06.

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ıo years later

au loin, le jour rossissait sous la brume bleutée.

la pâleur des draps écrus étalés sur le lait de sa peau veloutée entrelacée au doré du crépuscule dépeignait parfaitement le sentiment de sérénité qui depuis quelques temps régnait aux portes de son esprit apaisé. alors qu'il observait du brun de ses pupilles les cirrostratus cotonneux voiler de brume le soleil matinale à travers l'énorme vitre offrant une vue sans pareil sur les gratte-ciels new-yorkais, l'argenté caressait dans un geste mécanique les chairs ivoires du garçon encore endormi contre lui, ses pensées volant à la rencontre de ce dernier. les rayons clairs de cet hiver baignait d'une lumière topaze impérial son visage aux traits fatigués, sur lequel s'était malgré tout dessiné un sourire léger. ses muscles courbaturés le faisait souffrir sans même qu'il n'eût besoin de les contracter, les entraînements qu'il suivait depuis maintenant un moment ne le laissait pas sans souffrance, seulement, la liberté qu'il ressentait durant ces heures de dur labeur lui permettait d'oublier la douleur.

le grisé étouffa un doux gloussement lorsqu'il pensa aux réflexions qu'allait encore lui faire son compagnon une fois émergé du sommeil, celui-ci détestant le voir s'épuiser des journées durant dans une salle de danse, se fichant pas mal qu'il en soit passionné, car il s'inquiétait bien trop de sa santé. le châtain n'allait au moins pas piquer d'insensée crise de jalousie sous prétexte que le collège du coloré ne cessait de flirter pour le taquiner – chose que ne voulait définitivement pas comprendre le noiraud –, c'était déjà cela.

quand enfin il sentit contre son pectoral s'animer le visage dudit garçon, sa mâchoire se contracter et ses paupières papillonner, l'argenté fit sur la frimousse de ce dernier dériver son regard basané. en deux années, c'était à peine s'il avait changé, toujours ce même visage d'enfant qui pouvait étrangement et en un moindre temps devenir celui d'un véritable adulte, c'était dérangeant, et finalement assez plaisant.

« aujourd'hui, ça fait dix ans. » marmonna le noiraud en frôlant les lèvres de son amant. « dix ans que l'on s'est rencontrés dans la salle de retenue du lycée. »

le souffle brûlant du cadet s'écrasait contre les chairs soyeuses de son cou dénudé, tandis que ces mots franchissait la barrière de ses lèvres joliment rosées. un rictus paisible fleurit alors sur les lippes de l'argenté quand les bras du bruni vinrent d'autant plus se serrer autour de sa fine taille élancée, des souvenirs ravivés éclairant ses pensées. les photos voltigeaient dans son cerveau pour venir former un mur d'image sous ses mirettes foncées, qu'il observait minutieusement avec toute la nostalgie et la joie passée qui pouvait encore faire gonfler son cœur.

finalement, après tout ce qu'il s'était passé en dix ans d'amour, de colère, de passion, d'ignorance et de tentation d'oubli, chacun était ce matin-là plus comblé que jamais, l'un dans les bras de l'autre, sans un mot mais se fixant si intensément qu'ils pouvaient s'entendre à travers les regards.

je t'attends depuis trop longtemps. / min-gukOù les histoires vivent. Découvrez maintenant