« Il était une fois »

Fois

Vous y avez cru ? Moi oui. Juste le temps de relire mes mots. Parce qu'au fond, on sait tous que derrière la merveille se cache un milliards de faussetés.

Aujourd'hui encore je rêve de ce scénario parfait, où l'enfant revient grandit, un prince à son bras. Mais il n'arrivera jamais. J'ai perdu l'espoir de retrouver la volonté de vivre. J'ai laissé tomber, abandonné.

Pourquoi ? Parce qu'en réalité, Fein était un enfant comme les autres, mais amoureux des garçons. Il vivait heureux dans une innocence teintée d'amour et de douceur, avec une famille aimante qui l'incitait à être qui il voulait.

Puis au collège, il dut se rendre en internat... et c'est là que l'enfer commença. Loin de ses repères, chaque coup qu'il prenait rendait sa vie plus insupportable encore. Parce qu'on sait tous qu'entre eux, les enfants ne sont pas toujours tendres. Ceux que j'avais connus plus jeune savaient et avaient appris à accepter mon homosexualité. Mais loin de tout, où les camarades ne sont pas habitués à l'idée, c'est autrement plus difficile.

Le Fein heureux de cette histoire, ce n'est pas moi. Moi ? Je suis le Fein qui n'a jamais été sauvé de la ville dangereuse. Je suis l'enfant qu'on a exécuté sur la place parce qu'il n'était pas comme les autres. Je suis celui à qui on a volé le cœur pour le découper en morceau. Je suis le Fein que personne n'a réussi à sauver du harcèlement. Je suis le Fein qui n'est pas né dans le bon corps. Je suis le Fein qui ne croit pas en un espoir illusoire. Je suis le Fein qui ne croit plus en ses rêves. Je suis le Fein qui veut que tout s'arrête.

Et si, maintenant, je tiens dans une main la plume pour écrire ces mots, dans l'autre, une corde pend. Si je joins mes mains, c'est pour demander à qui que ce soit d'avoir une vie meilleure lorsque je reviendrais.

Toi, qui liras les mots d'un adolescent blessé, n'oublie pas.

N'oublie pas.

Les contes de fées n'existent pas.