Après des jours de trajet, l'enfant atteignit enfin une ville. Il cheminait le long des immenses murailles la bordant. Il s'agissait de la capitale. Des gardes patrouillaient en hauteur, riant légèrement sur son passage. Fein leur souriait toujours avec l'innocence de l'enfance. Il leur demandait à chaque fois où était l'entrée, et on lui répondait régulièrement : « Pas loin, tu y es presque ! »
Enfin, il arriva devant une immense arche sculptée dans la roche. De l'autre côté, on entendait les cris des vendeurs, des pleurs d'enfants ou encore des rires, et de très nombreuses discussions entremêlées. L'enfant passa l'entrée au milieu de tous les voyageurs. C'était un autre monde qu'il découvrait, plus mouvementé et agité. Des deux côtés de l'allée s'alignaient sans discontinuer des boutiques où l'on voyait à travers les vitres des devantures des pâtisseries délicieuses, des robes splendides ou encore des étalages de légumes en tout genre. Fein n'ayant aucune monnaie, il se contenta de profiter de la vue. Cette ville le stupéfiait ; il ne savait plus où donner de l'œil ! Aussi, il décida de continuer à avancer.
Au bout de la rue, il déboucha sur une immense place où une scène était dressée. Sur celle-ci, des comédiens jouaient leur représentation sous le regard intrigué des badauds passant par là. Il décida de s'y arrêter. Ils racontaient l'histoire d'un prince qui cherchait désespérément une princesse avec qui gouverner. A la fin, il finissait par trouver chaussure à son pied. Fein applaudit avec les autres personnes qui observaient le spectacle.
Il surprit plus tard, tandis que le soleil débutait sa chute pour laisser place à la lune, une discussion entre deux femmes : cette histoire était réelle. Le prince ainé du pays, Leytan, cherchait une personne avec qui gouverner.
Fein se demanda à quoi il pouvait bien ressembler. Alors il se mit en marche vers le palais, rêveur. L'argent et le pouvoir, il s'en fichait. Mais la perspective de trouver un époux, quelqu'un qui serait disposé à l'aimer, le rendait heureux. Soudain une pensée terrible le saisit : on lui avait dit qu'ici, hors de son village, les mâles ne se mariaient qu'avec les femelles. Il sentit sa motivation le quitter, rapidement suivi d'un regain d'énergie. Il allait tenter sa chance, et qu'importent les conséquences !
Il se rendit au palais : d'immenses tours de pierres reliées par de hautes barrières. Sur les remparts, des gardes faisaient leur tour, se saluant lorsqu'ils se croisaient. A l'entrée, des soldats surveillaient les personnes qui entraient et sortaient du château, qui étaient surtout de jeunes femmes vêtues d'imposantes robes à froufrous. Celles qui étaient pleines d'espoir en rentrant ressortaient en pleurant. Fein, qui observait le manège depuis un moment, commença à prendre peur en les voyant toutes partir en cet état. Le prince était-il si cruel que cela ?
Finalement il se résolu : de toute manière, il n'avait rien à perdre. En voulant passer l'arche d'entrée, il fut arrêté par deux gardes.
- Que fais-tu là, être des forêts ? demanda un premier.
- L'accès au palais est interdit ! continua le second.
- Je viens rencontrer le prince Leytan pour converser avec lui.
Sur ces mots, les gardes le jaugèrent du regard et éclatèrent d'un grand rire.
- Mais tu es un garçon, et le prince doit se marier avec une femme, afin de créer une suite au règne du roi ! Va, et ne reviens plus !
- Non ! s'imposa le petit faon. Je veux au moins avoir l'occasion de discuter avec lui !
- Pars ! C'est notre dernier avertissement !
Mais le téméraire Fein, loin d'avoir peur de ces autorités qui n'étaient pas les siennes, ne bougea pas. Perdus, les gardes appelèrent deux de leurs camarades pour qu'ils prennent leur place. Ils menottèrent l'enfant sous le regard des demoiselles qui attendaient le moment pour elle d'entrer et l'emmenèrent devant le Roi lui-même. Ainsi, il entendrait le refus de plus haut encore. Et c'est ce qu'il se passa : il fut jeté dehors dans les plus brefs délais, alors que la nuit été tombée.
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« Il était une fois »
Short Story« Il était une fois », c'est le début de toutes les histoires qui nous font rêver. De formidables œuvres qui nous apprennent toujours quelque chose, bien caché derrière le rêve. Fein, 18 ans, conte sa propre histoire. Sans plus de détails, il invite...