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Mes doigts se posent exactement au même endroit que les siens, sur la surface lisse de la glace. Je ressens aussitôt un frisson glacial me remonter le long du bras tel un serpent rampant. Le sentiment d'angoisse. Un serpent visqueux et lent qui prend le temps de jouer avec sa proie. Il enserre ma poitrine et m'étouffe, il me tue à petit feu. Je regarde ses yeux gris. Ils sont francs comme les miens. Effrayés. Je lis aussi bien sa terreur que sa curiosité.

Pendant un instant je me plais à contempler ce visage souriant qui cache ses incertitudes sous un masque de façade longuement travaillé. Joli. On peut dire que je ne me hais pas. J'ai toujours eu un visage doux, fin, certains pourraient le qualifier d'angélique. Bien évidemment personne ne peut prétendre être parfait, alors j'ai bien un peu d'acné et une fine cicatrice datant de l'enfance sur ma pommette gauche. Je pourrais me chercher encore bien des défauts, car je sais oh combien il serait facile d'en trouver, nous sommes après tout nos pires ennemis. Mais je n'en ai pas envie, pas maintenant. Je pose mon front contre le verre teinté.


Si j'ai peur de mon reflet, c'est qu'il y a une raison, une raison parfaitement logique, même si l'expliquer de façon rationnelle est une tâche difficile. 

Cela remonte à ce jour... 

Miroir, miroir, dis moi qui est le plus réel ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant