je t'attends depuis trop longtemps. / min-guk

04,

back hug

« partir ? »

sourcils froncés, les yeux plissés, l'argenté observait chaque ligne du visage harmonieux de son cadet de noiraud, étonné des paroles de ce dernier. leurs orbes sombrement colorées se rencontraient comme se fuyaient dans un joli ballet velouté, alors qu'une lueur enfantine planait dans le regard de jeong-guk. il avait sur ses lèvres finement rosées dessiné un espiègle rictus, ce même sourire qu'il n'avait pas abordé depuis bien trop longtemps déjà, alors que dans ses pupilles dilatées s'allumaient, vivifiées, les constellations.

« oui, partir. quelques semaines, peut-être plus, je ne sais pas, juste pour se retrouver. il faut que tu comprennes que nous deux ce n'est pas peine perdue. »

sa bouche se souleva d'autant plus lorsqu'il lâcha d'un air innocent ces doux mots pesant depuis un moment sur son cœur maintenant à moitié réparé.

« mon dieu, ce que tu es niais quand tu t'y mets, gukkie. » pouffa contre toute attente le beau cendré.

à cette remarque, le visage dudit simplet se changea en une moue adorablement juvénile, tandis qu'il administrait sur l'épaule de son aîné de grisé une légère claque taquine. ce dernier ne cessait d'admirer la frimousse délicate de son compagnon, sans cesse de se demander comment un homme pareil pouvait-il avoir l'air si mignon d'un enfant ? cette question était restée, de sa rencontre avec lui à aujourd'hui, sans traître réponse, dessus était marqué au feutre rouge un gigantesque point d'interrogation – ce qui intriguait d'autant plus le jeune adulte.
néanmoins, il en était presque rassuré, finalement, après des années de séparation par lesquelles il était lentement devenu aigri, vieilli de l'intérieur, il avait retrouvé la confrontation de sa vie, son innocent au corps viril.

« sérieusement. » soupira finalement le décoloré en passant sa main fine dans ses cheveux brillants. « pourquoi voudrais-tu partir ? on est très bien ici, je veux dire, séoul est une belle ville, on...

— j'en ai ma claque de la corée. » lâcha violemment jeong-guk, interrompant son interlocuteur le regardant désormais avec de grands yeux interrogés. « après mon service militaire, je me suis promis de partir pendant quelques temps dans un autre pays, histoire de changer d'air... en amérique, peut-être même en europe, qui sait ? je n'en sais rien, je veux simplement fuir tout ça, la routine, le quotidien, toutes ces choses qui me font sentir si lourd. et j'aimerai que tu viennes avec moi, ji-min, s'il te plaît. je sais, je comprends, que tu trouves ça complément fou. d'ailleurs, ça l'est sûrement, précipité, irréfléchi et foutrement immature, mais je m'en fiche, faisions nos valises et partons, c'est ce dont on a tout deux besoin et tu le sais parfaitement. »

ayant face à cela égaré ses moindres mots, l'argenté fit glisser ses petites pupilles brunes sur le panorama dévoilé au delà de sa minuscule terrasse, jusqu'à même les perdre dans le ciel azuré par l'été, positionné de façon à ce que son échine se mût contre le buste de son amant. il laissa échapper d'entre ses lippes pulpeuses un soupire de bien-être, vagabondant entre l'idée de se rester, et celle de l'accompagner.
était-il raisonnable d'ainsi décamper pour quelque chose d'aussi spontané ? certainement pas, cependant, son cœur lui hurlait de se jeter tout entier dans cette épopée, alors que sa raison, elle, se battait pour le voir demeurer.

mais quelque chose, lorsque son bel amant lui susurra ces paroles à l'oreille, réanima les tréfonds meurtris de son âme, quelque chose qu'on ne pouvait ni nommer, ni décrire, simplement ressentir.

« je veux te tenir par les hanches dans la foule, t'embrasser en plein cœur de la rue, te faire l'amour les fenêtres ouvertes. nous nous sommes déjà perdus une fois, une fois de trop. alors laisse-moi juste t'aimer, bébé, aux yeux de tous. »