Je n'ai jamais su te dire la vérité. Ni à toi ni à personne. Elle était trop dure à entendre pour quiconque. Parce-que la vérité c'est qu'il n'y a aucune raison. Je suis telle que je suis, c'est ma nature. Aucune raison valable ni quoi que ce soit. Aucune solution. Certains pensent que ce n'est qu'un masque, d'autres que ce n'est qu'un visage. Je peux te dire que ce n'est rien de cela. Ce n'est que mon âme qui se déchaîne dans ce monde atroce. Tu voudrais te convaincre que j'ai tort, tu voudrais que j'ai tort. Seulement les preuves sont irréfutables, elles sont accablantes et sans retour. Je te souris d'un air innocent, tu penses que cela montre ma bonne humeur, ma joie de vivre. Mais ce sourire cache la haine qui me prend quand je croise ton regard. Une haine qui me conduirait à l'irréparable. Tu voudrais le savoir? Tu n'accepterais pas d'entendre la vérité. Cette réalité te serait insoutenable. Sur ton visage je verrais ton désarroi et ton incrédulité. J'aimerais pouvoir te rassurer, te dire que ce n'est qu'une farce. Tu n'entends pas ? Tu n'entends pas ces hurlements incessants au fond de mon être ? Ton cœur est encore pur, bon et gai. Il n'est pas malhonnête, ni brisé ni mutilé. Pourquoi accordes-tu tant d'importance au fait de me ramener ici ? Pourquoi penses-tu que ça a une quelconque importance ? Jamais tu ne pourras. Je suis perdue entre ces deux mondes, entre la vie et la mort. Je vis pour mourir. Tu t'accroches à moi, comme si je pouvais te sauver, alors que je ne peux que t'enterrer. Je ne suis que noirceur, tu n'es que lumière. Tu es l'être fait de chair, je ne suis que l'ombre. Chaque jour, mes émotions disparaissent un peu plus. Chaque jour me pensées deviennent plus sombre. Je t'entraînerais dans ces eaux profondes. Ta confiance en moi te convaincras de venir. Je t'adresserais mon plus beau sourire. Tu me regarderas et me prendras dans tes bras. Nous parlerons pendant des heures comme autrefois, quand nos cœurs battez encore ensemble. Je te laisserais croire que tu es la seule personne à qui j'accorde de l'importance. La seule que j'aime.
Ensuite je te prendrais la vie. Je regarderais tes yeux se vider de cette lumière, la lumière de la vie.
Je jetterais ton corps dans la rivière. Sans me retourner, je partirais sans aucun scrupule en n'oubliant pas que ton sang coule dans cette rivière ainsi que sur mes mains.