Untitled Part 1

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Au Moyen Age

Il y a très longtemps, probablement quelques centaines d'années, du haut de la montagne une horde d'une soixantaine de barbares, dressant toutes sortes d'armes d'une main, tenant un crucifix dans l'autre et scandant des conjurations, pour chasser on ne sait quels démons ou esprits maléfiques, se dirigeait tout droit vers le petit village qui se trouvait en contrebas à quelques kilomètres. Sous la fine pluie, la vallée était éclairée d'une lumière éternelle, magique pour ses habitants mais considérée comme diabolique par les envahisseurs.

Mus par leur instinct meurtrier qui leur avait été insufflé par leur Maître, la détermination de ses soldats de la juste cause, sauvages et résolus, ne laissait aucun doute sur la suite et l'issue des évènements à venir. Ils avaient reçu l'ordre de tout détruire sans savoir pourquoi.

D'autres contrées plus petites avaient déjà subi le même sort et avaient été rayées de la surface de Terrella. Peu avaient pu échapper au massacre.

Isvadn était la dernière bourgade sur la liste des envahisseurs, à effacer de la carte. Les habitants devaient mourir avant même d'être réveillés. Sinon la bataille n'était pas gagnée, il faudrait se battre, mais cela ne changerait rien à l'issue de la partie, tout le monde devrait périr.

A l'approche du village, le bataillon s'était tût et s'était dispersé pour passer à l'attaque sur un front plus large.

L'herbe à proximité des habitations se mit à trembler. Ce fut les enfants qui se réveillèrent en premier, alertant leurs parents et par la même toute la population.

Par on ne sait quel réflexe de survie, tout le monde était prêt au combat en moins de temps qu'il n'en fallait aux envahisseurs d'avancer de trois pas.

Alors que les habitants s'armaient et se barricadaient dans les maisons, Orbis Nuggens ordonna à sa femme et à ses deux enfants de s'habiller et de s'organiser selon les consignes pendant qu'il préparait une petite boîte confectionnée dans une matière étrange, mi-métal mi-plastique. Lui seul savait que la population du village vivait ses derniers instants.

Ils quittèrent leur maison et sortirent du village en se dirigeant à l'opposé de la direction d'où arrivaient les soldats à la mission macabre. Leurs silhouettes disparurent rapidement dans la forêt de lauriers.

La pluie avait cessée et la forte évaporation de l'eau avait plongé le paysage dans une atmosphère cotonneuse laissant échapper des cris et des hurlements étouffés en contrebas.

Sans s'arrêter, ni se retourner, ils se mirent à courir vers une pente montante en contournant des rochers glissants, en sautant par-dessus des troncs d'arbres couchés et en enjambant de vieilles souches humides et en état de décomposition.

Arrivés à une clairière surplombant le village, ils s'arrêtèrent haletants et à bout de force. Avec beaucoup d'appréhension ils se retournèrent pour regarder plus bas dans la vallée en direction de leur hameau. La scène entrevue à travers les nappes de brume les glaça d'horreur.

Orbis Nuggens savait que lui et sa famille venaient d'échapper de justesse à la mort, une mort sans retour.

La bourgade était en feu. Vue d'en haut, pas une maison ne semblait avoir été épargnée par le désastre. Ils voyaient des gens s'enfuir en direction de la forêt, puis soudain s'effondrer probablement atteints par des traits ou des lances.

A la distance où ils se trouvaient ils ne pouvaient rien entendre ni être repérés mais la vision de cette horreur suffisait pour évoquer en eux les drames atroces que vivaient tous ces gens qu'ils connaissaient et qu'ils appréciaient.

Le ManuscritWhere stories live. Discover now