Lune de nacre

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Je n'y crois pas, j'ai réussi ! La Peur et le Donjon ne sont plus qu'un mauvais souvenir. Aveugle dans le brouillard, je marche. Le cœur léger, je me remets doucement de ma course-poursuite qui m'a semblé durer des heures. Le voile blanc se lève petit à petit.

Bouche bée, je découvre l'extérieur. Il y a la même couleur partout. Je ne connais même pas son nom. Des choses étranges se dressent partout. Et le ciel ! Il n'est plus gris ! Le soleil de Colombine éclaire ce monde joyeux.

En extase, je m'assois par terre. Des brins odorants chatouillent mes pieds nus. Un calme serein m'envahit. Quelle sensation agréable... Je me sens étrangement vide. Derrière, le Donjon se cache dans le brouillard. Je ne m'étais pas rendu compte à quelle point cette bâtisse était immense. Je lui tourne le dos, heureuse. Une page se tourne, je ne suis plus la subordonnée de la Peur. Je ris, je suis libre ! Mes éclats de voix résonnent dans la vallée. Les oiseaux chantent, des milliers de petits bruits à la fois inconnus et rassurants accompagnent leur mélodie.

Je reste là pendant quelques heures. Je me sens si bien, le soleil décline à l'horizon ; c'est bientôt l'heure de voir Espérance.

Pour la première fois, je n'appréhende pas la venue de la nuit. Au Donjon, elle est noire, mais dehors, elle est bleue selon Pierrot. Alors je patiente en souriant. Je ferme les yeux, épuisée. Sans même m'en rendre compte, je sombre au pays des rêves.

J'ouvre les yeux. Je me suis endormie ! J'espère au moins ne pas avoir raté la visite d'Espérance. Heureusement, le ciel étoilé m'indique qu'elle est dans les environs. Les astres sont magnifiques, on se sent si petits face à eux...

Soudain je la vois, elle est là. Une larme coule sur ma joue. Le même sentiment qui m'animait face à mon reflet me reprend. Je chasse bien vite la déception.

Je réalise enfin. Espérance...

C'est la lune de nacre suspendue dans la Voie lactée. Celle que Pierrot aime tant.

— Merci. lui murmure-je

L'astre semble me sourire. C'est elle qui m'a aidé, qui m'a protégé de la Peur. Qui m'a rassuré à travers le brouillard. Grâce à elle, je n'ai jamais été seule depuis que je me suis rendue compte de sa présence bienveillante.

Le vent souffle, soulevant ma chevelure. J'inspire profondément. Demain je parcourrai le monde, et Espérance sera là, chaque nuit, avec moi.

— Pourquoi ? Pourquoi m'as-tu sauvée ? demande-je, pleine de reconnaissance

Une petite voix douce se glisse dans mon esprit, au plus profond de moi :

Tu sais Léah, il y a des choses qui ne s'expliquent pas...



Par-delà le brouillard...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant