III. Bestia

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L'homme se redressa, bougonna ce qui ressemblait à un remerciement entre ses dents et donna ce qu'il lui devait. Elle avait ce qu'elle voulait et ne prit même pas la peine de vérifier si le compte y était. Elle rajusta le col de sa tenue légère et tourna les talons en direction de la bouche du métro. Les couloirs étaient remplis d'ivrognes, de clochards ou de gens ordinaires aux visages mornes. On se croirait parfois dans un tableau de Munch. Elle regardait droit devant elle, la démarche toute aussi assurée, sa tunique nacrée laissant entrevoir les formes de son corps. Elle avait l'habitude des sifflements, des interpellations ou encore des mots obsènes. Mais cela ne l'affectait que très peu, voir même pas du tout. Des pauvres types. Même leurs propres femmes avaient dû les rejetter parce qu'ils étaient trop patétiques à leurs yeux. Alors imaginez... Il n'y a rien de pire qu'un homme frustré. Ils méprisent ce qu'ils ne peuvent avoir. Elle sourit à cette idée. Elle était tellement focalisée sur le chemin à empreinter qu'elle ne vit pas l'immense forme sombre dans son dos. Sale pute. Voilà ce qu'elle entendait souvant. Elle s'étonnait constamment de l'impacte qu'avait cette appellation sur son moral. Cela faisait pourtant si longtemps. Les gens n'aiment pas ce qu'ils ne comprennent pas. Ils jugent sans connaître. Plus facile d'écarter les cuisses que de trouver un vrai travail ! Croyez-le ou non : tout est plus facile. Mais avait-elle eu réellement le choix ? On a toujours le choix. Vraiment ? Elle ne se souvenait pourtant pas d'en avoir eu ce jour-là. Elle quitta l'artère principale pour se retrouver dans um couloir plus étroit et moins fréquenté. Elle savait où trouver de potentiels clients. A l'abris des regards. Ils aiment la discrétion. Le vice n'est jamais beau à voir. Elle sentit une présence derrière elle. Une menace. Elle tourna légerement la tête. Une forme noire avançait dans le couloir, juste derrière elle. Elle se retourna complètement. Le type devait faire un bon mètre 80, si ce n'est plus. Un long manteau noir, ciré, lui tombait jusque sur les chevilles. Il accéléra le pas, fonçant droit sur elle. Le système d'alarme s'enclancha dans sa tête. Cours idiote, il te veut du mal. Veux-tu mourir ? Ce n'était pas la première fois que l'on s'en prenait à elle. Et ce ne serait pas la dernière non plus. Lorsqu'on est indépendante, on fait des jaloux. Elle commença à courir. Elle baissa les yeux. Merde mes talons... ! Trop tard. Si elle s'arrêtait, elle perdrait la maigre avance qu'elle avait sur lui. Elle accéléra. Il la suivit dans sa course. Elle tourna sur sa droite, s'isolant encore plus de la foule. Une des sortie n'était plus qu'à quelques mètres. Elle s'arrêta net. La route était barrée pour cause de traveaux. Depuis quand... ?! Elle jura, revint sur ses pas et bifurqua cette fois-ci à gauche. L'autre fit irruption dans son dos. Beaucoup trop près. Son coeur fit un bon dans sa poitrine. Son sang se glaça. Elle sentit sa main aggriper son poignet. Il la tira en arrière et entoura sa taille de son bras libre. Elle tenta de se débattre, en vain. Il était beaucoup plus fort. Elle aperçut des bados au bout du couloir et se mit à crier. Quelques têtes se tournèrent, étonnées, d'autres firent semblant de ne pas entendre ses cris désespérés. De ne rien voir. Il plaqua sa main sur sa bouche, la souleva du sol et l'emmena avec lui. A quoi est-ce que vous vous attendiez ? A une aide extérieure ? Ce n'est qu'une prostituée, elle l'a bien cherché ! Ça me fait penser à cette jeune fille qu'on a violée sur le trottoire, soit disant parce que sa jupe était trop courte. Les gens ont assisté à la scène mais n'ont pas bougé le petit doigt pour la secourir. Ils se sont rendu complice d'un crime odieux. 16 ans et une vie gachée... Bon bagage pour débuter son existence. Est-ce ce qu'il va m'arriver ? Est-ce qu'il va me... Ils quittèrent les couloirs du métro pour se retrouver au dehors. Les rues étaient désertes. Pas un chat. Mais où sont-ils tous passés ?! Son coeur battait si fort qu'elle crut un instant qu'il allait sortir de sa cage toracique, comme un oiseau sorti de sa cage. Ou un diable sorti de sa boîte. Tout se mélangeait dans son esprit, amas de fils indémellables. L'air lui manquait. Elle sentait son étrainte autour de sa taille, sa puissante main toujours plaquée sur ses lèvres. Elle manqua s'évanouir de stupeur. Ses paupières papillonnaient devant ses yeux, étrangement lourdes. Elle ferma les yeux. Son corps se détendit. Elle scessa de lutter. Lorsqu'elle réouvrit les yeux, ils se trouvaient dans ce qui ressemblait à l'enceinte d'un bâtiment délabré, et sans doute abandonné depuis un certain moment. Ils pénétrèrent dans le hall. L'intérieur était aussi sombre que l'extérieur. Il avait hôté sa main de sa bouche. Personne ne l'entendrait ici. Elle le savait aussi bien que lui. Elle relâcha sa tête en arrière, histoire d'apercevoir le visage de son agresseur. Il faisait trop sombre. Pourtant, elle sentait le poid de son regard sur elle. Son corps musculeux contre le sien. Elle frissonna. Après avoir franchit la dernière marche de l'escalier, il ouvrit une porte sur sa gauche. Sans ménagement. La porte claqua contre la paroie avec un bruit sourd. L'obscurité de la pièce les avala tous les deux. La porte se referma sur le même ton sinistre. Il la jetta sur ce qui semblait être un canapé. Elle attérit sur le ventre, se retournant aussitôt pour lui faire face. Il avait enlevé son manteau noir et se dressait de toute sa hauteur. Il se pencha en avant et la saisit par les chevilles. Elle se débattit énergiquement pendant qu'il l'attirait à lui. Elle réussit à poser un pied sur sa pointrine, à l'emplacement de son coeur, et poussa de toute ses forces. Le coup fut puissant malgré le manque de recul. Il lâcha prise. Elle se redressa et se précipita vers la porte. Elle tira la poignée. Bloquée. Elle la poussa. Fermée aussi. Une porte qui s'ouvre uniquement de l'ext... Elle le sentit dans son dos. Il passa ses bras autour d'elle. Sans violence. Elle sentit son souffle sur sa nuque. Son odeur sur elle. Il sentait étrangement bon. Muscé. Il pencha la tête sur le côté et approcha sa bouche de son cou. Elle tenta de se dégager unr nouvelle fois, mais il la tenait fermement contre lui. Elle leva les bras et le griffa dans le dos et sur le nuque. Elle sentit ses dents sur son cou. Sa machoire se referma sur la chair lisse et tendre. Sans violence. Elle se figea. Si tu aimes ce genre de jeu, il fallait le dire tout de suite, mon grand. Je fais... Sa main descendit le long de son dos, pour s'arrêter sur ses fesses. Elle sursauta. Elle retint son souffle. C'est elle qu'il voulait. Depuis le début. Il referma son autre main sur sa nuque. Toujours sans violence. Il la désabilla. La tunique nacrée tomba délicatement sur le sol. Bruit de voile. Elle ne bougeait pas. Il se baissa, caressa la divine courbe et saisit la fesse gauche à pleine main. Elle laissa échapper un petit cri de surprise. Il sourit de toutes ses dents. Il arracha son string d'un coup sec, avant d'embrasser le bas de ses reins. Il se redressa. Elle sentit son sexe durcit contre sa peau. Ça y est, nous y voilà... Elle finit par se retourner. Face à lui. Les yeux d'un chat persan la fixait avec attention. L'instinct animal. La curiosité mélangée au désir. Un soupçon d'hésitation dans l'envie de l'assouvir. Elle posa sa main sur son pubis, comme pour lui dire d'attendre. Il prit son visage entre ses mains, lui caressa la joue, puis l'embrassa. Tiens, c'est nouveau ça ! Il la porta jusqu'au canapé. Une fois installée, il se mit au-dessus d'elle. Il la contempla ainsi pendant un long instant, les yeux brillants. Elle avait les bras repliés sur sa pointrine, les jambes légerement pliées et soutenait son regard. T'en as vu de toutes les couleurs dans ta vie, ma p'tite. C'est pas cette fois-ci qui va te faire peur... Il recula, écarta ses jambes, dévoilant anfin l'objet de ses désirs. Elle le laissa faire. Il embrassa son sexe et passa sa langue sur la chair rose. Elle émit un gémissement. Il leva la tête vers elle, puis continua avec plus d'ardeur. Elle finit par jouir. Il but sa mouille sans broncher. Il la mit ensuite sur le dos, claqua l'une de ses fesses avec un bruit sonore et mordit dans leurs chairs rebondies. Elle soupira. Il se mit sur les avants-bras, la surplombant. Elle sentit son sexe contre ses fesses. Elle le prit d'une main, le guidant jusque dans son antre. Il la pénétra. Délicatement. Sans préservatif ? Mais à quoi est-ce que tu penses ?! Il commença à faire des vas-et-viens en elle. De plus en plus vite, et de plus en plus fort. Elle enfonça ses ongles dans le tissu du canapé. Tu me fais mal ! Elle gémit. Il ralentit. Les mouvements ondulaient, se faisaient plus doux, plus intenses. Il se pencha sur elle. C'est exprès. Il était collé à elle à présent. Ils ne faisaient plus qu'un. Une danse à l'horizontale. Han, han... Il la mordilla dans le cou. Elle sentit sa main sur son clitoris. Je vais te faire hurler de plaisir. L'orgasme la submergea. Elle se cambra, ta tête en arrière. Splendide. Elle retomba sur le canapé, haletante. Il se retira, passa sa main le long de sa colonne. Elle se mit sur le dos. Gentillement. Elle rampa jusqu'à lui, se mit à sa hauteur. Encore. Il passa sa langue sur ses dents blanches. Motives-moi. Elle caressa son sexe, toujours en érection. Ses longs ongles lui firent de l'effet. Elle embrassa son gland, puis le prit en bouche. Elle le suça lentement, faisant de temps à autres des mouvements circulaires avec la langue. Ça vient... Elle continua. Le sperme entra dans sa bouche. Amer, salé. Elle l'avala. Elle se redressa. Il souriait. Il essuya d'un geste du pouce le sperme au coin de sa bouche. Elle lécha son doigt. Elle se coucha sur le dos, écartant les jambes. Viens. Il ne se fit pas prier. Il la pénétra à nouveau, les mains dans les siennes, bloquant ses bras au-dessus de sa tête. Elle referma ses jambes autour de sa taille. Il lui mordit le téton. Cries pour moi. Ils jouirent ensembles. Elle lui caressa les cheveux, sa tête sur son ventre. Si tu avais tant envie de moi, tu n'avait qu'à venir me demander, comme tous les autres. Il leva les yeux vers elle. Ça fait parti du jeu... Elle leva un sourcil. Il l'embrassa sur le front, plongeant son regard dans le sien. Et puis, je ne suis pas comme tous les autres.

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