Ça fait une semaine que les anges crient dans ma tête.
Des cris forts, insupportables.
Maman dit que les anges n’existent pas.
J’ai voulu lui dire que c’était à cause du méchant monstre qu’ils étaient là.
Mais maman dira que c’est débile.
Papa est gentil avec moi.
C’est le seul à savoir pour le méchant monstre.
Je pensais qu’il allait se moquer de moi, mais il m’a seulement dit qu’il me croyait.
Papa m’a dit que le méchant monstre était dans ma tête de petite fille.
Papa m’a dit de ne surtout pas en parler.
Alors je n’en ai plus jamais parlé à maman.
Maman est très souvent absente le soir à cause de son travail.
Et le méchant monstre le sait, car il vient toujours ces soirs-là de grisaille.
Les anges crient plus fort quand maman n’est pas là.
Papa le sait, c’est même lui qui me donne le sirop magique pour les consoler.
J’ai voulu dormir, mais le méchant monstre arrivait, je l’entendais monter les escaliers.
J’ai vu la lumière entrer dans ma chambre avec lui.
Je le sais car j’entendais le parquet grincer.
J’essayais de me persuader que le méchant monstre n’existait pas, mais je l’écoutais avancer.
Puis plus aucun bruit.
J’aurais voulu me dire qu’il était parti, mais je savais qu’il s’était arrêté au pied de mon lit.
Je sentis le matelas s’enfoncer, et j’ai compris que le méchant monstre était bien là.
Ses grosses mains m’ont caressé les cheveux, le drap à glissé le long de mes jambes.
Le méchant monstre m’a tourné sur le dos, répétant sans cesse „mon petit ange à moi.“.
Et là, je les ai vu.
Des petits points blancs tournaient et brillaient dans l’obscurité.
Les anges s’étaient réveillés et s’étaient échappés de ma tête.
Ils étaient tous apeurés et j’espérais vraiment qu’ils ne crient pas, sinon le méchant monstre allait les voir, il leurs fera du mal.
Il décrochera le tissue pour les faire tomber.
Alors j’ai mordu.
J’ai mordu sa main, comme dans une pomme pourrie.
Elle avait un goût métallique que je n’appréciais pas.
Le méchant monstre a grogné et m’a attrapé par les cheveux.
Et les petits anges se sont enfin calmés.
Puis mes yeux se sont fermés,
Pour laisser Morphée m’emporter.