Prologue

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Point de vue de Charlie Milat


Quand j'ouvre les yeux je me retrouve debout devant une épaisse porte en bois sombre et ancien. Je baisse les yeux pour voir que je suis pieds nus et dans une robe blanche légère qui m'arrive au milieu des cuisses. Je fronce les yeux en ouvrant légèrement la bouche. Je me retourne et ne vois qu'un long couloir sombre derrière moi.

Mais comment je me suis retrouvée ici ? Il y a à peine dix minutes j'étais dans ma voiture à fredonner sur une chanson d'Allicia Keys tout en pleurant. Mon connard de copain venait de me tromper, dans mon propre canapé en plus. Les images de cette fin de soirée me reviennent en mémoire et mes yeux commencent à me piquer tandis que mes ongles se plantent dans la paume de mes mains. Je ferme les yeux et souffle un bon coup. Je rouvre les paupières tout en me remémorant la suite des événements. Lui qui me dit que c'est elle qui s'est jeté sur lui, moi qui le gifle et qui part dans la chambre en prenant un sac et des affaires dans l'armoire. Je me souviens ne même pas prendre la peine de faire attention à se que je fourre dedans. Quand je suis retournée dans le salon, la brune n'était même plus là et Marc avait retrouvé son jean. Il m'a supplié de l'écouter mais j'ai pris mes clefs de voiture et je lui ai claqué la porte au nez. Mais cette fin d'après-midi catastrophique n'explique pas ma présence dans se long couloir sombre et humide, ni même ma nouvelle tenue vestimentaire.

Je me replonge dans mes souvenirs. J'étais dans ma voiture et Marc n'arrêtait pas de m'appeler. Je me souviens avoir contactée Mathilde, une amie de longue date, elle avait accepté de m'héberger cette nuit. J'étais en route pour aller chez elle quand ... un camion a surgit de nul part pour me foncer dessus ! Ou c'était moi qui n'étais à ma place sur la route ? Impossible de me souvenir, il pleuvait en plus de faire nuit et puis vu mon état je ne serais pas surprise si c'était moi qui étais sur la route du fameux camion.

Cependant je ne comprends toujours pas ma présence ici. Je devrais être à l'hôpital ou je sais pas ... partout sauf ici. Je passe ma main dans mes cheveux bruns tout en fixant la lourde porte en bois. Je secoue la tête, c'est un mauvais rêve, rien de plus.

- C'est pas vrai ce que vous êtes lente.

Je sursaute devant se ton glacial. Je me retourne lentement et fais face à un homme fichtrement beau et super près. Je recul d'un pas tout en l'observant sans me cacher. Il est grand, il doit bien faire une tête et demie de plus que moi. Ses cheveux sont bruns, presque noirs. Ses yeux sont d'un bleu sombre profond et recouvert par d'épais cils qui lui donne un regard d'une intensité très ... intense. Une fine barbe recouvre son menton et ses joues. Une bouche charnue esquisse un petit sourire sans que je n'en comprenne le sens mais je me surprends à mordre ma lèvre inférieure. En descendant mon regard je remarque qu'il porte une chemise blanche avec les trois premiers boutons ouverts, ce qui laisse paraître un début de musculature. Cette dernière se tend au niveau de ses épaules. Les manches sont repliées juste avant ses coudes. Ses mains sont dissimulées dans les poches de son pantalon de costume bleu nuit. Et il est pieds nus, ça doit être un lieu interdit aux chaussures.

- Vous avez fini ?
- Euh ... oui, je marmonne en rougissant comme une tomate bien mûre.



Point de vue d'Hadès


Il me fallait une nouvelle distraction et je l'ai eu. Cette magnifique brune complètement perdue. Mais je pense que j'aurais pus prendre mieux quand même. Ça fait quelques minutes qu'elle m'observe tout en se mordant la lèvre, elle ne va pas être compliquée, deux-trois petits sourires et elle sera totalement dévouée à ma cause.

- Vous avez fini ? Je demande quand elle baisse le regard sur mes pieds puis vers les siens.
- Euh ... oui, elle marmonne.

Oui, je pouvais décidément trouver mieux qu'elle. Je soupire et lui montre la porte de ma main gauche. Le brunette tourne la tête vers la direction pointée mais ne bouge toujours pas. Elle plonge ses yeux verts les miens en secouant la tête.

- Je préfère rester ici.

J'ouvre de grands yeux, ahuri par la phrase qu'elle vient de prononcer.

- Pardon ?
- Je préfère rester ici, elle répète.

Mais c'est pas possible ? Un grognement s'échappe de ma gorge alors qu'elle reste de marbre tout en regardant je sais pas quoi. Personne n'est enchanté de finir sa vie ici mais tout le monde doit passer la porte, c'est comme une envie ou je sais pas quoi. Je lui prends le poignet et la tire vers cette satanée porte de bois.

- J'ai dit que je ne voulais pas aller là-bas. Vous êtes sourd ou quoi ?

Elle tire son bras vers l'arrière, plante ses talons dans le sol, fléchie les genoux et pousse ma main solidement accrochée sur son poignet. Je me tourne vers elle et la regarde faire son cinéma qui n'a aucune chance de marcher.

- Et pourquoi ?

- Parce que je ne veux pas, et puis c'est mon rêve non ? Alors je fais se que je veux et ce n'est pas d'aller par là.

En voilà une bien bonne. Un rêve ? Mais il n'y a pas plus réel que cet endroit ma petite dame. Je passe ma main libre sur mon visage en soufflant par la bouche. Voyons si la carte du rêve marche.

- Et bien si c'est un rêve qu'est-ce que vous risquez à jeter un coup d'œil derrière cette porte ?
- Rien en effet, mais je n'en ai pas envie, articule-t-elle.

Cette distraction va finir par me rendre fou. Ayant atteint les limites de ma patience je me rapproche d'elle et la balance sur mon épaule. Elle émet un couinement alors que je me dirige déjà vers les portes en bois.

- Faites-moi descendre, tout de suite !
- Ça ne va pas être possible, je rétorque.

J'ouvre les portes, la dépose par-terre et prends soin de fermer les portes derrière moi. Quand je me tourne vers elle je la vois les bras croisés et un regard noir sur le visage. Une fois que j'ai perçu toute la colère qu'elle éprouve pour moi elle se déplace sur sa droite et moi sur ma gauche.

- Laissez-moi passer, elle ordonne.
- Non. On ne retourne pas en arrière.
- Mais je ne veux pas être ici. Aller, hors de mon chemin.

Elle tente de se faufiler entre moi et la porte mais je la rattrape par les hanches juste à temps. Je la pose devant moi en faisant en sorte qu'elle me fixe bien dans les yeux. Son visage tordu par la colère finit par se défigurer en peur. Sa bouche s'ouvre ainsi que ses yeux. Victorieux j'esquisse une fin sourire. Bien, elle va enfin m'écouter.

- Bienvenu en enfer trésor.


Une distraction en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant