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let's go baby

le soleil papillonait derrière les immeubles.

ce fut ce jour-là par la lumière chaude de l'aurore et la douce brise pénétrant par la baie-vitrée que jeong-guk émergea du sommeil qu'il était sans difficulté parvenu à trouver dans les bras de son grisé. peu enclin à l'idée de se lever, il fit rouler son corps dénudé sur le matelas vide de présence, s'enroulant dans la soie cramoisie des draps qui le couvraient. se retrouvant dos au confortable lit sur lequel il languissait, les yeux pourtant fermés exposés aux rayons éblouissants de cette jolie matinée, le noiraud poussa un grognement plein de mécontentement en frottant d'une main nonchalante ses clos oculaires alourdis par le réveil. étourdies par la soudaine luminosité lorsqu'enfin il les ouvrit, ses paupières papillonnèrent aussi rapidement que les ailes d'un colibri avant de ne complètement se dégager de ses mirettes. il lui fallut à peine une seconde de réflexion pour se remémorer la nuit enflammé qu'il avait passé, mais surtout avec qui il l'avait partagé. un sourire spontané étira alors ses lèvres tuméfiées par leurs brûlants baisers alors que les images de la veille se superposaient, flottant devant ses iris comme sur un océan de souvenirs.

léchant du regard cette pièce qu'il ne connaissait que trop bien, le garçon finit par remarquer, appuyer contre la balustrade ferré du balcon fleuri de bourgeons sur le point d'éclore, son amant aux mèches argentées, torse nu, observant la capitale qui doucement se mettait en marche. d'un mouvement fluide, jeong-guk posa ses pieds nus contre le bois froid du sol, se couvrit d'un boxer, avant de discrètement s'avancer vers le corps élancé de son compagnon ne l'ayant pas remarqué. de ses bras puissants il vint entourer la taille fine du cendré, soudant son torse sculpté au dos de ce dernier, lui volant un chaste baiser dans le creux de son cou, là où trônait fièrement un frais suçon rougeâtre. une pluie de bécots papillon atterrit sur l'échine de son compagnon avant qu'il ne soulageât finalement de massages agréables les muscles douloureux de son dos bien bâti.

« j'ai l'impression que ça fait toute une vie que je ne me suis pas réveillé comme ça, soupira le plus âgé. t'imagines ? la dernière fois, on n'était que des gamins de dix-sept qui ne pensaient qu'à désobéir à leurs parents, obnubilés par le fait de se démarquer d'une façon ou d'une autre. on n'avait rien vécu, rien vu, mais on s'imaginait passer le reste de notre vie ensemble, on vivait dans un cocon de bonheur faussé par la jeunesse et le fameux premier amour.

— hm... » marmonna le foncé sans réellement écouter, trop occupé à bécoter son aîné.

alors que ji-min se retournait afin de planter le brun de ses pupilles dans les iris anthracites du garçon, jeong-guk ne put s'empêcher de laisser divaguer ses croissants de chairs contre la bouche de ce dernier, collant un peu plus son bassin à celui de l'argenté. ils avaient l'air d'un vrai petit couple, ainsi entrelacés, seulement, aucun d'eux ne savait réellement où ils se dirigeaient, et encore moins ce qu'ils étaient.
tandis que leur baiser se faisait toujours plus langoureux, que leur langue se joignaient à la danse, et que leurs doigts décomplexés caressait la nudité de leur peau laiteuse, ji-min stoppa soudain le moindre de ses gestes, pinçant ses lèvres en détournant, les joues rouges, ses petits yeux sombres.

« quoi ? » l'interrogea doucement son cadet, interloqué de ce qu'il devinait à tort être de la pudeur.

un silence palpable s'installa alors lentement entre les deux adultes, prédominant, tandis que l'aîné torturait de morsures nerveuses ses croissants de chair déjà abîmés, et que le cadet fronçait chacune seconde un peu plus ses sourcils parfaitement dessinés, dans l'attente impatiente des mots de son compagnon.

« on ne peut pas faire ça...

— arrête tes bêtises, bien sûr que si. » ricana l'aubrun en s'apprêtant à reprendre leur baiser.

« non, jeong-guk, tu ne comprends pas. tout va se répéter, plus désastreux encore qu'avant. je n'y crois plus, c'est peine perdue, on a eu des belles années mais c'est terminé. ce n'est pas une nuit qui va combler huit ans de silence radio. »

le plus jeune ravala d'un coup son désir, se détachant de son amant qui, lui, passa nerveusement la main dans ses cheveux encore désordonnées par le sommeil, attendant avec une appréhension certaine la réponse du noiraud. parce qu'au fond il était évident que ce garçon ne se rendait pas compte d'à quel point cette relation était vouée à l'échec depuis son début.

seulement, ji-min ne s'attendait certainement pas à ce qu'une telle phrase ne traversât les lippes gracieuses de son compagnon alors que ce dernier s'avançait pour l'embrasser :

« pas si on part, bébé. »

je t'attends depuis trop longtemps. / min-gukOù les histoires vivent. Découvrez maintenant