Chapitre 2

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Fred 

 Le sol est froid. J'ai mal dormi. George a invité ses potes, il est onze heures, ils m'ont réveillé.

Je me lève péniblement, m'étire, m'avance pour sortir de ma chambre, me cogne le genou à un meuble. Aïe. Réaction en chaîne : dans la chambre d'à côté ça rit. J'enfile un t-shirt propre, des pantoufles. Brossage de dents, gel, déodorant, toilettes.

 Au dos de la porte orange, une mosaïque de photographies. Moi, George, papa, maman. On est beau. George et sa bouille maculée de sorbet vanille, papa en maillot-lunettes de soleil-claquettes qui porte la glacière. Marie n'est pas encore née. Encore George en polo rouge, cul nu sur le sable, de dos. Ses cheveux autrefois bouclés, je me souviens. Moi et elle, un cerf-volant...au sol. Elle et moi en Pologne et en Italie. Marshmallow grillés au feu, mains tendues vers la cheminée. Éblouie par le soleil d'Espagne, un tapas (entier !) dans la bouche. Sur la photo la plus à droite, c'est moi. Mes cheveux tout bouclés châtain, mon air de mariole. A gauche, tata . D'elle, on ne voit que les yeux et encore. Elle s'était prise tellement de réflexions... Et la dernière photo c'est nous dans les bras de Meredith . 

Je m'arrête là , on va bientôt nous appeler

«A table !»

Du dhal de lentilles. Effluves épicées. George en a, comme d'habitude partout autour de la bouche. 

 Claire, plus propre, s'applique à mélanger lentilles corail et riz brun. Elle rajoute du persil, du poivre, un peu d'huile d'olive et mélange consciencieusement. Claire, pâle et effacée, un peu trop self conscious peut être, comme embarrassé de son corps. Pull crème, pantalon noir serré. L'air d'une fille qui ne se permet pas. Pas d'excès, pas de honte, pas d'embarras. Elle vit voilà tout. Et dans sa tête ça s'embrouille. George. Quand elle pose son regard sur moi, j'affiche un air sûr. Je garde la face, je me fige presque ; j'ai peur. Que pense t-elle de moi ? Garde t-elle pour elle des remarques ? A-t-elle pitié ? Ma conscience se retourne. Je suis visée. Mesquine. Mauvaise conscience. C'est elle la honte, elle, la laideur. C'est elle qui choisit.

Maintenant Damien. Souffle pour refroidir. Puis goûte et aime. Répète ensuite le même processus jusqu'à épuisement du stock. L'assiette vide, il en redemande. Simplicité : Il ne s'en mets pas partout ni ne se prend la tête. Le repas se finit sur la spécialité de Damien ; des tartelettes au chocolat. Un régal.

** Narratrice 

George, Damien , Claire sont montées dans les chambres. Ils organisent un séjour à la montagne pour le week-end de Pâques. Un téléphone vibre longuement. Quelqu'un cherche à joindre Damien. Les filles le regardent intriguées et Damien rougit. Elles ne le forcent pas à dire le prénom mais se regardent en souriant. Le sourire qu'il laisse apparaître sur son visage est assez révélateur. A creuser.

Le brun, gêné détourne le regard de ses amies et le pose sur les affaires de George, bien pliées.Claire se lève et le rejoins. Ils inspectent le placard de leur amie. Elle est gênée. «Pourquoi tu ne met pas ça ? » s'exclame Claire en brandissant une robe fourreau rouge. «C'est vrai que tu ne met jamais de robes, c'est dommage George !» s'exclame Damien. Les deux dénichent ensuite des bijoux, boucles d'oreilles, bracelets et serre tête dont G. ne veut pas entendre parler. «George, on ne veut pas te changer » murmure Claire sensible au mutisme de son amie. «Hé ! Si ça te met dans cet état on arrête hein, le prend pas mal... » ajoute D. avec bienveillance. La petite brune s'allonge sur son lit et ferme les yeux. Elle se cache le visage de ses mains mais on comprend qu'elle pleure.

Tout cela est soudain ; Damien et Claire se regardent interloqués. «George ?!» A cet instant Claire se fait la réflexion qu'elle n'est sûrement pas la seule à avoir un rapport à son corps mouvementé. Elle s'allonge près de George et allume sa baffle. On entends Édith Piaf et George et Claire fredonner.Le temps s'arrête. Les minutes passent sans se faire remarquer quand Fred toque pour leur rappeler de réviser leur bac (papa insiste) il est l'heure du goûter, de se réveiller .

George va mieux.

*fin du chapitre 2*

J'enlace G.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant