VIII. Luxuria

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Je te ferai reine
Ma belle et douce mortelle
De ce royaume en flammes
Où l'on jette les âmes.

Je te ferai reine
Ma tendre et éternelle
Je placerai une couronne sur ta tête
Symbole de mon cœur dont tu as fait la conquête.

Tu seras reine
Mon envoutante sirène
Que ta voix sonne et résonne
Que les plus sages par ta main s'abandonnent

Que ta fougue les guide
Reine splendide
Au visage de soie
Demeure leur seule foi.

Sois leur reine
Sereine et non vaine
Dans ce palais maudit

Prends ce trône qui est le tien
D'argent, d'or et de rubis
Désormais tout cela t'appartient.



Témima s'agenouilla, les mains jointes, la tête légèrement baissée. Un voile noir cachait ses cheveux sombres et longs. Quelques mèches s'échappaient cependant du dessous de l'étoffe. Elle portait une robe noire à bretelles sous laquelle apparaissait un habit blanc. Une courte chaîne en argent ornait son cou, la sainte croix étincelait sous la lumière des vitraux. La jeune fille leva les yeux. Sœur Abbygaelle la regardait avec sévérité, les sourcils froncés et la bouche pincée.

- Allons, allons. Il est temps de prier, mon enfant !

Témima baissa la tête aussitôt. Elle se mordit les lèvres, fermant les yeux.

                                    * * *

Le groupe de jeunes novices se trouvait dans la salle d'étude. Toutes se tenaient droites, les yeux baissés, les bras le long du corps et les mains jointes sur le devant.

- Votre foi sera sans cesse mise à l'épreuve. Vous vous rendez vite compte si vous êtes faites pour devenir de bonnes religieuses, ou au contraire, si vous êtes destinées à n'être que des pécheresses, sans espoir de salut. C'est pour cela qu'il vous faut évitez toute distraction futile, afin de ne pas être tentées.

- Par qui ? demanda maladroitement Témima.

Sœur Louise tourna vivement la tête.

- Je vous demande pardon ?

Il eut un moment de silence. Le groupe s'agita. Il y eut des chuchotements. La religieuse à la gauche de sœur Louise demanda le calme sur un ton autoritaire.

- Vous avez dit que l'on pouvait être tentée, reprit la jeune novice, timidement. Par qui ?

Sœur Louise la fusilla du regard.

- Dois-je vous rappelez que les novices ne posent pas de question ? Vous êtes ici pour apprendre notre discipline !

Témima rougit, humecta ses lèvres. Elle s'attendait à être de corvée pour le souper. Sœur Louise sembla s'apaiser, et repris d'une voix plus calme :

- Mais voyons, ma chère enfant, de notre ennemi à tous, qui plus est de notre Seigneur : Lucifer, Satan, Belzébuth, le Tentateur. Il n'est que perversion, vice et sauvagerie. Il mange les âmes. Ne succombez pas.

Ou vous serez damnées.






Le soir venu, l'heure du couvre-feu approchait. Les novices se mirent en route vers leur chambre respective. Témima s'apprêtait à gravir les marches des escaliers, lorsque sœur Louise surgit de l'ombre. Témima sursauta.

- Vous m'avez fait peur, ma sœur.

- J'ai eu un entretien avec sœur Abbygaelle. Elle vous trouve dissipée, ces-jours-ci. J'espère que votre volonté de rester dans notre établissement n'a pas faiblie et qu'il ne s'agit que d'un étourdissement passager.

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