Un choix difficile

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  Le lendemain à la pause de midi, Chloé déjeunait avec Aubrey. Et la blonde voyait très bien que sa meilleure amie avait l'air préoccupée, et elle savait aussi très bien par quoi. Alors elle n'y alla pas par quatre chemins, de toute façon, ce n'était pas son genre du tout de tourner autour du pot. Elle posa donc amicalement sa main sur celle de la rouquine.

- Tu as l'air soucieuse. C'est par rapport à Mitchell et sa grossesse ? Demanda-t-elle directement.
- Comment tu...
- Oh aller. Tu sais comment ça marche maintenant le lycée. À partir du moment où les élèves l'ont sut, c'est devenu le sujet principal de leurs conversations. Et du coup... c'était difficile de ne pas entendre, même sans le vouloir spécialement.
- Oh...
- Tu as l'air attachée à elle.
- Je le suis.
- Chloé... Ok, je sais pourquoi tu t'attaches. Mais même, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. C'est ton élève enfin.
- Je sais oui. Mais elle est dans une situation face à laquelle je ne peux tout simplement pas rester insensible. Je veux l'aider, et la soutenir. Je ne veux pas qu'elle se sente seule dans un moment pareil. Ça va être pire à supporter sinon.
- Essaie de ne pas trop la faire entrer dans ta vie dans ce cas.
- Tu... tu abandonne ?
- Depuis le temps qu'on se connaît. Je sais que je ne te ferai pas changer d'avis. Mais je peux limiter les dégâts au moins.
- Merci Bree.

Chloé sourit et passa le reste de sa pause déjeuner avec sa meilleure amie. Puis elle retourna au travail. Elle n'avait pas la classe de Beca aujourd'hui, mais elle pouvait quand même la surveiller. Et quand elle passa devant le casier de la jeune fille, elle remarqua que des élèves avaient passé leur pause à taguer le casier de la jeune brune. Des messages obscènes, avec une femme monstre enceinte, tenant la tête d'un bébé dans les mains.

Putain... mais ils ont rien de mieux à faire franchement ? Et puis rien a dit qu'elle va avorter ! Et même si elle le fait, ça fait pas d'elle un monstre merde ! Ce n'est qu'une enfant !

Et pour couronner le tout, elle pouvait voir son élève qui arrivait. Elle venait certainement récupérer ses affaires de l'après-midi dans son casier. Et les tags n'allaient certainement pas améliorer son humeur. Heureusement, le lycée était en train d'être refait à neuf, et il y avait un pot de peinture pas loin. Alors Chloé se dépêcha de le prendre. Elle ouvrit le couvercle, et ne se gêna pas pour éjecter la peinture sur le casier de Beca, éclaboussant aussi ceux d'à côtés. Bon... Beca se retrouvait désormais avec une énorme tâche rouge sur son casier, mais au moins elle ne verrait pas les monstruosités qui étaient inscrites.

- Alors ? Ça disait quoi ?

Chloé se retourna et vit Beca, sans sourire sans la moindre émotion dans la voix et le regard. Comme si tout désormais la laissait indifférente. La rousse haussa les épaules et fronça les sourcils, prenant l'air innocente.

- Quoi ? Demanda-t-elle en souriant.
- Je vous ai vu jeter la peinture sur mon casier. Je ne pense pas que vous êtes du genre de ceux qui s'en prennent à moi sans raisons. En plus vous êtes profs. Vous n'avez pas le droit. Donc... c'était forcément pour cacher quelque chose de pire. D'où ma question... ils disaient quoi ces messages alors ? Demanda à nouveau la brune.
- Tu es très intelligente, tu le sais ça ?
- On me l'a déjà dit. Moi je pense que je raisonne vite quand c'est aussi logique que ça. Mais vous ne répondez pas à la question là.
- C'était rien. Des bêtises c'est tout. Faut pas y faire attention.
- Ben de toute façon, ça va être dur maintenant.

Chloé sourit et s'en alla en salle des profs. En passant, elle ne put s'empêcher de poser sa main sur l'épaule de la brune. Un geste de soutien, un peu trop affectueux, qu'elle aurait encore dut se retenir de faire. Mais elle n'arrivait tout simplement plus à faire comme si la situation de son élève ne l'affectait pas.


Même jour, après les cours :

Chloé était au volant de sa voiture, en chemin pour rentrer chez elle. Quand son regard tomba soudain sur son élève qui marchait en traînant des pieds. Beca avait les mains dans les poches, et la tête baissée. La rousse fronça les sourcils et décida de se garer sur la place justement libre à côté d'elle. Puis elle sortit du véhicule et courut pour la rattraper.

- Rebecca ! Appela-t-elle.

La brune se retourna et elle vit sa prof qui approchait. Elle fronça les sourcils, et elle l'interrogea du regard. Chloé finit par arriver en face d'elle, et croisa les bras.

- C'est bizarre... en général je te vois monter dans le bus qui va dans la direction opposée pour rentrer chez toi. Remarqua la rouquine.
- Je ne rentre pas chez moi. Répondit simplement la brune.
- Et tu vas où ?
- Je vais à la clinique.

Le choc fut facile à lire sur le visage de la prof. Ce que Beca ne pouvait pas comprendre, c'est pourquoi ça l'affectait autant. Après tout, elle n'était rien d'autre que sa prof principale au lycée, et cette histoire ne la concernait en rien.

- Tu veux vraiment avorter alors ?
- Je sais pas. Répondit honnêtement la brune.
- Alors qu'est-ce que tu fais là ?
- J'ai pas le choix !
- Bien-sûr que si tu l'as.
- Non ! Vous ne comprenez pas ! Mes parents m'ont mise à la porte ! Et ils ne me reprendront qu'à condition que j'avorte ! Et je ne peux pas aller vivre chez mon copain ! Déjà y'a pas assez de place, et en plus... il ne m'adresse plus la parole ! Il ne veut plus avoir à faire à moi, je sais même pas si on est encore ensemble ou pas lui et moi !
- Tu as bien des amis chez qui aller...
- Non ! Parce que tous mes amis je les ai laissé à New-York quand on a déménagé y'a deux ans ! Et je me suis toujours intéressée qu'à Kevin ! Je croyais qu'il me suffirait ! Et c'était le cas jusqu'à maintenant d'ailleurs ! Avant d'être enceinte, j'allais très bien ! Et j'étais pleinement heureuse avec lui merde !
- Tu peux pas avorter Rebecca !
- Je croyais que j'avais votre soutien ! Rappela la brune.
- Tu l'as ! Mais je ne te laisserai pas avorter pour les mauvaises raison !
- C'est ma décision !
- Oui justement ! Ce doit être ta décision ! Pas celle des autres ! Je t'interdis de laisser qui que ce soit d'autre décider de ton destin !
- Mais je vais me retrouver dehors si je garde mon bébé ! Alors même si j'en ai envie, je ne peux pas le garder ! Je ne vais pas l'élever dehors si ?
- T'as envie de le garder alors ?

Beca se rendit alors compte de ce qu'elle venait de dire... et elle le pensait ! Certes elle n'avait pas choisit d'être enceinte. Mais maintenant qu'elle l'était, elle ne se voyait vraiment pas tuer un enfant innocent... son enfant !

- J'ai pas envie d'avorter madame Beale... mais je ne vois pas d'autre solution. Si je rentre pas avec un rendez-vous de la clinique ce soir... je suis bonne pour faire mes bagages et partir. Mais j'ai pas d'endroits où aller. Et encore moins d'argent pour l'hôtel.
- Alors tu vas rentrer, et tu vas faire tes bagages.
- Mais...
- Tu vas venir chez moi.
- Quoi ?
- Temporairement. Jusqu'à ce qu'on trouve une autre solution. Je suis sûre qu'il doit exister une loi qui interdit à tes parents de te mettre dehors juste parce que tu es enceinte et que tu refuses d'avorter. En plus, à la base, parent ou non, il est interdit de mettre une femme enceinte à la rue quand on sait très bien qu'elle n'aura pas d'abri. C'est dangereux pour elle, et pour son bébé. Surtout quand les saisons froides arrive. Et ça tombe bien, on est en automne depuis aujourd'hui.
- Je ne veux pas poursuivre mes parents en justice. Ils ont déjà assez de mal comme ça avec leur divorce. Je ne veux pas leur en rajouter. C'est quand même de mes parents qu'il s'agit.
- Et tu vas les laisser décider pour toi toute ta vie ?
- Non mais... je ne veux pas en arriver là.
- Dans ce cas on cherchera un autre moyen. Mais ça ne change pas que ma proposition tient toujours. Si tu veux vraiment garder ton bébé, monte dans ma voiture. On ira chez toi, on récupérera tout ce que tu veux prendre avec toi. Et tu viendras vivre un moment chez moi. J'ai les moyens de t'accueillir tu sais. En fait... si jamais tu accouches avant d'avoir trouver un autre endroit où vivre, j'ai aussi assez pour accueillir ton bébé.
- Avec un petit salaire de prof ?
- Disons que ma famille a des moyens.
- Oh. À quel point ?
- Au point de ne pas avoir réellement besoin de travailler. Mais, j'aime pas être inactive.
- Ah oui carrément.
- Alors ? Tu choisis quoi ?

Beca hésitait. Elle se doutait bien que se rapprocher de sa prof n'était certainement pas une bonne idée. Mais elle était la seule qui lui permettait de garder son enfant, alors finalement, il n'y avait même pas à hésiter. Elle lui sourit et lui prit la main qu'elle lui tendait, ce qui fit sourire la rouquine en retour.

- Chloé. Se présenta alors la prof.
- Je sais pas si j'arriverai à vous appeler comme ça.
- Tu as intérêt, et tu ferais mieux de me tutoyer aussi. Sinon je vais me sentir vieille moi.
- Bon... mais... tu m'appelle Beca alors. Marché conclu ?
- Marché conclu... Beca.

Alors la rousse guida son élève jusqu'à sa voiture.
Quand elle se gara devant chez elle, après que Beca l'ai guidée jusque là, Chloé remarqua que la brune avait peur de sortir de la voiture. Alors elle posa amicalement sa main sur sa jambe, et Beca leva les yeux vers elle. Elle vit sa prof lui sourire légèrement histoire de l'encourager et... ben ça fonctionna en fait. Elle en eut même les larmes aux yeux tellement elle était touchée.

Oh merde... Putain d'hormones ! Je vais passer pour une vrai chialeuse maintenant !

La brune souffla un coup et mit sa main sur la poignée de la voiture.

- Tu veux que je t'accompagne ou pas ? Demanda Chloé.
- Euh... Non. Je crois que s'ils apprennent que je vais vivre chez ma prof, ça va être pire.
- Et tu leur diras quoi ?
- Rien du tout.
- Et s'ils posent des questions.
- Je leur dirai que puisqu'ils me mettent dehors, ma vie ne les regarde plus. Répondit Beca le plus logiquement du monde.
- Vu comme ça. Et tu veux pas d'aide pour rassembler tes affaires au moins ?
- Non. En fait... je pensais juste prendre le nécessaire pour la nuit. Et venir chercher le reste demain, quand ils seront absents. C'est un peu lâche, mais je me sens pas capable de les affronter en fait...
- Ce n'est pas lâche Beca. C'est normal. Je t'attends ici alors.
- Mais je pense que je vais devoir m'expliquer avec eux un minimum ce soir. Alors je... je ne sais pas pour combien de temps j'en aurai.
- J'ai tout mon temps, ne t'en fais pas. Je bouge pas. Et si tu as besoin, je serai là.

Beca lui sourit en guise de remerciement et sortit du véhicule. Elle avança vers sa maison, et souffla un bon coup avant d'ouvrir la porte. Pour une fois, ses parents ne criaient pas. Depuis la porte d'entrée, elle pouvait voir sa mère s'occuper en cuisine. Alors elle passa devant sans faire de bruit, et put voir son père au salon en train de lire son journal. Elle soupira de soulagement en passant sans que personne ne la remarque. Elle monta discrètement dans sa chambre, et sortit une mini valise de son armoire. Ce genre de petit sac qu'on prend pour un week-end seulement. Elle y mit son pyjama, des sous-vêtements, et une tenue de rechange pour demain. Elle alla ensuite récupérer sa brosse à dents dans la salle de bain. Et prit quelques cours pour avancer dans les devoirs. Elle venait juste de fermer son sac quand elle entendit la porte de sa chambre s'ouvrir.

Et merde... J'y étais presque.

- Je peux savoir ce que c'est que ce sac Beca ? Fit la voix de sa mère dans son dos.

La jeune fille prit sur elle pour ne pas pleurer... putain d'hormones... et se retourna pour affronter le regard de sa mère.

- Mes affaires pour la nuit. Répondit-elle simplement, essayant de rester calme.
- Oh non... je t'interdis de quitter cette maison.
- Faudrait savoir ce que tu veux. Hier tu disais que si j'avortais pas, je devais absolument la quitter cette maison !
- Justement, je disais ça pour que tu comprennes que tu dois avorter !
- Et bien il fallait t'exprimer autrement dans ce cas ! Tu m'as laissé le choix ! Et j'ai choisis... seulement c'est pas ce que tu aurais voulu ! Je n'avorterai pas !
- Beca enfin ! Sois raisonnable !
- C'est mon bébé ! Mon enfant ! Et je ne l'abandonnerai pas ! Je refuse de lui retirer le droit de vivre alors qu'il est innocent ! J'ai pas demandé à être enceinte Ok ! Et lui il n'a pas non plus demandé à être là et causer tout ce bazar ! C'est pas sa faute ! Je ne le punirai pas alors qu'il n'y ai absolument pour rien dans toute cette histoire !
- Tu n'as que 17 ans Beca ! Cria sa mère.
- Oui ! J'ai 17 ans parfaitement ! Donc dans ce pays, ça fait un an que je suis considérée comme assez consciente de mes actes pour les assumer ! Tu ne peux tout simplement pas me forcer à avorter si je ne veux pas... et devine quoi ? Je veux pas !
- Tu as même pas de quoi l'élever ! Où tu vas aller hein ?
- T'en fais pas pour ça ! J'ai trouvé un endroit ! J'ai pas attendu auprès de toi ou papa !
- Et tu vas où ?
- Quelque part ! Ça te regarde pas !
- Je suis ta mère !
- Et pourtant tu m'as mise dehors ! Alors tu comprendras que j'ai pas spécialement envie de te revoir pour le moment ! D'ailleurs... je viendrai chercher le reste de mes affaires demain, quand vous serez à votre rendez-vous chez le notaire !
- Et tes cours ?!?
- J'ai un scoop pour toi maman... y'a pas cours le samedi !

Sur ces mots, Beca prit son sac et sortit de la pièce, ignorant sa mère qui l'appelait. Elle savait que son père les avait certainement entendu crier, alors elle ne s'arrêta pas pour lui expliquer. Au pire, s'il avait vraiment été prit par sa lecture au point de ne pas entendre, sa mère lui expliquerai. Elle descendit en vitesse les dernières marches et sortit ensuite de chez elle. Elle courut presque jusqu'à la voiture de Chloé, qui avait bel et bien attendu, comme elle l'avait dit. Au moins elle avait vraiment quelqu'un sur qui compter. Même si ce n'était pas du tout une des personnes à qui elle s'attendait au départ. Elle entra dans la voiture, et les larmes qu'elle retenait depuis qu'elle avait vu sa mère, coulèrent toutes seules. Ce fut pire quand elle regarda vers chez elle, et qu'elle la vit à la fenêtre. Elle baissa la tête, préférant regarder ses genoux qu'affronter son regard.

- On... on peut y aller ? Demanda Beca doucement.
- Bien-sûr. Assura la rousse. Au fait, tu n'as rien contre l'eau dis-moi ?
- Non. Pourquoi au juste ?

Chloé ne dit rien, et se contenta de sourire en démarrant la voiture. Durant tout le trajet Beca se demandait où sa prof allait l'emmener, mais elle n'osait pas lui poser la question. C'était déjà très gentil de sa part de l'accueillir chez elle, elle n'allait quand même pas faire la difficile. Au moins elle aurait un toit au-dessus de la tête. Et puis elle n'avait pas menti, elle n'avait vraiment rien contre l'eau. Donc si la rouquine habitait dans une maison au bord d'un lac, elle n'aurait vraiment aucun problème avec ça.
Mais quand Chloé se gara, plus d'une heure plus tard, Beca remarqua qu'elles étaient en dehors de la ville. Et elles n'étaient pas du tout au bord d'un lac, mais au bord du fleuve. La rousse sortit de la voiture et la brune en fit autant. Elle avait les sourcils froncés, en train de chercher une quelconque maison. Et la prof ne put s'empêcher de rire en la voyant comme ça.

- Tu vois la péniche noire avec les bandes blanches ?
- Ouais. Répondit Beca.
- Ben c'est ça ma maison. Fit Chloé.
- Quoi ? Tu vis sur une péniche ?
- Oui. J'ai toujours aimé faire dans l'originalité.

Ah ben là, en terme d'originalité... elle pouvait difficilement faire mieux.

- Et tu fais plus d'une heure de route tous les jours pour aller bosser ? Demanda la brune.
- Non. Là y'avait du trafic. Et on est partit de chez toi, pas du lycée. Tu vis à combien de temps du lycée au fait ?
- Euh... 20 minutes en bus.
- C'est bien ce qui me semblait. Rassures-toi, je n'ai qu'une quarantaine de minutes de voiture pour aller au lycée. Et maintenant, si tu permets... je vais te faire visiter mon humble demeure.

Beca suivit alors sa prof sur le pont de la péniche. C'était une drôle de sensation, le court instant où elle passer du pont au bateau. Elle trouva son équilibre rapidement heureusement, et la rousse sourit en voyant ça. La première fois qu'Aubrey était montée sur la péniche, Chloé avait eut droit à un spectacle hilarant en la voyant tomber. Apparemment la petite brune avait le pied marin elle. Et Chloé la guida jusqu'à la cabine d'où elle pouvait conduire la péniche, et descendit les escaliers qui menaient au véritable endroit habitable. Elles arrivaient directement dans le salon, et Beca sourit en voyant cet endroit chaleureux.

- Ouah ! C'est plus grand que ce à quoi je m'attendais. Admit-elle.
- Il suffit de savoir optimiser l'espace. Mais c'est pas si grand que ça en vrai. Avoua la rouquine.
- Ben tu as su y faire. C'est vrai que c'est pas immense, mais je pensais qu'on se sentirai un peu à l'étroit. Pas du tout en fait.
- Ouais. Aubrey m'a pas mal aidée.
- C'est moi où on a moins d'équilibre ici ?
- C'est normal. Tu es plus basse. Et donc encore plus proche de l'eau. Parfois quand y'a du vent, et si tu te concentre, tu peux sentir le mouvement des vagues sous tes pieds. En général, ça donne mal au cœur d'Aubrey. C'est pour ça qu'elle vient rarement. Moi ça m'apaise.
- Aubrey ?
- Pardon... madame Posen.
- Oh. Vous êtes amies ?
- Depuis aussi loin que je puisse me souvenir.
- Ce doit être bien d'avoir quelqu'un sur qui compter depuis aussi longtemps.

Beca eut soudainement un regard triste et baissa la tête. Elle sentit des larmes lui monter aux yeux, et même si elle lutta pour les retenir, elles finirent par tomber. Chloé le vit et passa un bras autour d'elle pour la serrer amicalement dans ses bras. L'élève fut d'abord surprise, mais elle avait trop besoin de quelqu'un, peu importe qui. Alors elle se blottit plus confortablement dans ses bras, et laissa son chagrin sortir. Elle n'en pouvait déjà plus de cette situation. Elle avait toujours du mal à croire qu'elle allait devoir vivre avec sa prof parce que sa propre famille ne voulait plus d'elle. Son petit-ami non plus. Et elle n'avait pas d'amis comme sa prof sur qui elle pouvait compter en toutes circonstances. Elle avait donné toute son attention à Kevin, et maintenant elle le regrettait.

- Désolée... je voulais pas pleurer. C'est juste... je me sens vraiment seule. J'ai pas d'amis comme Aubrey. J'avais juste Kevin et mes parents... même s'ils faisaient plus vraiment attention à moi ces derniers temps. Et puis... y'a cette histoires d'hormones aussi.

Chloé ne put s'empêcher de rire à la façon dont Beca rapportait toute la faute sur ses hormones. Elle n'avait pas l'air d'être une fille sensible, ou bien elle ne voulait pas que ça se sache. Et dans un sens, la rousse se sentait un peu comme privilégiée de pouvoir voir son vrai visage. Même si elle n'aimait pas la voir triste.

- Aller viens, je vais te montrer ta chambre.

Chloé emmena alors la jeune fille jusqu'à sa chambre, et la brune dut admettre que ça avait l'air assez cosy. Petit... mais confortable. Puis la rouquine termina de lui faire visiter la péniche, sous le regard vraiment impressionné de son élève. Elle ne pensait vraiment pas que c'était possible de vivre dans un tel endroit. Pour les vacances pourquoi pas. Mais toute l'année... c'était autre chose. Heureusement Chloé avait tout aménagé pour que ce soit un endroit confortable pour vivre. Elle avait tout, même un bureau, avec son ordinateur. Et elle avait aussi la télé. L'électricité, et le réseau fonctionnait parfaitement. C'est d'ailleurs pour ça qu'elle ne s'était pas si éloignée de la ville que ça. Et puis... si un jour il y avait un problème, elle pouvait toujours prendre la barre et se rapprocher encore un peu plus de la ville. Et ça, c'était un des avantages à vivre sur un bateau. Si on déménage, pas besoin de faire les cartons, notre maison bouge avec nous.

- Chloé ? Demanda Beca à la fin de la visite.
- Oui Beca ?
- Il est où ton bébé ?
- Comment ça ?
- Ben... dans les toilettes, quand tu m'as donné le test... tu as reconnu les symptômes et tu as dis que tu avais déjà était enceinte. Mais... je vois pas d'enfants ici. Ni de chambre pour l'accueillir, au cas où tu aurais divorcé et qu'il vive avec son père. Tu devrais au moins avoir une chambre pour quand il vient te voir non ?
- Je... j'ai bien été enceinte Beca. Mais je... j'ai pas eu d'enfant. J'ai dût avorter... j'avais 17 ans moi aussi.

Et tout devint claire soudainement. Pourquoi la rousse tenait tant à l'aider. Pourquoi elle la soutenait. Pourquoi elle refusait qu'elle avorte si elle n'en avait pas réellement envie. Pourquoi elle était si compréhensive... C'était parce qu'elle avait vécu la même chose dans son adolescence à elle. Tout ce que Beca vivait actuellement, elle l'avait vécu aussi. Et apparemment elle, elle n'avait eut personne pour l'aider et la soutenir... Et comme Chloé laissa tomber des larmes à ce souvenir, cette fois ce fut l'élève qui prit sa prof dans ses bras pour la réconforter. Beca laissa tomber des larmes silencieuses, alors que la rousse enfouissait sa tête dans son cou, et se laissait aller pour une fois à son propre chagrin...

Rejetée par tousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant