Chapitre 5

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 Damien

Alarme. 18H40. J'ai loupé le bus. Une fille de la convo propose de m'amener. D'accord. Casual ce soir. Jean, T-shirt, baskets bien nettes, propres. Cheveux légèrement mouillés. Sac prêt. Duvet ok. Diluant ok. Bouteille d'eau , bon.Je saute dans la voiture de l'amie de Cath'. La mère conduit. A l'arrière, Judith la fille, Suzanne sa sœur, Ellis tout prêt, devant. Souriant et décontracté je demande qui sera à la soirée. J'entends vaguement Judith répondre «Joan, Lucas, Manon ». J'entends clairement Ellis répondre «Lybie, Etienne ». La mère nous dépose. Elle reviendra le lendemain. 

Une musique pop nous accueille. Des bises à n'en plus finir. Je serre des mains. Inspecte. M'assied. George à mes côtés, une limonade dans un verre à vin, rondelle de citron dans la bouche, un deuxième verre de sangria dans l'autre. Sirote d'un air léger l'un , l'autre. Tapant du pied au rythme de la musique. 

Cuisse de Lybie contre celle de George. Cuisse de George se décale. Lybie le bras autour de George qui murmure à son oreille. Je me décale. Le gros de la troupe arrive. On rigole. Lybie sort. Claire entre, pimpante. 

Louise vide son verre dans les mimosas. Je déconne avec Ellis sur le lycée. La pluie et le beau temps de jeunes. Fumée. Musique soudain forte. Je bois un peu de prosecco. Fumée. La musique me prend par la main. Elle m'entraîne avec les autres sur la piste. J'ai chaud. Ellis en face de moi. Ellis qui boit. Ellis qui danse. Les shots d'Ellis et la fumée et la musique et la bouillie de l'apéro/prosecco dans l'estomac. Envie de pisser. Ellis au loin. L'herbe mouillée caresse mes chevilles. Ellis qui danse encore. Ellis Ellis. Trop prêt. Je m'éloigne. Ellis qui me dégoûte. Je pars. Je disparais.

Claire

Vu Lucas avec sa meute de louves qui fument. Vu George happée. «George ? Tu va bien ? ». Regard furtif de George parce que je ne suis pas sa mère. Parce que je n'ai aucun droit de la materner , paterner, surveiller. Elle titube mais je ne crois pas que ce soit l'alcool. Trop lourd pour elle à porter.

Je sais qu'elle ne m'aime pas quand je la juge. Parce que je la juge. Je m'allonge sur le sol. Ferme les yeux. Épuisement. J'ai trop retenu ces derniers temps. Tout pris pour et sur moi. Je dois pleurer. Ouverture des vannes. Plus loin. George. Ici, Claire. Là bas nos étoiles.

Damien

Un tour et je rentre. Arrivé aux voitures avec la petite lumière rouge de l'alarme, j'ouvre les vannes : vessie vidée. Soupir. Je me retourne , une lueur. Flamme d'un briquet brève. «Rallume» lance quelqu'un. Derrière le buisson. Lybie décide de garder le 'petit cône' pour plus tard (elle le steake.)

La bande sort du buisson. Lucas, Lybie, Joan, Manon, George. George au t-shirt Pepe the frog. George aux yeux un peu rouge. George aux baskets holographiques, à la salopette en jean semi customisé l'été dernier. George qui sent l'herbe. Ce qui me laisse dubitatif. Je lui ébouriffe les cheveux et elle crache prêt de moi. Je me recule en rigolant «George tu pue ». Elle me regarde, tête de chat touché dans son amour propre. Lybie la vaillante s'avance , passe un bras par dessus mes épaules. «Moi aussi je pue ?». Là je réalise. Tout est clair. Je déplace son bras , la prend par la main. On court jusqu'à la piste de danse sur une musique qu'on aime bien. Et on se regarde comme des imbéciles heureux. Et je la fait virevolter. Claire dirais que je suis déchaîné.

Claire

Je vomis.. Le citron vert dans ma bouche. Du sel sur la peau. On sourit un peu. On rit beaucoup. On est beau. Le canapé bleu. La boule à facettes ringarde. Le ciel noir. Des étoiles par là. C'est pas mal ce qu'on a déjà. Je roule dans l'herbe et ça s'emmêle dans ma tête. «Tu sens bon ». L'herbe mouillée. La tête qui tourne. J'ai ravalé mes pleurs . Sois raisonnable. Ce n'est que George. Sanglot refoulé qui se coince au fond de ma gorge ...à cause de George qui tombe, là bas. Ravalé ma douleur. Ma petite étoile George toute mignonne que j'aime. Je crie son nom. Personne ne réponds alors je continue et là... Une ombre qui s'approche je crois. Me fait peur. Je retiens mon souffle. On m'offre une main. « Viens sur la piste. » La paume de Joan contre la mienne, nos doigts qui s'entremêlent et un shot de sangria.

Gigi

Evan. L'autre soir. Avait juste besoin de caresser, toucher, coller un corps. Parce qu'après l'alcool, il se sentait seul, célibataire. Ce grand vide en nous réveillé par la boisson. Vous n'aviez jamais remarqué ? Alors je comprends. Seulement moi je n'ai pas de chance. Ce n'est plus la raison, la solitude qui me pousse vers lui. C'est l'amour. Pour lui je suis peut être plus qu'une amie mais pas grand-chose de plus. Je me décolle de son refus. (Plus facile à dire qu'à faire) vais me coucher. La nuit va être longue de réflexions.  

J'enlace G.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant