Maman

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Ma mère, comment vous dire, c'est compliquer. Pour commencer elle est une des personnes les plus importantes de ma faible existence. Elle est néanmoins peu présente dans ma vie et ma relation avec elle est extrêmement superficielle, par exemple à noël elle m'a offert du verni à ongle rose pale et un roman méga cliché sur une fille qui débarque dans une université américaine (vous voyez le genre, non ?). J'avais demandé des feuilles de dessins et un roman nommée J'ai avalé un arc-en-ciel, rien de très explicite. Malgré ce choix de cadeaux peu sulfureux, elle à préféré (comme toujours) contrôler ma vie par tout les moyens, ne pensant pas le moindre instant qu'elle pourrait, en échange, me faire plaisir.

Ma génitrice et moi ne parlons que très peu de nos vie personnelles, nos journées, conquêtes et même mon parcours scolaire (qui laisse d'ailleurs à désiré en ce moment) ne font pas partit de nos maigres conversations. Honnêtement j'ai l'intime conviction qu'elle ne me connais pas, je suis pour elle un problème de plus, un fardeau qu'elle doit supporter depuis 16 ans ou pire, une erreur qu'elle regrette et qu'elle subit. Petite, j'essayais de faire de mon mieux pour lui ressembler, être la plus parfaite possible afin de satisfaire la mère égocentrique qu'elle est. D'ailleurs, j'étais une enfant adorable qui rassemblais tout les codes sociaux qu'une gamine puisse avoir, je me vois encore devant le miroir, arborant fièrement mes couettes, ma robe bleue et un sourire radieux lorsque ma mère me voyait.

J'ai changé, beaucoup trop à son goût j'imagine, mais je ne suis plus de celle et ceux qui ce caches derrière un visage faux et une apparence fade. Vous me direz sûrement que je juge les gens, je peux en effet paraître pour une provocatrice, ce n'est pas mon but mais celui de ma mère. Si vous pouviez la voir comme je la voie, un mélange parfait entre Amélie Poulain et Mary Poppins. Une femme forte et libérée presque dévergondée de premier abord mais désormais je la voie plus comme une mère incertaine faite d'illusions puériles et qui endure les préjugés de la société tout en se cachant derrière une apparence plus que choquante.

Je ne suis donc que peu proche de ma mère, je ne l'appelle d'ailleurs jamais maman mais Éléonore. Je pense que cela fait partie d'une des innombrables preuves qu'elle n'a jamais essayer de devenir proche de moi ou d'essayer d'avoir avec ma personne une relation complice. Elle ne me comprend pas, je suis comme un extraterrestre depuis quelques années, comme souvent avec se qu'elle ne conçoit pas, elle me rejette. Comme une adolescente digne de ce nom, je teste les limites, fait des erreurs, le rôle d'un parent serait de me punir ou même simplement de me donner son intention. Éléonore Boetta, elle, part en vacances avec son patron au moindre écart. Alors je reste, moi, seule dans notre appartement une bouteille de whisky à la main, un roman dans l'autre dans ma bulle enfumée.

Merci Maman.

Happy Sad GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant