.TROISIÈME. Le cœur gros. La tête pleine.

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Je suis accoutumée aux appartements qui finissent en cartons, aux chambres vidées à la hâte.

Avant de quitter Paris, j'ai contemplé ce repère qui m'a regardé grandir et me révolter de nombreuses fois. La fin d'une époque.

Je m'arrange le plus souvent pour traverser l'existence sans témoin comme si ma vie était un crime parfait.

Par malheur, il y a des êtres que la vie te prend mais ne te rend pas.

J'en ai fait la douloureuse expérience.

Papa est mort dans un accident de voiture voilà bientôt cinq ans.

On peut tout montrer du corps, tout lui faire dire quand il n'a plus de sens.

Étais-je aveugle ou sourde, ou bien fallait-il nécessairement la lumière d'un malheur pour m'éclairer sur ma vraie nature ?

J'ai mal aux talons, la tête comme une enclume, et une sorte d'armure qui m'enserre tout le corps.

Faut-il grandir pour oser enfin mettre en avant sa tristesse et se débarrasser des aigreurs de l'existence ? A en croire l'éternité, oui.

C'est la sagesse qui nous reconstruit et les années qui nous rendent plus fort.

J'ai sur le cœur, le souvenir de mon bonheur.

Un air de nostalgie m'envahit ce soir-là. Ma pensée vagabonde. Je songe à ma vie passée.

L'enfance, c'est bien connu rime avec insouciance. Je repense à la mienne qui n'a malheureusement duré qu'un temps. J'ignorais tout de la vie, je ne voyais que ses bons côtés.

Je croyais au Père Noël, à la petite souris et aux œufs de pâques.

Je croyais que l'amour et le bonheur duraient éternellement, que le monde était bon.

Croire, un verbe difficile à conjuguer.

Les mots « guerre », « hypocrisie », « haine » et j'en passe, ne faisaient pas partie de mon vocabulaire.

C'est beau de voir à quel point un enfant est naïf.

A cette époque, Cupidon s'occupait encore de moi.

J'enchainais les amoureux mais un seul m'a marqué. On se prenait pour des grands, on faisait des projets d'avenir (qui n'ont pas abouti bien entendu).

A présent, tout est si différent, et je suis là avec mes souvenirs.

Cupidon est mort, ou bien il m'a oublié.

Je crois que je suis encore amoureuse de ce garçon, ou plutôt du souvenir qu'il m'a laissé, oubliant de me dire qu'il fallait l'oublier. C'est étrange l'amour.

Nous avons repris contact il y a quelques mois sur les réseaux sociaux, mais je n'éprouvais plus les mêmes sentiments envers lui qu'à l'époque.

A quelque chose près, les années qui passent peut être, c'était différent.

Foutue impuissance. L'amour et le bonheur, j'en suis sûre maintenant, ne sont pas immortels.

Ils prennent fin un jour ou l'autre, mais ils existent et c'est là l'essentiel.

L'être humain peut être blessant par les gestes ou par les mots.

Et j'ai malheureusement élargi mon vocabulaire.


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Je partagerai la suite la semaine prochaine mais en attendant,

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Ce Qu'il (Nous) ResteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant