J'ai pris la décision de quitter Haïti.
Pour aller où ? En France.
Je regarda dans ma bourse la quantité d'argent que j'avais. C'était dans cette bourse que je mettais tout l'argent que je voulais mettre de côté. En comptant, j'avais un équivalent de 3000 euros. Ce montant était assez pour préparer mon voyage.
Qu'est-ce qui me retenais en Haïti ?
Mes parents.Qu'est-ce que j'avais à perdre ?
Rien.
Qui ne tente rien n'a rien n'est-ce pas ?En allant dans l'hexagone je me disais que j'aurais pu m'intégrer, trouver un petit boulot et ainsi aider mes parents en leur envoyant des sous.
J'ai pris cette décision assez vite mais j'étais sûre que c'était la meilleure chose à faire.
Je me répétais que mon fils était auprès de son père, que je n'avais pas à m'en faire pour lui. Je me disais aussi qu'ainsi je pourrais aider mes parents financièrement.
De plus je n'avais aucune difficulté pour la langue française, ma scolarité entière c'était faite en français et avec les mêmes programmes que la France.Je n'avais aucune opposition, aucun obstacle pour ce voyage donc pourquoi pas y aller ?
Le lendemain, je suis allée me renseigner sur le prix du billet pour savoir à peu près combien je devais consacrer à cela.Puis j'ai appelé Jemima, ma sœur qui est en France, pour lui dire que je pensais venir en France pour m'y installer.
Je lui demanda également si c'était possible de passer quelque temps chez elle le temps que je puisse m'habituer au pays et que je puisse me débrouiller seule. C'était avec plaisir qu'elle accepta de m'accueillir.Ces deux choses faîtes, j'ai pris la décision d'en parler à Nessia. Elle et moi nous étions inséparables. Tellement nous l'étions, elle était venue s'installer chez moi quelques temps après le départ d'Isaac.
Le fait que nous soyons devenues adultes n'avait rien changé à notre complicité.
Pas de Shahila sans Nessia et pas de Nessia sans Shahila.
Notre différence d'âge n'a jamais été un problème, pour moi , ni pour elle d'ailleurs. Sachez que l'âge ne définit rien.
Pour en revenir à la nouvelle que je devais lui annoncer, je décida de l'emmener au bord de la mer.
C'était le seul endroit où nous pouvions nous reposer, nous sentir bien et être loin des commères et des macrelles.
En étant à la plage, je savais que personne ne nous aurait entendu.
Lorsque nous sommes arrivées, je n'ai pas perdu de temps et je lui ai parlé de mon projet.
Je ne suis pas du genre à passer par quatre chemins.Je lui dis : « j'ai décidé d'aller rejoindre Jemima en France. Je compte partir dans très peu de temps, il me manque seulement le billet. »
Je pouvais lire dans ses yeux de la tristesse. Ses yeux ce sont rapidement imbibés d'eau.
Elle me répondit : « Tu vas donc nous quitter les parents et moi... je ne peux pas te retenir, c'est ta décision, je te soutiendrai toujours et malgré tout mais réfléchis bien avant de partir. Tu as déjà entendu les paroles de certaines personnes du quartier. Un grand nombre de personnes qui sont parties ont regrettés et toi-même tu l'as vu quelques personnes sont revenues. »
Après ces déclarations , je suis restée silencieuse.
Je savais que j'aurais dû bien réfléchir, ne pas agir avec impulsivité mais je ne pouvais pas connaître l'avenir. Je devais tester pour savoir. J'aurais eu beau tourner et retourner cela dans tous les sens je serai restée toujours au même point, je n'aurais pas trouvé de réponses à mes questions.
Dans la même journée, je l'ai également annoncé aux autres membres de ma famille. Ils m'ont tous soutenus mais il m'ont également prévenus.
Mon billet a été acheté en milieu de semaine.Le départ était prévu le mois suivant.
[ . . . ]
J'étais au cinéma en plein air organisé chaque semaine dans mon quartier.
Nessia et Prisca étaient à mes côtés.
Cet endroit était notre lieu de rendez-vous hebdomadaire à toutes les trois. Nous aimions bien nous retrouver ensemble et parler de tout et de rien.Lorsque le film se terminait, au alentours de 21h, tout le monde restait encore au même endroit. C'était le moment de saluer les personnes que nous ne voyons pas souvent, de papoter quelques instants etc. Il n'y avait quasiment que des jeunes.
Mon restaurant fermait plus tôt les jours où je vais au « cinéma ».Je parlais avec quelques connaissances lorsque je sentis un bras m'enlacer la taille. Prise de peur, je ne retourna et sauta d'un bond en arrière.
Je pouvais voir le sourire de la personne mais je ne distinguais pas correctement son visage.
En analysant, je vis le visage de Laurens, mon petit frère. Remplie d'enthousiasme, je le pris dans mes bras.Je lui dis : "Mais qu'est ce que tu fais ici ?"
Il répliqua : "je suis venu te voir avant ton départ. Je ne pouvais pas te laisser partir sans que t'avoir vu et serré dans mes bras."
- « si tu savais comment je suis heureuse de te voir. C'est une très belle surprise que tu viens de me faire là » lui dis-je avant de l'embrasser.
Les retrouvailles ont été riches en émotions.
Nessia et Prisca ont également été très surprises et contentes de le voir.
Seuls mes parents étaient au courant de sa venue.
Le lendemain, c'est entouré de toute la famille que Laurens a dû répondre à certaines questions.
Après avoir passé plus d'un an sans l'avoir vu nous avions beaucoup de choses à lui demander.
Mais moi j'avais une question bien particulière à lui poser.- " j'ai une belle-sœur ? " lui demandais-je avec un large sourire moqueur.
Il me lâcha un regard très noir.
J'ai eu la réponse à ma question.
Pas la peine de chercher plus loin.Qui ne dit mot consent n'est-ce pas ?
Ma mère voulut entendre la réponse de sa bouche.
Il ne pu se défiler bien longtemps, il avoua qu'il avait une « petite copine » d'après ses dires.
Mais pour moi, c'était bien plus que ça, j'en suis sur, je le sens.Une fois cette " interrogatoire " passée, nous sommes restés, Nessia, Laurens et moi, dans le jardin de la maison de nos parents.
Nous voulions profiter de chaque moment ensemble car , Laurens et moi allions bientôt partir.
Lui retournerait en République Dominicaine pour continuer ses études et moi je partirais à la recherche d'un nouveau départ.
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Amer est mon cœur.
RomanceJ'ai vu partir mon fils loin de moi, je suis arrivée dans un lieu qui m'était totalement inconnu et j'ai connu la vraie souffrance. J'ai fermé les yeux sur beaucoup de choses, j'ai laissé passer plus d'une opportunité devant moi et j'ai été partagé...