Chapitre 1

135 3 6
                                    

Claire 

Les nuages sont lents. Après les cours nous nous sommes posées dans l'herbe du parc.                    

Il fait étrangement un peu froid. George mange des churros, elle a les mains poisseuses de sucre. Je lui fait la remarque, mais elle ne tique pas. Elle se contente de sourire et de croquer une nouvelle fois dans la friandise. «Tu en veux ?» propose t-elle. Je décline l'offre poliment, en riant : «Tu peux les finir, tu sais !?» . La petite brune est alors aux anges. Elle voit ici une occasion de monter le volume de la baffle abricot. George fredonne, Damien ricane -pas si méchamment que ça- . George arrête de fredonner et affiche une moue.

 George reporte son attention sur les miettes de churros. Puis sur ses dr marteens coccinelles. Puis sur mon visage. Les tâches de rousseur qui me mangent le nez, le duvet de ma peau rendu blond par le soleil, un grain de beauté au dessus du sourcil droit. George étudie les humains, elle est déconcertante quand elle fait ça. Elle se rallonge tout près de Damien, lui effleurant le bras involontairement : il frissonne , ça les fait rire. Pas longtemps car Ellis s'enquit d'un «Vous avez fait vos exercices d'anglais ?» (alors qu'on lui a déjà répondu). Damien soupire, George se contente de répéter pour la 3e fois : «les-réponses-sont-sur-internet». Ellis la remercie pour la 3e fois et referme les yeux , étrange comportement. Damien baisse le son et baille.

George se joins alors -finalement- à nous, au groupe. Collant sa tête à la mienne (à sa droite),à celle de Damien (à sa gauche). On regarde d'un même air (mi-fatigué mi-heureux) les premiers bourgeons. Vu d'en bas tout paraît plus grand, plus beau. Enfin je trouve. La baffle amplifie maintenant l'alarme de 15h52. 

On se lève, George, Damien, Ellis et moi allons en cours. Le silence est d'ordre. La joie se fait plus discrète. George trottine vers le lycée en chantonnant du Françoise Hardy elle mène la marche, le sac à dos glissé sur l'épaule comme une matelote, elle est drôle. George est une personne qu'on a envie de prendre dans ses bras, de câliner et elle ne dit presque jamais non. Je tente de la rattraper -elle marche vite quand même- pour l'enlacer. Ellis se mets lui aussi à courir et Damien essoufflé arrivera dernier. 

*

Dans la salle de classe, les chaises sagement alignées. Le tableau est vierge, le feutre bleu. Les tables ornées de graffitis. Le sol presque propre. Ça sonne et c'est le chahut. La porte s'ouvre à la volée, ça grignote, rit, soupire, flirte. Dans les rangs des élèves, sacs trop lourd. Chaises poussées, affaires posées. Dos contre l'assise. Bavardages. Un «Taisez vous» et tout le monde s'exécute. Silence à nouveau. Laure distribue les copies de géographie. Le sujet ne fait pas que des heureuses.

Il y a comme un soulèvement dans les rangs. C'est bref. 2 heures de Composition. Je peux vous le dire, c'est barbant. Au bout de 20 minutes, j'ai un brouillon. 40 minutes et j'ai un plan. Vivement la fin... J'écris 'Claire' et 'Terminale' en haut à gauche. Je finis en écrivant vite et mal et me dépêche de ranger mes affaires. Vite dehors ! Ça sent la pluie sur le goudron. Il bruine et bientôt il pleuvra. Je suis devant le lycée déjà. Mes tennis sont délacées , je refaits avec application les nœuds. Quelqu'un me tapote l'épaule : Lybie . Grande, de bonnes courbes et une confiance en elle à toute épreuve. Elle me checke et répond affirmativement à un «ça va ?» automatique. Puis s'évanouit avec son crew vers le self. Reste son parfum et le jaune de son anorak au loin. Admirable cette fille. 

Damien, sorti de la salle l'a aussi vue. Il me rejoint en souriant. Je le soupçonne d'avoir un crush mais ne dis rien, son sourire est communicatif, je ne veux pas qu'il cherche à le cacher. Il m'assure qu'il a réussi le contrôle et se hisse sur un muret tout près. Ainsi perché il observe les personnages que moult artistes anonymes ont bien voulu dessiner. Damien est sûr que l'un d'eux vient de Lybie. Il le prend en photo pour lui demander plus tard. Il se justifie «Je l'ai vu dessiner en étude». (Dis plutôt que tu cherche une excuse pour lui parler, non ?).

 Pas le temps de m'exprimer, George déboule. Elle est épuisée, quand je lui demande si ça s'est bien passé, elle me fait un clin d'œil. Il pleut toujours. Je crois que personne n'en a quelque chose à foutre. Damien sort un feutre et dessine un troll (ceux d'internet). Quand il finit, nous rentrons dans le lycée , en direction de la cantine. Damien, Claire, George. Claire Damien d'abord puis George. Pendant 2 ans , un duo puis...

Elle vient vers nous (après nous avoir zieuté toute l'heure d'espagnol) et affirme ; catégorique : «Vous êtes cool vous. Appelez moi George !» Damien sourit et serre sa main. Pas une hésitation. Alors que je ne me souvenais pas qu'elle avait répondu à ce nom à l'appel, je hoche la tête «Enchanté George !». Damien est charmé. Le trio était né.

* fin premier chapitre *

NDA (Note de l'Autrice) : Note sur l'accord du verbes : selon la supériorité (en nombre) masculine, féminine, neutre... Si l'envie vous prends de commenter , n'hésitez pas ! Les  critiques constructives sont bienvenues ^^  

J'enlace G.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant