Chapitre 1: Le froid.

53 11 15
                                    

21 décembre 2018; 23h59:

Si je l'avais écouté, j'aurais peut-être surmonté ça..

Si seulement je ne m'étais pas enfuie de chez lui, si seulement je n'étais pas sortie ce soir...

Je repousse une mèche de mon visage en soupirant. Avec des "si" on peut refaire le monde, mais je ne veux plus rien refaire.
Si ça arrive, c'est que ça devait arriver non ?
Une rafale de vent glacé parcourt mon corps et je frissonne, frigorifiée en ce 21 décembre.

L'alcool qui d'habitude me réchauffe tant ne peut rien pour moi, et ne fait que m'engourdir un peu plus.
Assise depuis bientôt 1 heure, je sais d'avance que c'est ce soir que je vais crever. Enfin si Dieu veut hein, parce que ce salopard semble décidé à me faire rester en vie encore un moment !

Je tâtonne le sol à la recherche de ma bouteille et apporte bientôt le goulot à mes lèvres, savourant la brûlure familière qui me parcourt.
Je me suis déjà enfiler une vodka complète et compte bien finir la deuxième.

Je sais que Louis va essayer de me retrouver, mais je ne m'en préoccupe pas.
Après tout, qui peut savoir que je suis ici, en plein Paris, assise dans un caniveau ?

Je penche la tête en arrière en soupirant et me remémorant ma rencontre avec Louis.


18 octobre 2018; 17h25:

J'étais dans un parc, le parc.
Ce parc apaisant, ou personne ne vient jamais, ce parc qui a connu toutes les larmes de mes déceptions amoureuse des 17 dernières années, ce parc qui a connu ma première fois...mon parc.

Situé à l'arrière d'un lotissement presque désert, il est bordé par des arbres toujours vert, et possède quelques bancs en mauvais état.
En son centre, comme seule aire de jeu, deux balançoires grinçantes, sur lesquelles je me suis assise tant de fois.

J'y étais quand j'étais mal, mais aussi quand j'étais heureuse, ce qui était le cas ce jour là.
Lorsque Louis avait pénétré mon parc, je ne m'étais pas tout de suite rendue compte de sa présence.

Mais une fois vu, je n'avais plus qu'une envie, lui parler.
Je m'étais alors rapprochée du banc ou il était assit, et avais commencé une discussion.

- Qui es-tu ?

- Louis.

- Que fais-tu là ?

- J'ai besoin de calme.

J'aurais pu arrêter de parler et repartir sur mon banc, celui en dessous du chêne.
Mais non, je suis restée et j'ai insisté, j'ai continué à lui parler.

- Pourquoi tu as besoin de calme ?

Il s'était levé, puis rassit en tailleur face à moi, sur son banc.

- Ma vie est perdue, mon esprit est vide. J'ai besoin de calme pour retrouver mon chemin.

J'avais mis du temps à comprendre, alors j'étais restée silencieuse, à l'observer.
Quand j'avais repris la parole, je savais quoi lui dire.

- Quel âge tu as, Louis ?

- Je viens d'avoir 19 ans.

- Alors tu ne peux pas être perdu. À 19 ans, on a encore rien trouver, c'est tout. Tu dois encore essayer plein de choses avant de trouver quel chemin tu veux suivre.

Ce fut à son tours de m'observer sans parler.

- Tu as raison. Qui es-tu ?

- Elisabeth, 17 ans.

C'était la qu'était apparut son sourire, et la que j'avais su qu'on allait s'aimer.
J'avais alors proposer.

- On va sur mon banc ?

- Ton banc.. Qu'a-t-il de plus que le miens ?

- Il est à l'ombre et au soleil en même temps, et il est à l'abri du vent. Et surtout, je m'y sens bien.

- Alors si tu t'y sens bien, je viens avec toi.

Nous avions parlé pendant deux heures, jusqu'au coucher du soleil.
Il était perdu, et je n'avais pas de chemin.

Pourtant, à nous deux, on avait une vie.

Une larme coule sur ma joue.

J'essaie de lever ma main pour la chasser, mais je n'y arrive pas.
Cette situations peu comique est transformée en un moment drôle par l'alcool, et je ris.

Oh oui je ris, un rire qui sonne faux, un rire de soulagement et de peur à la fois.

Je vais crever seule, et Louis pleurera.

~

À très bientôt pour le chapitre deux ! 🖤

(si vous recevez une notif je corrige juste les fautes y'a rien de nouveau)

Jack Daniel's Où les histoires vivent. Découvrez maintenant