Le couturier

Chapitre 29

Harry dépose sa valise en entrant dans sa maison londonienne. Il soupire. Le voyage a été terriblement long. Il repensait sans cesse à Louis. Mais il a pris la bonne décision. Pour avancer, les deux hommes doivent être séparés. Ils ne peuvent pas se voir quelques fois dans l'année, faire revivre leurs sentiments le temps d'une nuit, et se quitter au petit main. Ils vont faire souffrir leurs proches, surtout Louis avec son compagnon. 

Il tend l'oreille, surpris de n'entendre aucun bruit dans sa maison. Habituellement, Sophia devrait courir dans ses bras pour l'accueillir. Nous sommes un dimanche. Mary et Henry sont certainement sortis dehors profiter de la floraison printanière. Il semble être seul. 

Pourtant lorsqu'il se concentre, il entend de petits reniflements. Il se concentre et se rapproche du bruit. Discrètement, il se poste à côté du placard de l'entrée, là où Mary range les manteaux d'hiver. Il colle son oreille contre le bois et entend des pleurs d'enfants. 

Il ne perd pas son temps pour ouvrir le placard. Il découvre Sophia, assise contre le mur du placard. Ses yeux sont rougis par les larmes, de la morve disgracieuse coule le long de son nez. Elle baisse le regard vers le sol, frissonnante de peur. 

-Sophia? l'interpelle doucement Harry. 

La petite fille lève lentement la tête. A peine a-t-elle reconnu son père qu'elle se précipite dans ses bras, éclatant en sanglot. Harry caresse doucement ses cheveux en lui murmurant: 

-Je suis là. Tu n'as plus à avoir peur. 

Il la sent trembler dans ses bras alors que ses larmes se déversent sur ses habits. Sophia serre fermement le cou de son père, nichant son visage contre son épaule. Harry la rassure comme il le peut, assis dans l'entrée de la maison. 

Au bout de quelques minutes, la petite fille se calme. Ses sanglots s'éteignent. Elle se détache du torse de son père en reniflant. Harry lui demande tendrement:

-Que faisais-tu dans le placard? Où est ta mère? 

Harry n'entend pas la voix criarde de sa femme. C'est la seule fois où il avait laissé sa fille entre les mains de Trish. Il part deux jours et il retrouve Sophia, paniquée dans un placard. 

-Elle est partie, sanglote-t-elle s'accrochant au cou de son père. 

Son père caresse sa joue, les yeux inquiets. 

-On a fait un cache-cache. 

Harry s'étonne d'entendre que sa femme ait bien voulu partager du temps avec Sophia, elle qui d'habitude la fuit comme la peste. 

-Elle m'a dit que si je me faisais trouver, le monstre sous mon lit...

-Il n'y a pas de monstre sous ton lit, corrige Harry. 

-Viendrait me manger tout crue. 

Harry soupire en comprenant la stratégie de sa femme. Elle a effrayé sa fille, encore naïve. Sophia s'est cachée dans le placard et n'a pas osé en sortir, de peur de voir un vilain monstre l'attraper. Pendant ce temps, Trish a dû en profiter pour sortir, laissant leur fille seule dans la maison. 

-Ce n'est pas vrai, la rassure Harry. Personne ne viendra te manger. Je suis là maintenant pour te protéger. 

Il la serre fermement contre son torse pour que la petite fille arrête de trembler de peur. Harry ferme les yeux, fatigué et agacé. Son voyage en France était assez difficile, il ne veut pas voir Sophia aussi malheureuse que lui. Son petit trésor doit être heureuse. Harry serre les dents, sentant une colère s'immiscer dans ses veines. Une rage sourde lui brûle l'estomac.