours fait. 

Sa vie retrouva son but. Son coeur retrouva sa place. De même que ses espoirs, ses sentiments, ses rêves. 

Libre de toute contrainte, ses yeux bleus étincellèrent, comme un reflet parfait du ciel sans nuage qui s'étendait au-dessus de lui. 

Il savait ce qu'il devait faire. 

Son regard se porta sur un navire capable de voguer jusqu'au Grand Ciel ... Fin, léger, son ballon et ses voiles blanches claquant contre le zéphyr et jouant avec lui, il était reconnaissable entre mille. Marqué par les flammes, marqué par les voyages et les batailles, le Voyageur restait le Voyageur. Et Mya, se tenant fièrement sur sa proue, une épée aussi blanche que les plus purs nuages calée entre ses deux épaules, hurlant des indications à l'équipage ... 

Mya ... Un instant lui suffit. Leurs regards, même séparés par des centaines de mètres, se captèrent l'un l'autre.

La main tendue vers lui alors que les vents les rapprochaient, Dreiy sourit de nouveau. À son tour il tendit la main, vers elle, vers le navire, vers son avenir.

Jamais il n'avait vu de regard plus sincère de toute sa vie, de leur première rencontre à ce jour, il n'avait pas changé. Comme les Baleines-Mondes, elle aussi était une créature digne de ses plus beaux rêves. Et bien plus incroyable que tout ce que la Nature pouvait bien vouloir créer.

Elle était le soleil qui guidait ses jours, la lune qui illuminait ses nuits. Elle était Libre. Elle était Mya, rien d'autre n'aurait pu la qualifier. Elle était elle-même.

Et elle était son chemin, leurs mains tendues l'un vers l'autre le pont qui leur permettrait d'accorder leurs Voies. Comme un espoir, une idée sur le point de s'embraser et se réaliser.

L'instant était un rêve, et Dreiy le savait dorénavant, les rêves en ce monde se mêlaient bien souvent à la réalité, pour ne faire plus qu'un, et admirer la beauté de leur union.

"Liberté" murmura le Vent.

"Amour" susurra l'Océan.

"Espoir" hurlèrent de toute leur fureur et de toute leur conviction les Dunes du Désert.

"Vie" chantèrent en s'éloignant les Baleines-Mondes, portées par le Vent, bercées par l'Océan et accueillies par le Désert.






(Ayait ! J'ai essayé de reprendre sur des thèmes que j'ai trop longtemps laissé de côté, certains le verront bien je n'en doute pas ;P On va dire quelque chose, c'est que ça fait du bien, vraiment, sincèrement et du plus profond de mon être, c'est comme sentir une part de moi trop longtemps oubliée qui reprendrait sa place, attendant d'être complétée, et un jour achevée).


Textes avec musique (Loukiiiii !)Where stories live. Discover now