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Gaëtan

J'ai du mal à trouver une position confortable sur ces chaises étroites. L'immobilisme de ma voisine improvisée m'épate. Elle a sagement posé ses mains sur son genou relevé et sa tête est légèrement penchée sur le côté. Elle fait très attentive et j'essaye de me contorsionner avec la plus grande discrétion.

Comment font les autres mecs pour caser leurs jambes ici ?!

— Vous n'avez pas l'habitude des amphis, se moque-t-elle gentiment quand je bouge pour la énième fois.

— Plus, corrigé-je.

Elle n'a toujours pas tourné son visage vers moi. C'est troublant car j'étais persuadé qu'elle ne s'occupait absolument pas de ma petite personne. Ou alors, je dois la gêner.

— Je ne voulais pas vous déranger.

— Vous ne me dérangez pas.

Le ton est chaleureux. J'imagine même un sourire venant étirer ses lèvres.

Je commence à regretter cette pénombre.

La vidéo se termine et je me rends compte que je n'ai rien suivi. Pourvu que personne ne me demande mon avis. Au moins, l'avantage, c'est que les lumières se rallument enfin. Je vais pouvoir découvrir la jeune femme qui est venue squatter à côté de moi. Et elle se tourne d'ailleurs pour me faire face.

— Merci d'avoir accepté que je vous utilise, rit-elle.

— Avec plaisir, réponds-je mécaniquement.

Je la trouve sympathique mais... bordel, ces deux billes sombres, je ne peux pas les confondre ! C'est l'emmerdeuse qui me collait au cul avec sa bagnole.

Quelle transformation !

La tenue de sport a disparu, c'est un fait, mais elle a surtout complètement changé d'attitude. Elle fait très professionnelle dans ce tailleur-jupe. Ses yeux sont maquillés, faisant ressortir le sombre de ces iris. Son regard me dévisage à son tour et ses sourcils se froncent. Elle vient de me resituer.

— Comme on se retrouve, marmonne-t-elle en se mettant debout.

Je suis le mouvement, mal à l'aise. Je ne devrais pas d'ailleurs, c'est elle qui roulait trop vite tout à l'heure, pas moi. Je l'ai un peu cherché sur le parking, d'accord mais c'était un juste retour des choses quand même.

— Dommage, je commençais à apprécier votre compagnie, me sort-elle.

Elle lisse sa jupe mine de rien et me tourne le dos pour longer les chaises et rejoindre l'allée centrale. Je soupire tout en lui emboitant le pas.

— Moi de même vous savez mais j'ai du mal avec les dangers publics au volant.

La jeune femme s'arrête brusquement et je manque de lui rentrer dedans – ce qui n'arrangerait pas la situation ! Ses épaules se tendent et je crains le pire quand elle fait volte-face. Je la vois prendre une inspiration et je regrette de l'avoir cherchée. Si elle se met à me crier dessus, ça va être gênant. Pour moi et pour LFA. J'esquisse un pas en arrière quand sa réaction me surprend.

— J'étais en retard. Désolée, dit-elle avant de s'esclaffer, complètement détendue. Je crois qu'on est parti du mauvais pied ! Naïs, enchantée.

— Euh, Gaëtan.

Là, je suis perdu mais je lui serre la main par réflexe. Je m'attendais à ce qu'elle soit énervée ou même vexée par mes paroles mais non, elle a même reconnu être en tort et s'est excusée. Et elle prend ça à la légère en plus ! Je reste les bras ballants alors qu'elle se remet en marche et descend tranquillement vers l'estrade. Je la suis des yeux, elle et son joli déhanché, jusqu'à ce que j'aperçoive un mouvement sur le côté. Josette, l'assistante de notre PDG, me fait de grands signes pour que je la rejoigne. Je secoue légèrement la tête pour oublier ce début de soirée déroutant et me dirige vers le petit groupe qui s'est rassemblé autour de Daisy McKenna, directrice de LFA.

Try with love (terminée) [Sous contrat d'édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant