. QUATRIÈME. Skins.

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Pour les biologistes, une bonne partie du sentiment que l'on nomme amitié se réduit à une affaire de molécules et de substances chimiques qui se libèrent à l'intérieur du cerveau, suscitant la tendresse et l'attachement.

Si tel est le cas, un phénomène de cette ampleur se produit à chaque fois que je suis avec eux.

On dit que si on est capable de trouver un appartement à NY, il est possible de tout faire.

Quelques jours après mon arrivée au magazine, j'ai rencontré Madison lors d'une séance photo, elle habite un loft à quelque pas et m'a proposé de m'installer avec elle et deux autres colocataires.

Cette fille ne fléchit pas sous la beauté, elle la dévoile quand d'autres en sont victimes, troublées.

L'élégance est une petite bourgeoise qu'il faut savoir conserver.

Son visage n'a rien d'évident, de figé.

Nous nous sommes connues, il faisait froid. Maintenant, le soleil brille aux terrasses des cafés.

Son histoire, je le savais, ne touche pas à l'exceptionnel.

Emploi du temps d'une icône glamour oblige, Madison est habituée aux sauteries mondaines des magazines hypes.

Elle aime défiler sur des podiums pour des maisons de haute couture.

Souvent, elle me dit qu'elle a besoin de ces fantasques allers-retours et de ces dizaines de négatifs anciens qui jonchent le parquet.

Les blondes, on dirait toujours qu'elles jouent aux barbies photoshopées.

Avec les brunes, c'est plus grave, plus tragique, dans le vif du sujet.

Elles n'ont pas le choix, la décoloration est impossible.

On a les amis, les vrais. Ceux de là-bas. Ceux qu'on a laissé en choisissant de partir s'installer ailleurs. Mais ceux sur qui on compte tout de même au quotidien.

Ceux avec qui on a tout partagé. Ceux qu'on a choisi. Avec qui on a vécu.

Ceux qui nous connaissent mieux que personne.

Ceux avec qui on a partagé des aventures, un bout de vie, voire même parfois, notre vie.

Ceux en qui on a confiance. Ceux qu'on a parfois appelés au milieu de la nuit. Ceux qu'on a parfois plantés à la dernière minute.

Ceux avec qui dormir dans le même lit n'est pas un problème, parce que ça ne veut rien dire de plus.

Ceux qu'on revoit demain comme si de rien n'était. Et ceux qu'on ne reverra finalement pas.

Ceux avec qui la distance ne change rien. Et ceux pour qui cette distance devient "trop lointaine".

On a les amis chers à notre cœur, ceux qu'on a choisi.

On y croit. On le voit.

Et puis, on a les amis d'ici. Ceux qu'on s'est fait, petit à petit.

Des connaissances nommées amis, parce qu'il faut bien se refaire une vie. Ceux à qui on raconte parfois le quotidien. Mais ceux qu'on aurait du mal à appeler pour un rien.

On a la famille, la vraie. Celle qu'on n'a pas choisie. Mais qui nous est plus chère que la terre entière. La famille qu'on a laissée, remplis de regrets.

Mais on le sait. La distance n'est qu'un détail dans cette histoire.

On parle sur Skype et on s'envoie des Stories. On oublie le temps qui passe.

L'année sans se voir. Demain nous serons à table, et ça sera comme si nous nous étions vus hier.

Une tête de gagnée par ici. Quelques rides peut-être aussi.

De l'expérience, et surtout des expériences. Heureuses ou malheureuses voire douloureuses.

Mais qu'on passera sous silence. Comme pour oublier le temps perdu. Celui où on ne s'est pas vus.

On a la famille, la vraie. Celle qu'on n'a pas choisie. Mais avec qui on a grandi.

Celle qui nous fait ce dernier signe, derrière les barrières douanières, lors des départs, et des jolis sourires, les jours de retours.

La famille qu'on a quittée, il y a toutes ces années, mais avec qui on ne se demande jamais, comment cela va se passer. Parce que rien n'a changé.

Et puis, on a la famille d'ici. Celle qu'on a choisie.

Ce petit cocon bien rond qui nous fait tenir d'aplomb.

Qu'on met parfois du temps à fignoler, parce que, ce n'est pas toujours facile à avouer.

La famille qu'on a rencontrée hier, au hasard d'un verre. La famille qui nous connaît à peine.

Mais qui sait pourtant déjà tant. Nous ressemble et nous comprend aussi tellement.

La famille qu'on appelle à l'aide, ou à la fête.

La famille que, demain, on quittera peut-être, mais on n'en a que faire. On le sait.

La distance ne changera rien. Si ce n'est que les verres trinquent un peu moins.

On a la famille d'ici. Celle qu'on a choisie. Sans s'y attendre. Sans le comprendre.

Sans même le chercher, il faut bien se l'avouer. Mais qui nous est désormais plus chère que la terre entière. Elle aussi.

On a les amis, les vrais. Ceux de là-bas. On a les amis, d'ici aussi.


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Tu viens de terminer la lecture du quatrième chapitre.

Je partagerai la suite la semaine prochaine mais en attendant,

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Pour que ce projet qui me tient à cœur grandisse peu à peu et devienne le nôtre.

Merci pour ta lecture ♡

Ce Qu'il (Nous) ResteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant