Chapitre 4 (Hadès)

34 0 0
                                    

Je décide de la laisser seule dans sa chambre, le temps qu'elle se calme. Je rentre dans la mienne et me sers un verre de whisky. Je m'approche de piano, pose mon verre, déboutonne le haut de ma chemise blanche et ouvre l'instrument. Je laisse mes doigts courir sur les touches du piano et une mélodie s'installe dans la pièce. Habituellement mes distractions sont heureuses de passer du temps avec moi, je n'ai pas besoin de les ramener sur Terre et aucunes d'elles ne pleurent. Je ne comprends pas son attitude. Ce que les femmes sont compliquées. Je soupirs et bois une autre gorgée d'alcool. Je ferme les yeux et me laisse bercer par la musique que je joue. Il faudrait que je pense à les mettre par écrit un jour, mais à quoi bon ? Personne n'ira les écouter. Tellement absorbé par mes pensées, je n'entends pas ma porte s'ouvrir et des talons frappés le sol.

- Tu as l'air tendu.

J'ouvre les yeux et vois Perséphone s'asseoir sur mes cuisses et défère les boutons de ma chemise en effleurant mon torse.

- Combien de fois je t'ai dis de ne pas me déranger pendant que je joue ?
- Et bien ça fait une fois de plus, elle murmure d'une voix grave.
- Perséphone ...
- Alors parce que je suis ta distraction de l'année dernière, tu me laisses en plan ?

Je pousse un long soupir et ferme les yeux. Elle en profite pour déboutonner entièrement ma chemise et la faire glisser de mes épaules.

- De toute façon cette petite ne saura pas s'occuper de toi.
- Parce que toi oui ?

J'ouvre les yeux et la regarde en haussant un sourcil.

- C'est pour ça que tu as demandé à Zeus de m'avoir non ?

Je rigole et la poussant sur le côté. Je ne pensais pas qu'elle pouvait être aussi naïve. Je prends mon verre de whisky et la regarde tout en buvant.

- Tu crois vraiment que j'ai fais en sorte que tu sois ici pour des parties de jambes en l'air ?
- Pour quoi d'autre sinon ?
- Ma pauvre Perséphone.

Je lui tourne le dos et me ressers un verre.

- Si tu es ici, c'est uniquement pour faire chier ton père.
- Hadès, c'est une blague ?
- Bien sûr que non.

Mon verre quitte mes mains et Perséphone se trouve devant moi, un regard de haine dans les yeux.

- Je ne suis qu'une dispute entre mon père et toi ?
- Perséphone, je pensais que tu t'en doutais.
- Je ne suis donc rien du tout pour toi ?
- Ne sois pas fâchée comme ça. Tu es une très bonne maîtresse, ne t'en fais pas.
- Et elle, pourquoi elle est là ?
- A ça ! Tu le demanderas à ton père.

D'ailleurs en parlant d'elle, j'espère qu'elle ne va pas me casser les pieds longtemps. Je retourne devant mon piano tandis que Perséphone ne bouges pas d'un pouce.

- Tu comptes rester plantée là longtemps ?
- Je compte sur les doigts d'une main le nombre de fois où tu n'as pas voulu de moi. C'est aucune.
- Ecoute-moi bien Perséphone. Tu n'as pas à avoir un traitement de faveur parce que tu es une Déesse. Je peux très bien t'envoyer à un autre endroit beaucoup moins sympathique, alors tu restes à ta place, c'est clair ?
- Oui Hadès.
- Bien, tu peux partir, si j'ai besoin de toi je t'appellerais.

Elle quitte ma chambre non sans m'avoir fusillé du regard. Je recommence à faire flotter une mélodie dans la pièce quand ma porte s'ouvre de nouveau dans un énorme fracas.

- Quoi, encore ? Je hurle juste avant de me retourner.
- Charlie a disparu.
- Mais qu'elle emmerdeuse.

Je vide mon verre d'une traite et remercie Alice. Lorsque je passe à côté d'elle, elle pose sa main sur mon bras.

- Il faudrait peut être que vous soyez un peu plus ...
- Un peu plus quoi Alice ?
- Un peu moins agressif. Elle a du mal à se faire à l'idée qu'elle est morte.
- Et alors ? Ce n'est pas mon problème.
- Comme vous voulez.

Je reprends mon chemin tout en passant aux paroles de la petite blonde. Alice est l'une des rares distractions avec laquelle je passe plus de temps à discuter qu'à coucher. Elle est souvent de bon conseil, mais là c'est non. C'est chez moi, ce n'est pas à moi de faire des concessions. J'ouvre chaque porte sur mon passage, mais rien à faire elle n'est pas à l'intérieur.

- Tu as intérêt à te montrer très vite trésor où je vais finir par m'énerver.

Je me dirige vers la cuisine en pensant qu'elle y serait et c'est bien là que je la trouve.

- La chambre n'est pas bien c'est ça ?

Un sursaut secoue la brune et le plat qu'elle tenait dans ses mains tombe par-terre.

- Mon repas.

Elle se tourne pour ensuite me regarder.

- Je suis prisonnière des enfers et pas de ma chambre à se que je saches.
- Exact, mais je préfères retrouver mes affaires là où je les ai laissées.
- Tant mieux pour vous. Mais je ne suis pas une de vos affaires, ça tombe bien.

Elle enjambe les morceaux de nourriture étalés sur le sol et se dirige vers l'évier afin de se laver les mains.

- Le nettoyage ne va pas ...
- Vous êtes grand, vous pouvez le faire tout seul.

Je m'approche de l'insolente mais ne dis pas un mot lorsque je vois une coupure à l'intérieur de sa main. « - Il faudrait que vous soyez un peu plus ... un peu moins agressif. » les paroles d'Alice me reviennent en mémoire. Je souffle doucement et prends la main de la jeune femme.

- Qu'est-ce que ... ?
- Il va falloir mettre un pansement.

Elle reprend sa main et la sert contre sa petite poitrine. Je hausse les épaules et prends le chemin de me salle de bain.

- C'est par là.

Voilà j'ai été gentil. Ce n'est pas mon problème si elle préfère rester planter dans la cuisine.


Une distraction en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant