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Un gamin derrière le verre m'adresse un immense sourire. Il tapote de nouveau la vitre avant d'agiter la main d'un geste vigoureux. Je soupire de soulagement à la découverte du responsable. Á mon tour, je lui retourne un salut discret, le petit garnement a dû me sortir de ma rêverie. Notre échange ne dure guère longtemps. Tandis que sa mère glisse ses doigts entre les siens pour l'éloigner de la plateforme, la locomotive se remet en route. Le quai agité s'éloigne et me voilà en route pour la maison.

Il n'y a plus grand monde. Je me retrouve dans le silence, seul le bruit répétitif de la friction entre les rails et les roues métalliques se fait entendre. J'ai hâte de retrouver mon appartement, un petit studio situé non loin des allées Jean Jaurès. Mon studio douillé ... La chère et tendre musique de la SNCF. Tout passager sait que ce n'est jamais bon signe. « Chers passagers, nous vous informons qu'à la suite d'un problème technique sur le voie, nous sommes dans le regret de vous annoncer un arrêt immédiat et un retard de durée indéterminée. Nous vous tiendrons informés de toutes nouvelles informations sur le sujet. Merci bien de votre compréhension. »

Super !

Je pose mon livre sur mes genoux et marmonne quelques mots de mécontentement. Il ne manquait plus que ça. Un suicidaire se serait-il une fois de plus jeté sur la voie ? Des jeunes ivres ont-ils eu la bonne idée de se balader sur les rails ? 


Je m'occupe comme je le peux car il n'y a plus qu'à attendre à présent. Je ne rentrerais jamais chez moi. Il fait déjà nuit noire et une brume épaisse s'est levée enveloppant le train dans sa couette duveteuse. Seule. C'est le seul et unique mot qui me vient tandis que cette opaque couche de gouttelettes d'eau me sépare du reste du monde. 

Cet univers fascinant me divertit quelques minutes tandis que je me perds dans un fantasme fantastique macabre. La silhouette immobile dans le brouillard. Le monstre des bois. L'apocalypse zombie qu'on ne voit pas venir. Une main ensanglantée qui tape soudainement contre la vitre, laissant une trainée pourpre tandis que ses ongles crissent contre le verre. Je souris devant tant de bêtises. 


Je n'y crois pas, ni au paranormal, ni à quoi que ce soit d'autre. Je m'apprête à me lever pour faire quelques pas, lorsque je l'entends à nouveau ce bruit énervant. 

Miroir, miroir, dis moi qui est le plus réel ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant