Chapitre 5: Les Contes De Fées N'Existent Pas

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Point de vue de William

Quelque part au sud de la Forêt Claire-Obscure...

Le lendemain matin...


  Des rires gras et graveleux résonnèrent à l'extérieur de ma tente, me réveillant en sursaut et me plongeant du même coup dans une humeur massacrante. M'arrachant à la chaleur du lit à baldaquin rudimentaire que nous avions vite fait installé la veille au soir, je tirai les tentures qui m'obstruaient la vue et me cachaient des regards indiscrets de mes hommes. Je pus par ailleurs apercevoir ceux-ci par l'ouverture de mes campements de fortune. A la mention desdits campements si peu confortables, je grognai, devant avouer que j'avais passé une nuit terrible, entre grattements occasionnels - dus au démangeaisons provoquées par le tissu rêche des draps - et cauchemars où je voyais ma sœur m'être arrachée par un quelconque bellâtre qui l'aurait séduite en route... Autant dire que mon sommeil avait été particulièrement agité. Raison pour laquelle être dérangé de si bon matin ne m'agréait guère.

  Repoussant l'édredon brodé portant les armoiries de notre famille, je me penchai pour récupérer mes vêtements, jetés au sol à mon entrée hier soir, et me dépêchai d'enfiler mon ample chemise noire en lin, mes braies en cuir brun et mes bottes. Une fois apprêté, je me ceinturai de mon baudrier, et, sifflant pour attirer l'intention d'un jeune palefrenier qui avait été choisi pour me suivre dans ma quête, lui fit signe de m'aider à revêtir mes pièces d'armure. Dans son enthousiasme et sa hâte de me servir, il manqua de chuter sur les coussins que j'avais préalablement retirés du lit la veille. Balbutiant et rougissant, il s'excusa et se dépêcha de fixer mon armure au moyen des lanières prévues à cet effet, les mains tremblantes d'appréhension à l'idée de me décevoir. Légèrement agacé par le tintement continuel des morceaux de métal qu'il semblait ne pas arriver à fixer ensemble, je claquai sa main et le repoussai loin de moi, vociférant des insultes dans ma barbe. Jetant un œil dans le miroir, je vérifiai chaque détail de ma tenue, veillant à ce que celle-ci soit irréprochable et tentant d'ignorer les halètements craintifs de ce valet parasite.

  Néanmoins, au bout de quelques minutes passées à mettre en place mes coudières sous le regard d'hibou effrayé de ce gamin, je finis par m'impatienter et le congédiai en un vague signe de main méprisant. Humilié par mon manque de considération et mon indifférence froide et condescendante, l'imbécile de palefrenier quitta la tente rapidement, incapable de retenir plus longtemps ses larmes. Quelle plaie! Cette contrée n'était-elle peuplée que de crétins inutiles, lâches et faibles? Si une chose était sûre, c'était que mon futur règne arrangerait bien les choses. Car sous ma surveillance, aucune faute ou échec ne seraient pardonnés.

  La grandeur naît de la perfection et du travail rigoureux.

  Pas de la paresse et de la mollesse.

  Enfilant mes gantelets de cuir, je me saisis de mon épée et la glissai dans sa gaine protectrice. Soufflant un bon coup, je marchai vers l'entrée et soulevai le lourd tissu qui l'oblitérait en partie, clignant des yeux sous l'afflux de lumière. M'avançant jusqu'à l'endroit où les hommes de l'expédition avaient mis une volaille à cuire au-dessus du feu, j'ignorai leurs révérences mielleuses et leurs saluts affectés pour me saisir d'un morceau assez important de viande, n'hésitant pas à bousculer un gros lourdaud qui ne semblait pouvoir détacher son regard de la chair grésillante et dorée qui embaumait un parfum exquis. Il s'apprêtait à me jeter à la figure des insultes lorsqu'il réalisa soudain que j'étais son Prince. Bafouillant des excuses pitoyables qui jaillirent de sa bouche comme une cascade ininterrompue de stupidités, il se recula et baissa la tête. N'étant pas idiot, je compris qu'il n'en pensait pas un mot et que, comme la plupart des hommes du peuple, il mourrait d'envie de me poignarder en plein cœur et de me voir me vider de mon sang sous ses yeux. Esquissant un sourire hostile et méprisant qui retroussa mes lèvres sur mes dents, je le toisai de mes intimidants yeux bleus. Il inclina encore plus la tête mais je pus saisir l'éclat de haine dans ses prunelles torves avant que celles-ci ne disparaissent de ma vue, cachées par sa chevelure hirsute et sale. Il s'éloigna néanmoins rapidement, partant rejoindre un groupe d'individus qui, au vu de leur allure générale, étaient déjà ivres de bon matin. Pitoyable!

The Ravennes | Harry Styles VFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant