Parfois j'aimerais être malade.
Pour avoir une vraie raison.
Une raison de me plaindre, d'être triste, d'être mal. Une raison à mes silences et à mon impuissance.
Une raison qui me permettrais de répondre à ceux qui me le demande : je suis malade.Je m'invente des symptômes qui deviennent réel.
Mais la vraie maladie comme je la veux, elle est absente.
Dans deux jours exactement je vais avoir 18ans. Et à deux jours de mes 18ans j'ose dire de pareilles horreurs.
18 ans. L'age de la maturité où l'on devient responsable.
Certaine à mon age ont un copain, un travail, ou un bébé. Parfois même les trois.
Et moi, je veux être malade. Un vrai maladie qui me tuerait à petit feu afin que ce ne soit plus moi la responsable de ma lente mort.
Me déresponsabiliser, encore une fois. Comme une petite fille qui craint d'être punie.
Ce n'est pas - ma- faute.
C'est ma maladie, si je suis comme ça. C'est à cause d'elle si chaque jours je meurs un petit peu, pas la mienne.
Alors que des tas de gens meurent de faim, de violence ou de maladie, parfois même les trois, moi, je suis en parfaite santé.
La vie est mal faite, je l'ai toujours pensé. Et je voudrais tellement être à leur place pour qu'eux prennent la mienne.
C'est un gâchis. Egoïste. Je le sais.
Mais ce n'est pas - ma - faute.
C'est la faute à mes mains, mes jambes, ma tête, ma bouche qui ne m'appartiennent pas et s'éloignent toujours un peu plus de mon idéal. Mon idéal de vie. Cet idéal pour qui les gens se battent jour après jour.
Moi j'en ai plus la force, plus le courage. Les gens malades l'ont. Volonté plus forte encore que chez les gens en pleine santé. Cette envie de vivre pour pouvoir réaliser ses propres rêves...
Moi je n'ai pas de rêves.
Et c'est pour ça que je ne suis ni morte, ni vivante. Juste perdue entre les deux, à la dérive.
J'ai besoin de cette volonté.
Et c'est pour ça que je voudrais être malade. Pour pouvoir enfin dire :
Ce n'est pas ma faute si je suis morte.