Chapitre 16

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L'attaque des vampires bedonnants

Zoey glissa et chuta sur le sol en marbre. Lorsqu'elle leva les yeux, son sourire se dissipa et elle sentit le sang quitter son visage.
« Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans : tu n'as pas le droit de t'approcher de la ruche, Zoey ? » grogna l'agent Barnes.
Même dans le couloir faiblement éclairé, Zoey pouvait voir son visage s'empourprer.
« Le quatrième étage est interdit, notamment à toi. Que fais-tu ici à fouiner au beau milieu de la nuit, Zoey ? Je n'aime pas ça. Je n'aime pas du tout ça. »
Elle déglutit péniblement. « Je — je — », hésita-t-elle, les joues en feu. Comment allait-elle expliquer ça ? Elle savait qu'elle avait enfreint un million de règles. Sa bouche s'ouvrit et aucun mot n'en sortit.
« Qu'est-ce que tu as, là ? »
Il attrapa le dossier de Zoey avant qu'elle ait pu le cacher. Il l'ouvrit et se déplaça sous l'une des appliques murales pour plus de lumière. Au bout d'un moment, il regarda Zoey.
« Où as-tu trouvé ça ? »
« Dans un placard d'archivage — dans la salle des Affaires Surnaturelles — »
« Quoi ? Comment as-tu osé entrer là-dedans ? »
L'agent Barnes se penchait sur elle d'un air menaçant. « Tu ne peux pas aller partout où ça te chante ! Nous avons des règles ici. La salle 4A est strictement interdite à quiconque n'a pas d'autorisation spéciale — les jeunes filles ne sont pas autorisées à y entrer. »
Il hurlait en agitant le dossier devant son visage.
« Dis-moi une chose ! Est-ce que tu le fais exprès ? Tu veux te faire éjecter du programme pour de bon et aller vivre dans une triste petite banlieue ? Tu veux passer à côté de la chance de toute une vie ? Alors — c'est ce que tu veux ? »
« Non. »
« Alors pourquoi nous déçois-tu ainsi ? Pourquoi aggraves-tu ton cas ? Tu sais combien de jeunes tueraient pour être à ta place ? »
Zoey regardait ses chaussettes. « Je — je voulais juste trouver des réponses au sujet de ma mère. Je n'y peux rien. Il fallait que je sache qui elle est. »
L'agent Barnes ouvrit à nouveau le dossier. « Alors, tu penses que c'est elle ? »
Sa voix se radoucit lorsqu'il vit la photographie du dossier.
« Elizabeth Steele. Bon sang, elle te ressemble vraiment. Je dois le reconnaître. Peut-être que c'est elle, et peut-être que non. Mais il est écrit ici qu'elle n'a jamais été mariée et qu'elle n'avait pas d'enfants. »
« J'y ai pensé, dit Zoey, peut-être a-t-elle volontairement tu mon existence. »
L'agent Barnes haussa les sourcils. « Pourquoi aurait-elle fait ça ? »
Zoey réfléchit un instant. « Parce que peut-être qu'elle savait qu'alors je serais en danger. »
« En danger de quoi ? »
« Des mêmes personnes qui l'ont emprisonnée à Troll City — la Nation Alpha. »
L'agent Barnes referma brusquement le dossier. «  La Nation Alpha ne traite pas avec les mystiques. Ce n'est pas possible. Si tu connaissais mieux leur histoire, et la nôtre, alors tu saurais que c'est inconcevable. Ça ne se peut absolument pas. »
Il regarda Zoey d'un air inquiet.
« Je comprends ton besoin d'en savoir plus sur ton passé, Zoey. Je comprends — vraiment. Et si c'est bien ta mère, alors je t'aiderai à la retrouver. Je te le promets. Mais tu dois me jurer d'arrêter d'inventer des histoires. Ça ne t'aide pas vraiment. Je suis de ton côté, tu sais — tu dois me dire la vérité si tu veux que je te soutienne. »
« Ce ne sont pas des histoires. Je vous dis la vérité, dit Zoey. Pourquoi aurais-je inventé tout ça ? Vous vous êtes posé la question ? Vous pouvez demander à Tristan ou Simon. Ils vous diront exactement la même chose. Ils étaient là. Nous avons vécu cette aventure ensemble. Dans un tribunal, ils seraient considérés comme des témoins précieux. »
« Oui, et bien, je me suis déjà largement entretenu avec eux. » L'agent Barnes secoua la tête. « Je ne sais pas ce qui se passe entre vous trois, mais vous devez arrêter de — »
« Mais — » protesta Zoey avant d'être réduite au silence par un regard noir de l'agent Barnes.
« — au moins jusqu'à ce que la direction prenne sa décision, reprit-il. Tu ne veux pas aggraver ton cas. Ton avenir ici ne tient qu'à un fil. »
« Vous ne me croyez pas non plus ? » fit Zoey, la voix chevrotante.
L'agent Barnes posa une main réconfortante sur son épaule. « Ce n'est pas que je ne te crois pas. C'est juste que ce que tu nous racontes n'a aucun sens, et c'est vraiment très difficile pour nous de te croire. »
Zoey hésitait. Devait-elle lui dire ce qu'elle avait entendu ? La croirait-il ? Elle décida que c'était trop important pour ne pas tenter de le lui dire.
« Il y a quelque chose que je dois vous dire — »
« Oh parfait, vous l'avez trouvée. » L'agent Ward remontait le couloir à grandes enjambées, vêtue d'un pyjama rose et blanc et portant des pantoufles rose bonbon. Elle ajusta ses lunettes sur son nez et brandit une lampe torche sous le nez de Zoey.
« Que faites-vous ici au quatrième étage en pleine nuit ? Les apprentis sont interdits à ce niveau, personne ne vous l'a dit ? »
Elle pointait un long doigt maigre sur Zoey. « Aria vous a entendue, vous savez. Elle a entendu la porte d'entrée se refermer. Et elle a découvert votre lit vide. Puis elle nous a réveillés, complètement paniquée. Vous ne méritez pas son affection. »
« C'est bon, Sarah, fit l'agent Barnes en écartant la lampe torche des yeux de Zoey. Zoey faisait du somnambulisme. »
« Du somnambulisme ? » fit l'agent Ward, sceptique.
L'agent Barnes hocha la tête. « Oui, je viens juste de la réveiller. Je faisais du somnambulisme moi aussi, quand j'étais jeune. On disait que j'avais un esprit hyperactif. Il faut croire que Zoey a aussi ce problème. »
« Oui, nous savons tous qu'elle a ce problème », fit l'agent Ward.
« Et bien, on ne peut pas la punir de faire du somnambulisme, fit l'agent Barnes. Ce n'est pas comme si elle savait ce qu'elle faisait. »
Zoey prit l'air le plus endormi possible, espérant que l'obscurité l'aiderait à convaincre l'agent Ward qu'elle faisait bel et bien du somnambulisme. Ça semblait fonctionner.
« Bon. » Elle examina Zoey. Ses yeux s'arrêtèrent sur ses chaussettes. « Hmm, vos chaussettes sont sales, jeune fille. La prochaine fois que vous marchez dans votre sommeil, pensez à mettre des chaussures. Et bien, j'imagine que c'est la vérité. Bon, très bien, je la ramène. »
« Bien sûr », approuva l'agent Barnes, avant d'ajouter : « Attendez un instant, Sarah. Zoey, qu'est-ce que tu voulais me dire ? »
Zoey resta un instant pétrifiée. L'agent Ward la dévisageait à travers ses lunettes comme si elle l'inspectait dans un microscope. Ils ne la croiraient jamais, et surtout pas l'agent Ward — pas maintenant.
« Ah, rien, mentit-elle. Je ne me souviens pas. Je rêvais. »
« Somnambulisme. Ma parole. Au lit, allez hop ! » L'agent Ward entraîna Zoey par le coude puis s'arrêta en voyant le dossier que tenait l'agent Barnes dans les mains. « Qu'est-ce que c'est ? »
« Ça ? Rien — de la paperasse sur laquelle je dois travailler. »
L'agent Ward pinça fermement les lèvres. « Bonne nuit, Samuel. »
« Bonne nuit, Sarah. Bonne nuit, Zoey. »
Comme Zoey s'éloignait, elle se retourna une dernière fois pour regarder l'agent Barnes, qui lui fit un clin d'œil en souriant.

MYSTIQUES : Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant