Ce fut au début du mois de juin, à la fin de la plus belle des saisons, le printemps, que la petite Joya vit le jour. Elle était aussi belle que sa mère. Les quelques cheveux qui apparaissaient sur son crâne étaient de la même teinte que ceux d'Élanor. Sa peau lisse et si douce était légèrement bronzée telle celle de sa mère. Mais, le mélange de la noisette et du jade des yeux de ses parents avait offert à ce petit visage angélique un précieux regard émeraude.
Dès sa naissance, Élanor chérit son enfant. Elle la considérait avec la plus grande gentillesse et la plus grande délicatesse. Avoir un enfant était ce qu'elle avait toujours voulu, et elle s'était promis, la première fois qu'elle avait croisé son regard, qu'elle ferait tout son possible pour la protéger. Vito, était devenu violent envers sa femme. Mais il semblait métamorphosé lorsqu'il s'occupait de sa fille, comme si toute haine avait quitté son âme. Les yeux de Joya étaient deux joyaux qui détenaient le pouvoir de la bonté, cette même bonté que lui avait offerte sa mère à sa naissance. Au fur et à mesure des années, Joya grandit. Elle apprit rapidement à marcher et à prononcer ses premiers mots. Elle était d'un naturel calme et attentif, tout comme sa mère. Néanmoins, elle avait hérité de l'énergie débordante qu'avait son père lorsqu'il s'employait à ses recherches. Ce fut à l'âge de six ans, lorsqu'elle fut assez éveillée pour comprendre, qu'elle découvrit que son père battait sa mère. Mais elle ne comprit pas les raisons qui pouvaient le pousser à frapper la femme qu'il aimait. Le jour, face à sa fille, Vito était un tout autre homme. Il se montrait même parfois attentionné envers Élanor. Mais à certains moments, il était capable de s'énerver de manière inutile. Elle se demandait aussi pourquoi sa mère restait dans cette situation. Bien qu'elle fût encore une petite fille, elle était déjà très intelligente et comprenait beaucoup plus que certains enfants de son âge. Mais ces interrogations restaient pour elle en suspens. De plus, elle s'interrogeait sur la bonté que montrait toujours sa mère à son égard, alors que cette dernière aurait pu, sous le poids de la colère et de la souffrance, faire éclater sur sa fille toute sa frustration.
Durant les longues journées d'été, que ce fût le matin ou le soir, Élanor et sa fille se retrouvaient au balcon d'une des multiples chambres du grand manoir qu'elles habitaient pour admirer le ciel. Elles aimaient toutes deux énormément cette vue sur le paysage et les maisons du voisinage qui leur était offerte. La maison d'en face était d'autant plus mise en valeur lorsque le soleil commençait à lentement sombrer. C'était une bâtisse luxueuse, ornée de pierres d'argile de couleur blanche et orangée. Son jardin était tout bonnement admirable. Chaque personne du quartier le jalousait. Le jardinier qui persévérait à l'embellir chaque jour davantage, travaillait souvent jusqu'à la tombée de la nuit. Des parterres de fleurs multicolores éclataient sur la pelouse d'un vert scintillant. Le terrain était délimité par des arbustes jaillissant du sol et par de longues haies fleuries porteuses de délicieuses baies. Des buissons rappelant la couleur des pierres qui ornaient la grande bâtisse arboraient une longue et belle allée. Le dernier étage de l'imposante demeure faisait en sorte que celle-ci touchât le ciel. Une fenêtre cassée située au niveau des combles permettait à un couple de colombes d'accéder au sommet de cette imposante maison.
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Les Billes d'Élanor
Historia Corta« Les Billes d'Élanor » est un conte (ou courte nouvelle) narrant l'histoire d'une jeune fille qui vivait dans un orphelinat d'un riche et beau royaume. A partir de ses 12 ans elle a été obligée à se rendre dans un établissement spécial ou elle étai...