À nos souvenirs

Prologue

Un cri déchire la nuit, pourtant personne ne se retourne pour voir d'où vient cette déchirure qui brise le calme nocturne.
- Au secours ! crie une voix féminine. Un homme veut me t...
Jamais cette femme ne termina sa phrase. L'homme range son couteau dans sa poche après en avoir essuyé le sang qui coulait. Il ne ressent aucun sentiment et ne se sent pas du tout concerné par ce qu'il vient de faire.
Il regarde quand même la rue avant de s'en aller. Le corps allongé de la femme sur le sol est pâle. Son visage est crispé dans une vision d'horreur. Pourtant, ses yeux laissent transparaître une émotion, comme de la bienveillance, comme si elle savait depuis longtemps ce qui allait se passer. Ses lèvres sont presque blanches. Ses mains sont sur son abdomen d'où coule encore un peu de sang chaud. Ce liquide s'étale sur le sol et se répand. Petit à petit, il approche les pieds de l'homme. Il s'abaisse et trempe son doigt dans la matière visqueuse. D'une main sûre, il trace les lettres MC ALISTER.
Il en avait envie depuis de longues années de tuer cette jeune femme. Depuis qu'elle est née. Une sorcière. Elle ne peut être que ça pour lui avoir lancé un tel sortilège. Il est heureux de s'en être débarrassé.
Pourtant, bien malgré ses efforts, une larme coule le long de sa joue rugueuse. Il l'essuie d'une geste rageur. Il se retourne une dernière fois pour la regarder. Il voit à nouveau ses lèvres pâles. Combien de fois a-t-il voulu poser les siennes dessus ? Combien de fois il s'était isolé pour penser à elle ? Elle le t'en fait trop fou. Mais surtout, il a accompli son destin. Jamais ils n'auraient dû se rencontrer. Grâce à lui, il ne vivra pas la mort de cette jeune femme comme un affreux coup du sort. Il connaît la vérité et il ne la fuira pas. Il a tué de ses mains la femme qu'il aimait.

Dans la même ville, le lendemain matin, un cri perse le silence calme du soleil levant. Une fillette observe la scène du crime. Elle commence a trembler et des larmes coulent sur ses petites jours roses.
- Anna, murmure-t-elle. Jean Mc Alister ! Tu vas nous le payer, hurle-t-elle.
Quelques oiseaux se rapprochent du cadavre. La mère de la fillette se rapproche et aperçoit, elle aussi, cette scène. Elle pose une main devant sa bouche et murmure une prière.

De retour chez elles, les deux femmes, la plus jeune et la plus vieille, se rassemblent autour d'une table et écrivent une loi qui s'adaptera à toutes les générations. Elles le feront même signer par la famille de l'autre.
La vieille prend une plume et trempe la pointe de celle-ci dans un encrier dont l'encre séchée a fait une croûte sur la surface plane et lisse.
De sa main tremblante, elle écrit ces quelques mots :

Nous sommes prêt(e)s à jurer de notre vie devant Dieu que quiconque approchant une personne appartenant à la famille de l'autre, que ce soit un Mc Alister ou un Walker, qu'il soit femme ou homme, payera sa vie au Maître de notre Terre, à la Puissance des Cieux.
Le 26 mai 1675

Quelques jours plus tard, le document est signé par tous les Walker et Mc Alister. Même Jean signe ce pacte. Pourtant, sur son visage, une peine terrible se laisse voir...